L’Institut universitaire saint Pie X s’est penché sur la question de la guerre moderne dans sa dernière publication, Vu de Haut (numéro 28).
Voici une présentation par l’abbé François Chautard (FSSPX) de cette étude qui rassemble plusieurs contributions:
Alors qu’on la pensait domestiquée par le droit international, reléguée dans des pays lointains et contenue dans des proportions limitées, la guerre demeure une réalité incontournable.
Cependant, si l’on retrouve dans les conflits contemporains nombre de traits communs aux combats anciens, l’idéologie pacifiste, la promotion jusqu’au-boutiste des Droits de l’homme, les unions internationales et les accords commerciaux en ont notablement modifié le visage.
Quel regard porter en conséquence sur la guerre, et la guerre moderne en particulier ? Les réflexions sur la guerre juste sont-elles encore adaptées ? La morale serait-elle définitivement disqualifiée ?
Ce numéro de Vu de haut s’efforce de porter un regard pluridisciplinaire, réaliste et chrétien, sur cette évolution et les nouvelles dimensions de la guerre, sa moralité et celle des armes employées, sa finalité, son empreinte enfin qu’elle laisse dans la société, la littérature et l’art.
Puisse cet ouvrage faire ressortir que seule une attitude authentiquement chrétienne permet d’éviter, du moins de contenir les malheurs de la guerre et de procurer les conditions propices à une juste paix.
Tant mieux si le monde catholique se remet à réflechir. On ne va pas bouder son plaisir ni décourager Billancourt. Ce sera très certainement un très bon premier volume. Au-delà du recyclage des cours de thomisme et des acquis de l’expérience française de contre-insurrection en Indochine et en Algérie, on conseillera pour ceux qui veulent aller plus loin :
– “la guerre hors limite” (1997) : deux colonels de l’armée chinoise expliquaient ce que serait la prochaine guerre entre puissances. Nous y sommes, depuis 2014.
– de se renseigner sur les nouvelles formes de conflictualités : l’usage des drones pose des problèmes moraux constatés via le nombre surprenamment élevé de dépressions graves chez des opérateurs pourtant distants du champs de bataille. Creuser le 5e commandement, dont certains traducteurs ont soutenu qu’il ne stipulait pas “tu ne tueras pas”, mais “tu n’assassineras pas”. La nuance est de taille.
– de se renseigner sur la guerre biologique
– de se renseigner sur les nouvelles formes de guerre psychologique (la culture woke en est une illustration parfaite, et le neuromarketing ouvre des perspectives ébouriffantes)
– de se renseigner sur la disparition de la notion même de guerre, ou des rapprochements entre guerre économique et guerre tout court.
Et il y aurait encore tant à dire. Bon, on peut commencer par le début et parcourir ce volume. On attend le tome 2 sur le sujet (et le tome 3) avec curiosité et intérêt.
PS : sur la notion de paix, il serait bon de rappeler :
– en théologie : les travaux sur l’eucharistie de William Cavanaugh, et les textes récents du magistère comme Sacramentum Caritatis
– en histoire : la paix promise par le Sacré-Coeur (de Paray 1689 jusqu’aux apparitions de 1917), si l’on veut comprendre comment nous sommes arrivés là, et comment nous pourrons nous en sortir.