Le portail hispanophone Info Vaticana a demandé à l’ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ce qu’il pensait du rescrit obtenu par le préfet Roche du Culte divin précisant de manière restrictive les modalités d’application de Traditionis Custodes. Benoît et moi a traduit l’article :
L’ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a répondu que
« le pape Benoît XVI a donné à la papauté une grande réputation, même parmi les agnostiques éloignés de l’Eglise (Paolo Flores D’Arcais, Jürgen Habermas, Piergiorgio Odifreddi) par sa haute compétence théologique et son honnêteté intellectuelle ».
Faisant allusion à Benoît XVI, Müller soutient qu’
« il n’était pas nécessaire pour lui d’insister sur l’obéissance formelle de manière autoritaire, car même l’obéissance de la foi à Dieu, qui est décisive pour le salut, n’exige pas une servilité aveugle, mais une dévotion à Dieu Trinité avec raison et libre arbitre, c’est-à-dire un obesequium racionalabile (Vatican II, Dei verbum, 5) ».
D’autre part, le cardinal allemand affirme que
« lorsqu’il s’agit de l’obéissance à l’autorité ecclésiastique, il faut distinguer entre l’obéissance religieuse, qui se réfère à la soumission autoritaire de la foi révélée, et la volonté de suivre volontairement le pape et les évêques également en matière de discipline de l’organisation ecclésiastique et de l’ordre de la liturgie ». « Nous faisons la distinction entre la substance des sacrements, sur laquelle le pape et les évêques n’ont aucun pouvoir de disposition, et le rite liturgique, qui s’est développé historiquement dans les différents rites légitimes au sein de l’unique Église catholique ».
Le cardinal Müller assure que
« le pape Benoît a surmonté les tensions qui s’étaient manifestées d’une manière théologiquement compétente et pastoralement sensible en faisant la distinction entre les formes ordinaire et extraordinaire du rite latin ».
Il décrit cette décision comme une « intolérance brutale » à l’encontre de ceux qui préfèrent la messe traditionnelle. Il ajoute qu’il s’agit d’une décision « pastoralement contre-productive », et
« un exemple consternant d’incompétence théologique dans la distinction entre la substance indisponible [dont on ne peut disposer] du sacrement et la richesse des formes des rites liturgiques ».
Le cardinal Müller n’hésite pas à souligner que cette nouvelle rédaction
« dégrade les évêques ou les ordinaires locaux de rang secondaire en pétitionnaires auprès de la plus haute autorité (c’est-à-dire la bureaucratie du Dicastère pour le culte) ».
Le cardinal allemand souligne que cette décision « porte atteinte à la responsabilité pastorale de l’épiscopat » et
« brouille le véritable sens de la papauté, qui est de représenter et de réaliser l’unité de l’Église dans la vérité de la foi et la communion sacramentelle ».
Enfin, Müller regrette que « la reconnaissance de l’autorité papale ne soit pas renforcée, mais affaiblie à long terme », car elle peut donner l’impression [comme c’est délicatement dit!] d’une sorte de leadership autocratique.