L’évêque de Nevers explique pourquoi il renonce et retourne à Lyon où il a déjà été auxiliaire :
Chers frères et sœurs du diocèse de Nevers,
Comme vous venez de l’apprendre, j’ai pris la décision, au terme des six mois de recul et de discernement que j’avais demandés au pape François, de remettre ma charge d’évêque de Nevers et de retourner dans le diocèse de Lyon. J’ai donc été nommé évêque auxiliaire de Lyon, où je continuerai à servir l’Eglise mais de façon différente. En effet, au-delà des difficultés rencontrées dans cette responsabilité, il m’est apparu, après bientôt douze ans passés parmi vous, que le diocèse avait besoin d’un nouveau pasteur pour le conduire à la suite du Christ ; et après vingt ans d’épiscopat, j’aspire à un ministère moins lourd et moins exposé. Mais je garde toujours vif l’appel à servir le Christ comme pasteur dans son Eglise, pour annoncer, célébrer et servir son amour sauveur.
J’ai connu beaucoup de joies dans le diocèse de Nevers, à travers les multiples rencontres que j’ai pu faire durant toutes ces années, qu’il s’agisse de personnes engagées, pratiquantes ou ayant pris de la distance avec l’Eglise. J’ai apprécié les visites pastorales, qui m’ont permis de connaître de façon plus approfondie la vie de vos communautés paroissiales et leur environnement humain. J’ai constaté votre capacité à vous adapter aux changements, notamment lors de la réforme des paroisses, et il y a parmi vous bien des personnes désireuses d’un vrai élan missionnaire et plus encore d’un vrai enracinement spirituel et d’un vrai témoignage évangélique de la part de notre Eglise. Il existe aussi une part plus sombre de la vie de nos communautés telle que le repli sur soi ou la recherche de petits pouvoirs, mais cela est vrai à tous les niveaux de notre Eglise et de notre société, et c’est une conversion permanente à faire.
Je suis heureux aussi de la collaboration et du lien fraternel qui ont pu se développer avec les prêtres, les diacres et les laïcs en responsabilité. Trois prêtres sont récemment partis vers le Père, d’autres éprouvent la faiblesse de l’âge et la maladie. De manière générale les forces vives diminuent, il est difficile de trouver des personnes pour prendre la relève de celles qui partent, mais je salue le fort engagement de beaucoup d’entre vous. Nos deux séminaristes sont une consolation et un signe d’espérance, mais leur présence nous invite à demander au Seigneur bien d’autres jeunes ouvriers pour sa moisson.
Les pauvretés de notre Eglise sont un appel à accueillir ce que le Seigneur lui-même veut nous donner, lui qui « de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (2 Corinthiens 8,9). Notre pauvreté est donc à reconnaître comme une grâce, comme en témoigne saint Paul à qui Jésus dit : « Ma puissance donne sa mesure dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12,9). La pauvreté n’est pas d’abord une condition matérielle, elle est une attitude spirituelle (cf. Matthieu 5,3).
Je vous quitte avec le sentiment de ne pas avoir fait tout ce que j’aurais dû faire, et d’avoir commis des erreurs. Mon départ, qui succède à six mois d’absence, laisse le diocèse dans une situation de longue attente. Mais je sais gré à votre administrateur, Mgr Rivière, d’avoir pris à cœur sa mission et de veiller à ce que le diocèse poursuive sa route aussi bien que possible. Je vous invite d’ores et déjà à prier pour votre prochain évêque et à faire confiance au Seigneur qui conduit son Eglise.
Pour ma part je ne vous oublierai pas et je continuerai à vous confier au Seigneur et à la Vierge Marie, notre Mère, à qui le diocèse de Nevers a été consacré. J’invite les membres du Monastère invisible à demeurer dans une prière fidèle pour le diocèse et j’adresse tous mes encouragements aux communautés religieuses qui assurent selon leur vocation une présence de prière et d’amour, pauvrement mais fidèlement.
Avant mon départ, je célèbrerai une messe d’action de grâces en l’église Saint-Joseph des Montots, le vendredi 7 juillet à 18 heures, suivie d’un temps convivial à la Maison du Diocèse.
Que la Vierge Marie et la petite Bernadette nous portent tous dans leur prière, et que le Seigneur bénisse chacun d’entre vous.
+ Thierry Brac de la Perrière
Nevers, le 26 juin 2023