Dans la lettre des Veilleurs parisiens du 15 février, on peut lire quelques inquiétudes liées à des rumeurs d’une nouvelle constitution apostolique sur la messe traditionnelle qui pourrait être publié pendant la Semaine Sainte.
A l’heure où l’Eglise est extrêmement divisée, un nouveau texte pontifical sur cette question serait extrêmement périlleux… Rappelons l’épiscopat est en miette, la parole pontificale peu audible en raison de multiples interventions contradictoires sur beaucoup de sujets, et l’unité liturgique autour du seul rite romain de 1969 absolument impossible (le novus ordo “originel” n’est que peu célébré, la créativité liturgique foisonne…). Un nouveau tour de vis aura un effet nucléaire y compris pour une part des fidèles (non attachés à la forme traditionnelle de la messe) mais qui ne comprennent plus toute ses décisions qui divisent.
Il me faut vous reparler des rumeurs concernant une constitution apostolique qui s’abattrait à nouveau sur le rite traditionnel à propos desquelles je suis constamment interrogé avec inquiétude. Elle sortirait le 3 avril, nous dit-on. Eh bien, je ne peux que répéter que les rumeurs romaines à ce sujet sont vagues et contradictoires. Et surtout, je ne peux que demander : à supposer que ce soit sérieux, qu’est-ce que ça changera ?
Car nous avons déjà connu la fulmination de trois documents : le motu proprio Traditionis custodes, les Responsa de la Congrégation pour le Culte divin et la Lettre apostolique Desiderio desideravi. Tout est déjà dit et redit : seule la messe traditionnelle est permise, et encore pour un temps seulement, et pas dans des églises paroissiales, et pas les autres sacrements ! Bien sûr ces documents ont poussé des évêques à prendre des mesures désagréables, mais le rite traditionnel est toujours bien vivant. S’il faut donc qu’intervienne à nouveau un texte solennel qui répètera ce qu’on dit les documents précédents, sera donnée la preuve de l’impuissance de l’autorité à écraser l’infâme. La constitution apostolique qui pourrait s’intituler par exemple : Consitui definitive, « J’ai définitivement décidé », recommencerait une fois encore : « J’ai définitivement décidé que cette abominable liturgie, qui par malheur attire les jeunes et fait naître des vocations, doit être abolie complétement, absolument, perpétuellement ».
La vérité est que cette liturgie continuera à prospérer pour la plus grande gloire de Dieu. Summorum Pontificum avait reconnu qu’elle avait le droit d’être célébrée, et c’était tant mieux. Traditionis custodes lui a retiré ce droit, et c’est tant pis. E pur si muove ! Les fidèles de Saint-Germain-en-Laye, auxquels on ne veut pas donner d’église et qui font dire la messe tous les dimanches à 11h, devant la porte fermée de la chapelle vide de l’hôpital, 20 Rue Armagis, en sont une vivante parabole.
Nous protestons donc sans relâche pour la liberté pleine et entière de l’immortelle liturgie romaine. Les chapelets se disent à cette intention en de nombreux lieux. À Paris, ils sont récités à Saint-Georges de La Villette, dans l’église, le mercredi à 17h. Devant Notre-Dame du Travail, par le collectif Paris Tradition 14, tous les dimanches à 18h15. Devant les bureaux de l’archevêché, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30.
Depuis le début de l’automne 1962, l’Eglise catholique est dirigée par des papes, par des cardinaux et par des évêques, responsables ou sympathisants du “PIRE”, le Parti Iréniste Rénovateur Evolutif, qui savent très bien qu’il existe une zone d’incompatibilité fondamentale entre le Renouveau conciliaire ou, en l’occurrence, le Renouveau bugninio-montinien, et la Tradition catholique, notamment dans sa composante scolastique et sa composante tridentine.
Donc, en fait, on a parfois du mal à comprendre les catholiques traditionnels qui semblent attendre un compromis avec des évêques qui sont les partisans et les serviteurs du maintien en vigueur de cette zone d’incompatibilité fondamentale, laquelle, au demeurant, se concrétise avant tout sous un angle doctrinal et pastoral, et ne se manifeste pas seulement sous un angle liturgique et spirituel.
Quand on pense qu’il a suffit de deux textes de Benoît XVI, le dicours sur l’herméneutique du renouveau dans la continuité et celui sur la distinction entre les deux formes d’un même rite, pour que certains catholiques traditionnels, demandeurs d’un compromis, commencent ou continuent davantage à prendre leurs désirs pour des réalités, il y a de quoi être songeur sur l’aptitude de certains à se laisser influencer.
Enfin, tant que François sera aux commandes, il n’y aura pas grand-chose à espérer, or le pape actuel a déjà fait beaucoup de choses pour que son futur successeur souscrive au “PIRE”, lui aussi.
Une seule réponse à marteler : la bulle (ce n’est pas rien) Que Primum Tempore de saint Pie V
“…
C’est pourquoi Nous avons estimé devoir confier cette charge à des savants choisis ; et, de fait, ce sont eux qui, après avoir soigneusement rassemblé tous les manuscrits, non seulement les anciens de Notre Bibliothèque Vaticane, mais aussi d’autres recherchés de tous les côtés, corrigés et exempts d’altération, ainsi que les décisions des Anciens et les écrits d’auteurs estimés qui nous ont laissé des documents relatifs à l’organisation de ces mêmes rites, ont rétabli le Missel lui-même conformément à la règle antique et aux rites des Saints Pères.
Une fois celui-ci révisé et corrigé, après mûre réflexion, afin que tous profitent de cette disposition et du travail que nous avons entrepris, Nous avons ordonné qu’il fût imprimé à Rome le plus tôt possible, et qu’une fois imprimé, il fût publié, afin que les prêtres sachent quelles prières ils doivent utiliser, quels sont les rites et quelles sont les cérémonies qu’ils doivent conserver dorénavant dans la célébration des messes : pour que tous accueillent partout et observent ce qui leur a été transmis par l’Église Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres églises, et pour que par la suite et dans les temps à venir dans toutes les églises, patriarcales, cathédrales, collégiales et paroissiales de toutes les provinces de la Chrétienté, séculières ou. de n’importe quels Ordres monastiques, tant d’hommes que de femmes, même d’Ordres militaires réguliers, et dans les églises et chapelles sans charge d’âmes dans lesquelles la célébration de la messe conventuelle à haute voix avec le chœur, ou à voix basse suivant le rite de l’Église Romaine est de coutume ou d’obligation, on ne chante ou ne récite d’autres formules que celle conforme au Missel que Nous avons publié
……
Si, cependant, quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul. ”
Un pape qui contredit nombre de ses prédécesseurs et non des moindres, n’est pas crédible.
Qu’est-ce qui prouve qu’il ne se trompe pas lui-même ?
Quelle autorité lui reste-t-il ?
De toutes façons qu’importe, constitution ou pas, on continuera à faire célébrer LA messe, même si on doit récupérer des hangars ! Ces mesures du François sont illicites, c’est un abus de pouvoir caractérisé, nous passerons outre.