Le père Matthieu Jasseron, connu pour son relativisme, a été longuement interrogé dans La Croix. Il évoque tranquillement l’idée de réécrire le catéchisme :
[…] Le Catéchisme de l’Église dit noir sur blanc qu’il faut accueillir et offrir un chemin vers Dieu à tous, y compris aux personnes homosexuelles. J’ai donc cherché à le suivre en essayant de montrer qu’il ne faut pas juger car chaque conscience est le temple de l’Esprit Saint. J’ai pu paraître rapide dans ma formulation et je tiens à demander pardon à ceux qui auraient pu être surpris par mes propos, mais nulle part dans la Bible il n’est dit que l’homosexualité ou sa pratique est un péché, et nulle part non plus dans le chapitre qui parle de l’homosexualité dans Le Catéchisme de l’Église catholique.
Mais alors, que faites-vous du paragraphe 2396 du Catéchisme de l’Église catholique : « Parmi les péchés gravement contraires à la chasteté, il faut citer la masturbation, la fornication, la pornographie et les pratiques homosexuelles »?
Ce paragraphe est un résumé du chapitre sur la vie affective et sexuelle, or dans cette synthèse apparaît une thèse nouvelle qui ne figurait pas dans les pages qu’elle vise à résumer. On apprend que l’homosexualité serait classée parmi les « péchés contre la chasteté ». Et ce qui est encore plus surprenant, c’est que, quand on lit l’intégralité du Catéchisme de l’Église catholique, nulle part n’existe cette notion de « péché contre la chasteté ». Donc là encore apparaît du nouveau, dans un résumé, quelque chose qui n’a été développé nulle part avant, et un élément nouveau non explicité préalablement…
Les résumés ne sont pas le développement théologique du Catéchisme. Ce sont les chapitres qui font les contenus du sujet. Comment peut-on accepter dans une synthèse des notions nouvelles extérieures à la thèse ?
Un peu plus haut, il est aussi question de « dépravation grave », d’actes « intrinsèquement désordonnés » : ne s’agit-il pas justement des passages dont certaines associations de personnes homosexuelles demandent la réécriture ?
Oui, et parce que Le Catéchisme qui date de 1992 n’est plus à jour, comme en témoigne le passage sur la peine de mort. Nos contemporains, souvent éloignés de l’Église, se demandent si telle ou telle action, telle ou telle dimension de leur être, est de l’ordre du péché. Le péché leur fait peur – sûrement à juste titre – mais ils en ont une image fantasmée. Or on trouve beaucoup de chrétiens sur les réseaux sociaux, évangéliques, catholiques ou autres, qui présentent l’homosexualité comme un péché très grave en sous-entendant que les personnes brûleront pour l’éternité. Je ne crois pas que ce soit la réalité ni ce qui est écrit dans Le Catéchisme : nulle part dans la tradition de l’Église catholique, il n’est dit que c’est un péché qui nous conduirait au feu pour l’éternité.
Après, les textes décrivent cette réalité avec des mots qu’il faut savoir recevoir, interpréter. Les mots de « dépravation » ou « actes intrinsèquement désordonnés » ne sont pas clairs pour les gens, et sûrement très blessants. Ils gagneraient à être éclaircis et même plus pastoraux. Les personnes qui vivent avec des personnes de même sexe et essaient de les aimer dans l’élan de ce que nous a présenté Jésus sont plus visibles qu’il y a cent ans. C’est un sujet de société, et il faut que l’Église ait un discours honnête, en adéquation avec ce qu’elle a compris de Jésus, mais compréhensible aussi de nos contemporains.
Le Catéchisme gagnerait à être réactualisé à partir de la beauté de la théologie qui pense à nouveaux frais la réalité de notre aujourd’hui. Il s’agit de toujours mieux affiner la réalité de ce que Dieu nous a transmis pour permettre à nos contemporains un chemin qui les aide à aller vers Dieu.
Visiblement, le père Jasseron n’a pas été lire les paragraphes 2357 à 2359. Les voici :
2357 L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que ” les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés ” (CDF, décl. ” Persona humana ” 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.
2358 Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.
2359 Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.
Pour réécrire le catéchisme, il faudra censurer ou réécrire la Sainte Ecriture. Ils sont capables de tout pour se soumettre à la modernité…