L’évêque de Cayenne, en Guyane, Mgr Alain Ransay, chargé d’apurer les écuries d’augias laissées par Mgr Lafont son prédécesseur s’explique au sujet du départ des Oblats de Marie Immaculée.
Son prédécesseur, pour rappel, s’est vu interdit de toute activité pastorale après une enquête du Vatican le concernant.
Mgr Ransay reconnaît qu’il a été prévenu de la difficulté de sa mission : “Dès le moment de ma nomination comme évêque de Guyane, presque tout le monde m’avait prévenu que ce serait une mission très difficile. Cela m’avait un peu effrayé… C’est, sans doute, la raison pour laquelle, j’ai reçu dans la prière ma devise : « Ne crains pas, crois seulement ». Fort de cette parole, j’ai dit « Oui ! ». Et je ne le regrette aucunement aujourd’hui”.
Il y a t’il une culture de l’impunité pour les auteurs d’abus au sein des OMI ?
Il explique la situation sur les oblats de Marie Immaculée :
“Ce n’est pas le départ des OMI qui était urgent, mais d’un OMI. Il s’agit d’un prêtre qui a été réduit à l’état laïc parce qu’il avait agressé sexuellement un jeune garçon âgé de 12 ans à l’époque des faits. En 2016, il a été condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Il résidait toujours à la maison des OMI y conservant des contacts avec les fidèles de façon très ambigüe, et jusqu’à, il y a quelques semaines, il s’y trouvait encore. J’ai demandé son départ dès le mois où j’ai pris ma charge, soit en février 2022. A la fin de ce même mois de février 2022, son supérieur Provincial l’a rappelé, mais il est resté dans la Maison de sa Congrégation à Montjoly.
[…] Vous comprenez aisément que je ne pouvais pas accorder une caution d’Église à quelqu’un qui est fiché comme délinquant sexuel. En le maintenant dans une structure religieuse, j’aurais laissé s’installer une situation ambigüe dont l’individu aurait pu profiter. Cela n’était pas tolérable…”.
Au sujet d’un document qui a circulé où il dénonçait certaines situations, il précise : “Puisque cela a été divulgué, je peux au moins vous indiquer qu’à Rome, afin d’amorcer au mieux un dialogue sur des sujets délicats, j’ai parlé, confidentiellement, seul à seul, à un cadre OMI de niveau mondial en anglais. Le moins que je puisse dire c’est ma démarche en vue d’une résolution pacifique des problèmes a été trahie, mes propos confidentiels ont été déformés, traduits en français, et répandus sur les réseaux sociaux. Je n’ai jamais endossé ni signé ces propos et les personnes qui les ont diffusées en sont les seuls responsables”.
Ces faits jettent un autre jour sur le refus d’un autre auteur d’abus sur mineurs issu de la congrégation, le père Johannes Rivoire, actuellement en France, d’aller au Canada pour y être jugé et assumer ses actes aux dépens des Inuits.
Cette même congrégation a eu un autre auteur d’abus de masse – 22 victimes mineures inuits entre 1978 et 1982 qui a fui vers la Belgique, a fini par en être expulsé et purge actuellement une peine de 19 ans de prison pour ses actes.
Le diocèse sur la voie de la rédemption… financière
Il est aussi revenu sur la situation financière – compliquée – de l’Eglise depuis que son prédécesseur a refusé les secours de la collectivité pourtant permis par la situation juridique particulière de la Guyane, la France étant une fédération qui s’ignore :
“Les choses se sont beaucoup améliorées car nous avons baissé drastiquement nos dépenses -c’est clair pour les charges de personnel. Par ailleurs, nous avons essayé avec des résultats très encourageants dans quatre paroisses pilotes à doper le denier du culte. Cela nous a permis de stopper quelque peu la liquidation de nos biens. Nous restons un diocèse endetté, mais, si nous parvenons à maintenir ce qui nous est dû, en raison de tout ce que l’Église a fait et fait encore pour le développement de ce territoire (je veux parler de la participation de la CTG (Collectivité Territoriale de Guyane), quoique bien réduite au regard de ce qui existait auparavant, nous pourrons envisager de sortir de ce mauvais pas et d’être à l’avenir en mesure d’investir dans des réparations et des constructions”.
Deux prêtres et un diacre en vue du sacerdoce ordonnés en un an
Enfin il fait le point sur les ordinations et les vocations :
“Le 8 juillet 2023, j’ai eu la joie d’ordonner prêtre Ludovic ZÉRO et diacre en vue du sacerdoce Givenchy LAURENT son frère adoptif. Par ailleurs, j’avais déjà ordonné prêtre un veuf, le 16 avril dernier.
Du courage monseigneur. Que le seigneur vous accompagne dans votre mission