Le 16 février, le frère Marie Joseph a prononcé ses voeux d’ermite diocésain pour trois ans au cours d’une messe célébrée en la chapelle du palais épiscopal de Strasbourg. Etaient présents le conseil épiscopal, le chanoine Dehan, responsable diocésain de la vie consacrée, et le frère Jean-Christophe, prieur général des Fraternités Monastiques de Jérusalem à Strasbourg dans lesquelles le frère Marie Joseph s’était engagé auparavant. Un événement inédit « qui ouvre un chemin nouveau dans le diocèse, et qui consolide sa vie charismatique » comme l’a rappelé Mgr Luc Ravel.
Depuis septembre 2021, le frère Marie Joseph était recteur du sanctuaire de Hohatzenheim. Après ses premiers voeux, il poursuit sa mission en la vivant désormais sous le statut de vie érémitique, c’est-à-dire en alternant les temps de désert et d’accueil des pèlerins. Au cours de l’eucharistie qui a recueilli la première profession de frère Marie Joseph, Mgr Luc Ravel a précisé que les voeux d’ermite prendront une dimension publique lors de la profession perpétuelle.
Le Dicastère pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique a promulgué un document en 2021 qui présente la forme de vie érémitique dans les diocèse appelé « Ponam in deserto viam » (Isaïe 43,19). Voici quelques extraits :
« J’ouvrirai dans le désert un chemin » (Is 43,19). Le verset du Prophète nous offre l’horizon suggestif du désert – cher à l’imaginaire de la vie érémitique – et, en même temps, rappelle la métaphore du chemin tracé par Dieu, sur lequel le disciple se met en route à la recherche de Son Visage. De l’Orient à l’Occident, la tradition chrétienne a été traversée par la lumineuse présence d’hommes et de femmes qui ont vécu, avec une radicalité singulière, la « sequela pressius Christi » dans la forme de vie érémitique. Depuis les origines, les premiers témoignages rappellent ce qui est typique d’une vie donnée à Dieu, à la louange de gloire de sa grâce (Ep 1,6).
La vie érémitique s’exprime dans le choix de vivre une recherche intense et exclusive du regard de Dieu, stimulée par le désir d’union intime avec Lui, se livrant à Lui seul dans la séparation du monde la plus rigoureuse. La vie des « soli Deo » s’enracine dans le cœur même de l’Église et de l’humanité, en s’ouvrant à une intercession féconde. L’Église désire rendre grâce pour cette « perle précieuse » (Mt 13,44), posée dans le même temps au centre et aux marges de la vie des communautés chrétiennes et vue avec respect par les Pasteurs des Églises particulières, conscients de devoir la conserver dans son authenticité et l’accompagner dans son développement.
Dès les premiers temps du christianisme, la forme de vie érémitique ou anachorétique, qui peut être considérée comme la forme la plus ancienne et rigoureuse de séparation du monde, a représenté un fort rappel à la radicalité évangélique.
Antoine et après lui, Paul, Hilarion et de nombreux autres, obéissants à la Parole, se retirent dans le désert pour se donner complètement au Seigneur dans la solitude, l’assiduité dans la prière, vivant la continence, dans la liberté d’eux-mêmes et des choses, signifiée par le jeûne, le renoncement aux biens et une vie pauvre.
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« Cette vie au désert comme le rappelle l’Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, au n° 7, est une invitation pour la communauté ecclésiale à ne jamais perdre de vue la vocation suprême, qui est de demeurer toujours avec le Seigneur »
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La figure de saint Charles de Foucauld (1858-1916) est emblématique à ce sujet : « Ce désert m’est profondément doux ; il est si doux et si sain de se mettre dans la solitude en face des choses éternelles ; on se sent envahi par la vérité ». L’ermite du Sahara «a deviné, sans doute comme peu d’autres, la portée de la spiritualité qui émane de Nazareth […], fasciné par le mystère de la Sainte Famille ». Mystère de recueillement intérieur et d’abnégation. Une vie solitaire témoignée dans l’extrême don de soi, non par l’être-caché aux yeux des hommes, mais l’être-caché au milieu des hommes.