Dans le dernier numéro de l’Appel de Chartres (n°269 / Avril), Jean de Tauriers, président de l’association, adresse ses vifs remerciements à tous ceux qui ont permis l’immense succès de ce pèlerinage… dont toutes les grâces ne sont connues que du Bon Dieu.
Chers pèlerins,
Nous nous étions quittés l’an dernier après un pèlerinage mémorable. Sous les intempéries, nos chapitres avaient montré une résistance exceptionnelle et notre organisation avait fait des miracles avec l’aide du Bon Dieu.
Cette année, nous revenons juste de trois journées extraordinaires de pèlerinage : quels qualificatifs peut-on encore trouver ?
Le nombre historique de pèlerins nous avait obligés à fermer les inscriptions, une bonne semaine avant le samedi de Pentecôte. Du jamais vu ! L’intérêt médiatique a surpris tout le monde. Pourtant, il avait commencé à frémir en 2022 pour nos 40 ans (sans doute en raison des orages météorologiques et romains). Il a nettement grandi cette année avec comme principal étonnement un traitement aimable de la part de journalistes en général très critiques.
Rassurez-vous, chers amis, nous sommes des pèlerins rustiques, un tantinet rancuniers en plus. Nous saurons ne pas nous habituer au confort.
Le pèlerinage a été marqué par de nombreux événements. Signalons d’abord la venue des reliques de Saint Thomas que nous devons au père Philippe-Marie Margelidon, dominicain de la Province de Toulouse. Nous le remercions de tout cœur. Les pèlerins, vous tous, avaient fait lors de vos inscriptions un don financier en faveur du foyer médicalisé d’accueil de Saint Fulbert de Lèves, tout près de Chartres, géré par l’Ordre de Malte. Cette maison est spécialisée dans l’accueil et l’accompagnement des personnes adultes présentant des troubles du spectre autistique. Nous voulions que notre pèlerinage accomplisse comme doivent le faire les pénitents que nous sommes, un geste d’aumône au cœur du diocèse de Chartres avec l’Ordre de Malte qui nous accompagne depuis 30 ans sur le pèlerinage. Le Grand Commandeur de l’Ordre Souverain et Militaire de Malte, Fra Emmanuel Rousseau, nous a fait l’honneur de sa présence le lundi de Pentecôte lors d’une petite cérémonie. De nombreux chevaliers de l’Ordre ont pu venir, laissant pour certains quelques instants leurs responsabilités au pèlerinage. Comme notre chapitre Emmaüs rayonnant autour de la colonne de pèlerins traversant nos villes et villages, nous avons choisi avec cette opération ‘Saint Fulbert’, d’aller au-delà de notre route tracée vers la cathédrale pour faire déborder cette chrétienté que nous aspirons à incarner.
Vous savez sans doute que depuis sa création en 1983, le pèlerinage a toujours érigé des calvaires. Si vous regardez bien au parc Henri Sellier, à Choisel, à l’entrée du bivouac de Gas, mais aussi sur l’emplacement de l’ancienne église de Gas, vous verrez un calvaire, une croix rappelant que les pèlerins de chrétienté sont passés. Dans cet esprit, nous avons été très heureux d’ériger un Calvaire aux Courlis avec l’association SOS Calvaires, juste avant la messe du dimanche de Pentecôte.
En votre nom à tous, je remercie les célébrants de cette année : l’abbé Durodié curé de Saint Eugène-Sainte Cécile, l’abbé Dubrule supérieur des Missionnaires de la Miséricorde Divine, l’abbé Barrero supérieur de l’Institut du Bon Pasteur, le père Louis-Marie des Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu. Monseigneur Gullickson, ancien nonce apostolique, est venu tout spécialement du Dakota du Sud pour accueillir les pèlerins à Gas, assister au Salut du Saint Sacrement et célébrer la messe du lundi. Nous le remercions de tout cœur pour sa bonne humeur, sa disponibilité, ses conseils précieux et sa belle homélie du lundi de Pentecôte. Nous associons également à ces remerciements Monseigneur Christory, évêque de Chartres, pour son accueil chaleureux et sa présence au milieu de nos pèlerins. Je n’oublie pas dans ces remerciements Monseigneur Rougé qui nous a fait la joie de sa présence le samedi à Igny au départ des chapitres Pastoureaux, Familles et Enfants. Un immense merci également à tous les clercs présents sur le pèlerinage plus nombreux encore cette année ainsi que notre aumônier, l’abbé de Massia.
Notre pèlerinage est devenu avec les années, et tout spécialement en 2023, un des événements importants de l’Eglise en Europe. Le contexte difficile lié aux persécutions déclenchées contre le monde traditionaliste par le motu proprio Traditionis Custodes dans certains diocèses donne évidemment une signification toute particulière à la forte participation. Nos pèlerins de vingt ans ne sont pas tous des militants endurcis de la messe tridentine. Et pourtant comme le dit dans sa vidéo le célèbre père Paul-Adrien présent lundi : « Où était la jeunesse de France à la Pentecôte ? A Chartres bien sûr !»
Pourquoi cette jeunesse vient-elle dans un ‘pèlerinage-intégriste’ ? Comme chaque année, j’ai pu avoir de nombreuses discussions avec nos pèlerins sur le pèlerinage. Les derniers catholiques pratiquants sont fervents, exigeants, missionnaires. Ils ne veulent pas rester enfermés chez eux à se lamenter sur la société anti-chrétienne dans laquelle nous vivons et sur une hiérarchie ecclésiastique paralysée par la peur. Nos pèlerins viennent chercher cette liturgie tridentine et l’aiment pour son exigence, sa sacralité, sa catholicité. Nos pèlerins veulent, exigent même, un
enseignement doctrinal clair et pas un gloubi-boulga des ‘sixties’. Cela semble difficile à accepter par certains mais nos pèlerins veulent entendre parler de Dieu et pas du bilan carbone.
Comment être surpris que les pratiquants réguliers catholiques soient d’une tendance « conservatrice, très pratiquante et à rebours de la société » (comme le dit le sondage de La Croix du 26 mai 2023) ? La réponse est pourtant d’une simplicité évangélique, j’invite les sceptiques à venir à Chartres pour comprendre avec comme seule précaution : s’inscrire tôt.
A lire certains commentaires d’après pèlerinage, certains chroniqueurs, extrêmement bien informés et très intelligents comme il se doit, ne comprennent toujours pas les aspirations de nos pèlerins. Pourquoi un tel aveuglement ? Vous trouverez la réponse dans Charles Péguy « Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit » (Notre jeunesse, 1910). Ecouter nos pèlerins reviendrait à reconnaître les erreurs passées, la crise doctrinale qui ravage l’Eglise et ce constat fait très mal. Rassurez-vous chers pèlerins, nous savons bien quelle est notre place dans l’Eglise. La réforme de l’Eglise commencera par notre conversion individuelle, nous y travaillons sur les routes de Chartres !
Nous nous réjouissons que notre pèlerinage soit devenu avec les années un ‘centre de formation catéchétique accéléré pour chrétiens abandonnés’.
Les barrières tradi-non tradi sont tombées ce week-end de Pentecôte ? J’y vois le souffle du Saint-Esprit.
Notre-Dame de Paris, priez pour nous,
Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,
Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.
On pourra également réécouter son allocution avant la messe de Pentecôte :
La messe catholique traditionnelle la messe de toujours, le Saint sacrifice du Christ est un véritable catéchisme et un acte d’amour et de foi.
La réforme de l’Eglise et notre conversion individuelle ne se fera pas sans un Pape catholique.
« Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, les hommes passent Dieu demeure. »