Un ex-prêtre des Béatitudes actuellement en poste en Belgique, en province du Luxembourg mais incardiné dans le diocèse de Namur, est mis en cause pour des abus sexuels sur mineurs lorsqu’il exerçait au Congo; il a reconnu les faits. Par le passé, il a été en poste dans d’autres communautés, en France.
“L’affaire qui secoue le diocèse de Namur remonte à 1999 lorsque Bernard L. était en poste à Makoua, au Congo-Brazzaville“, explique le journal belge Sud-Info. Cette localité comptait déjà, avant l’indépendance, le petit séminaire St Pie X, un lycée catholique et un juvénat – c’était un foyer intellectuel important du nord du Congo-Brazza.
Pierre Warin, évêque de Namur, explique d’emblée que lorsque l’affaire a éclaté en décembre 2021 avant de finalement remonter à ses oreilles au début de l’année 2022, il a immédiatement “été relevé de toutes ses fonctions dès que j’ai appris qu’il y avait une plainte contre lui à titre conservatoire. Simplement, je lui ai permis d’aller célébrer de temps en temps à la prison de Saint-Hubert puisque là-bas, il y a un gardien qui accompagne les détenus lors de l’eucharistie. Je lui ai permis également d’aller célébrer chez les sœurs conceptionnistes de Bastogne, une communauté minuscule, mais j’ai averti par mail les prêtres de son doyenné et également les sœurs”.
Si l’homme exerce en province du Luxembourg, il dépend du diocèse de Namur car c’est là qu’il a été incardiné, c’est-à-dire qu’il est juridiquement rattaché à ce diocèse. « Donc, nous avons cette affaire sur les bras, pour cette raison-là… »
Le dossier a été transféré devant le tribunal du Vatican. Un procès canonique devrait être organisé. « Une compensation financière peut venir au terme de la procédure et non pas au début. » Ici, elle est évaluée à 10.000 euros, soit dans l’équivalence, la somme prévue pour un viol avec pénétration « Les 10.000 euros sont payés par le diocèse qui se retourne alors contre l’abuseur s’il est condamné. Dans l’état actuel des choses, il est présumé innocent, même s’il a reconnu les faits. Le vicaire épiscopal m’a dit qu’il y a certainement eu des attouchements, mais il pense également qu’il y a eu pénétration et donc viol”, détaille encore l’évêque.
En poste dans plusieurs paroisses belges et pour des communautés des Béatitudes en France
Il s’agit, d’après nos recherches, de Bernard-Marie Lozet, né en 1952 à Laneffe, qui a étudié au séminaire de Toulouse et était incardiné dans le diocèse d’Albi. Il a été curé de Notre-Dame et saint-Nicolas de Namur, avant 2009, puis nommé curé du secteur paroissial de Libin où il était encore en 2017, puis prêtre auxiliaire dans le doyenné de Bastogne, nommé en 2021 prêtre auxiliaire dans le doyenné de Vaux-sur-Sûre ; en 2021 il avait été interviewé par RCF et habitait alors dans le village reculé de Chaumont, où il s’occupait par ailleurs, depuis 2005, d’élevage de dalmatiens. Dans ses mentions “j’aime“, l’abbaye Notre-Dame d’Autrey et la communauté des Béatitudes au Liban.
Sa fiche sur l’annuaire diocésain en ligne de Namur a été nettoyée de ses affectations antérieures à 2020 et les actes de nomination le concernant en 2017 – celui-ci retraçait sa biographie – et 2021 rendus inaccessibles.
Une victime au Congo témoigne
Sur les réseaux sociaux, un jeune homme du Congo indique sa volonté de “porter plainte contre la communauté [des] Béatitudes, comme personne morale et employe[ur] de Bernard Marie Lozet, prêtre, qui m’avais abusé sexuellement“. Nous l’avons contacté. Il nous confirme avoir subi des abus de sa part : “oui je suis victime de ce prédateur criminel. Aujourd’hui je vie avec angoisse et souffrance à cause de cet homme qui à volé mon enfance […] Je suis à l’attente d’un procès canonique contre ce bourreau“.
Né en janvier 1984, il commence à fréquenter la communauté des Béatitudes de Makoua, son village natal, située dans l’enceinte du petit séminaire Saint-Pie X. “Les faits ce sont déroulés au moment où [ce] dernier fut berger à la communauté [des] béatitude à makoua mon village natal situé au nord de Brazzaville, capitale politique de mon pays. Pour la première fois, ce fut en l’an 1999, au moment où je suis arrivé attiré par l’esprit de suivre le seigneur Jésus-Christ je venais frappé a la porte de cette communauté“. Il nous relate ensuite les faits eux-mêmes, constitutifs d’attouchements et de viol.
Le journal Jeune Afrique a publié une enquête sur le sujet. Selon les informations qui nous ont été transmises, après son passage au Congo, il aurait par la suite exercé des responsabilités au sein le petit séminaire d’Autrey (88) – qui a récemment fait l’objet d’une enquête de la Croix qui a mis en cause deux autres prêtres, dont le numéro 2 des Béatitudes, et à Naÿ en Pyrénées-Atlantiques (64), de 1992 à 1997.
Cependant, aucun appel à témoignages n’a (encore) été lancé pour ses années d’activité en France, dans les diocèses de Saint-Dié et de Bayonne.
Par ailleurs, la maison de Naÿ a aussi accueilli par le passé le père Fould, “berger” d’une communauté de la Croix Glorieuse, une association privée de fidèles du diocèse de Perpignan proche des Béatitudes et des foyers de Charité où ont eu lieu de graves dérives comportementales et spirituelles. Une ex-soeur qui avait prononcé des voeux privés avait dénoncé, en 2002, une “pression invivable” et “des certitudes sur des impostures” au sein de la communauté.
Ns en sommes au sordide !!! Et une ” pénétration” …et une !!! 10.000€…..la fellation !!!??? Combien.
Je crois rêver de lire çà et de la part d’une institution complètement à la dérive, qui a perdue et le bon sens, le droit, la vertu, l’humilité. Comme si massacrer la conscience, la vie ,d’un jeune avait une compensation financière, comme si cela allait gommer ou effacer toute trace du crime.
Mais, la doctrine qui a produit de tels fruits d’impuretés, la doctrine sur le corps et la sexualité, la formation perverse des futurs prêtres et religieux, elle ne change pas , elle n’est pas même remis en cause. Car, là est le vrai problème. Et depuis des siècles….” qui fait l’ange fait la bête ” .
La province de Luxembourg et celle de Namur forment le territoire du diocèse de Namur. Il était donc en fonction dans son diocèse. Et même si son passé le rattrappe maintenant, il était apprécié dans ses paroisses belges. Les gens connaissent rarement le passé de leur curé. Si on avait su …
Si un être humain est susceptible de recevoir salut, pardon et miséricorde, c’est bien parce qu’il est misérable, et aussi faible et conduit souvent par un autre esprit que Celui de Dieu. Sinon, Jésus ne serait pas Sauveur.
Alors, sans nier la gravité des faits, ne faisons pas de cet homme un diable, qui lui n’a aucune excuse, et aucun repentir ni aucun pardon à attendre.
Qu’il ait gravement manqué à ses engagements n’empêche en rien qu’il ait pu aussi de faire du bien.
De même la personne victime de ces actes par le passé reste elle aussi un pécheur, qui a désormais à porter cette croix du mal moral commis par des humains à la suite de tant et tant, après Jésus Lui-même. Ce qu’elle a subi ne fait pas d’elle un saint, et reste simultanément sujet de compassion, car ce mal moral où la responsabilité humaine entre en jeu est une des souffrances les plus difficiles à porter…
À lire certains on croirait presque que nous ignorons la pauvre condition humaine qui n’est pas simplement de « commettre des péchés » mais « d’être pécheur ». Autrement dit nul ne peut se prévaloir de justice et charité, sinon Marie. Or, en ce domaine des douleurs morales, elle en « connaît » d’expérience un rayon!!
Au moins les accusateurs de la femme adultère, lorsqu’il leur fut demandé que « celui Qui est sans péché lance la première pierre » ont eu l’honnêteté de Paris « les plus vieux en premier » meilleurs connaisseurs de leur état profond de péché…
Et nous?
(Ceci bien sûr n’exclut en rien des actes de justice humaine, ecclésiastique comprise, devenant lieux de « confession » et de « réparation« . D’ailleurs ce prêtre a reconnu les faits. Ce qui n’est pas si courant…et manifeste peut-être sa volonté d’assumer )