Le dernier Bulletin de Saint François de Sales, bulletin de l’Oeuvre de Saint François de Sales, vient de paraître.
Au sommaire notamment : ‘La messe vue du ciel’ (4ème partie) de l’abbé Christophe Héry (Extrait ci-dessous).
Faiblesse des théories liturgiques du « Mystère pascal »
La conception de la messe apparue sous ce nom dans les années 1960 fut dès lors facilement admise dans l’Église. Or sous une apparence incontestable et fondée, cette théorie nouvelle du Mystère pascal, mise en application dans le rite réformé, opère un déplacement, voire un abaissement de l’horizon liturgique de la messe : aux Mystères traditionnels que rend présents l’Eucharistie selon les anamnèses du rite romain traditionnel – Passion, Résurrection, et Ascension – cette théorie nouvelle substitue la trilogie des Jours Saints : Cène, Passion, Résurrection.
Cette représentation nouvelle juge que la messe fait mémoire du repas de la Cène (ce qui pose la question d’un contre-sens, nous l’avons vu), sans omettre la Passion ni la Résurrection du Christ, mais en estompant la montée glorieuse au ciel du Seigneur. Comme chez Luther et Zwingli, l’idée de l’autel-table-de-repas met en avant la Cène, mais omet l’accent traditionnel mis sur le terme du sacrifice pour la rémission des péchés qui est le Ciel : ni l’Ascension, ni la Session du Christ en gloire ne sont incluses dans cette représentation de la messe comme célébration du « Mystère pascal ». La liturgie céleste en est presque absente, au profit de la célébration terrestre du peuple de Dieu.
À diverses reprises, le Christ avait annoncé sa Passion aux apôtres, et sa Résurrection, sans qu’ils le comprennent, C’était en lien avec sa gloire céleste et son retour auprès du Père : « Voici l’heure où le Fils de l’homme va être glorifié ». Précisément lors de la Cène, lorsqu’il institue le sacerdoce et la messe, Jésus dévoile le sens de cette heure : « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout, il prit du pain etc. ». De même dans la prière sacerdotale qui suit la Cène : « je suis venu du Père et suis entré dans le monde ; maintenant je quitte le monde et je retourne vers le Père ». »
En ce soir du Jeudi saint, par cette annonce de son retour au Père (en son Ascension), le Christ manifeste à ses disciples l’accomplissement du mystère de l’Agneau immolé qui joint la croix au ciel, la Passion à la gloire éternelle, Les théologies du mystère pascal de l’époque conciliaire ont malheureusement dissocié la messe de la liturgie sacrificielle du ciel et du festin des noces éternelles de l’Agneau, révélés dans l’Apocalypse. Des théologiens traditionalistes ont pris leur contre-pied, en glissant vers une incohérence presque symétrique : voulant corriger la thèse nouvelle, ils ont omis de relier la messe aux célestes mystères glorieux, la confinant à la mort de Jésus en croix, à la Passion qui serait, selon eux, le seul mystère dont la messe fait mémoire, et cause de notre salut. Ce qui va contre l’enseignement de saint Thomas et contre les anamnèses du Missel grégorien, nous l’avons vu.
Vue du ciel, la Messe nous rend en effet contemporains, bien évidemment de sa Passion, de sa Résurrection, mais encore de l’éternité glorieuse du Christ. Les Saints Mystères désignant le corps et le sang du Seigneur offerts au Père, sous les espèces du pain et du vin, associent l’Église visible à l’invisible liturgie céleste, à la louange de gloire et au sacrifice pour les péchés, offerts sur « l’Autel sublime » de la « divine Majesté », comme l’exprime avec tant de beauté, à nouveau, l’antique Canon grégorien.
Oeuvre de Saint François de Sales – 21 rue du Cherche Midi – 75006 Paris
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