Le Chanoine Alexis d’Abbadie, ICRSP, signe une tribune sur le sacerdoce dans l’édition de l’Homme Nouveau du 22 avril 2023.
Le Concile Vatican II (1962-1965) a mis en valeur le concept de « sacerdoce commun des fidèles » (Constitution Lumen Gentium n°11, 12 et 34). Comment entendre cette notion ? Faudrait-il comprendre que laïcs et ministres ordonnés sont également prêtres ? Un enseignement à bien analyser pour éviter erreurs et confusions …
« Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis afin que vous annonciez les perfections de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1Pi 2,9). Cette affirmation du prince des apôtres a été prise comme fondement scripturaire par les pères conciliaires pour affirmer que tous les fidèles sont en quelque sorte prêtres. « Fidèle » est, du reste, à prendre au sens du droit canonique et désigne tous les baptisés laïcs, clercs et religieux.
Une participation active
Il convient de revenir à la doctrine du pape saint Pie X qui, dans son Motu Proprio Tra le sollecitudini sur la musique sacrée (22 novembre 1903), enseigne : « Notre plus vif désir étant, en effet, que le véritable esprit chrétien refleurisse de toute façon et se maintienne chez tous les fidèles, il est nécessaire de pourvoir avant tout à la sainteté et à la dignité du temple où les fidèles se réunissent précisément pour puiser cet esprit à sa source première et indispensable : la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l’Église. »
La participation active prônée par le Souverain Pontife sera maintes fois rappelée par ses successeurs comme Pie XII dans son encyclique Mediator Dei sur la liturgie (20 novembre 1947) : « Il est donc nécessaire, Vénérables Frères, que tous les chrétiens considèrent comme un devoir principal et un honneur suprême de participer au sacrifice eucharistique, et cela, non d’une manière passive et négligente et en pensant à autre chose, mais avec une attention et une ferveur qui les unissent étroitement au Souverain Prêtre, selon la parole de l’Apôtre : Ayez en vous les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus offrant avec lui et par lui, se sanctifiant en lui ».
Par les mains du prêtre
C’est bien là l’essentiel de ce « sacerdoce » des fidèles laïcs que d’avoir la grâce d’offrir le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité de Jésus-Christ par les mains du prêtre. Lui-même tient la substance même de son sacerdoce dans cette vérité : ses mains sont faites pour confectionner le Sacrifice Eucharistique qu’il offre, au nom des baptisés, à Dieu le Père.
Le prêtre catholique est donc instrument : instrument de Dieu pour la sanctification des hommes et, pour ainsi dire, instrument des hommes pour la glorification de Dieu. De ce fait, bien et heureusement distincts du prêtre, les laïcs ont-ils besoin de lui pour exercer ce sacerdoce royal dont parlait saint Pierre. Notons au passage cette interdépendance du prêtre et des âmes : il ne saurait être question de sujétion !