Le Temps de la Septuagésime commence toujours la 9e semaine avant Pâques et compte 3 Dimanches appelés Dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime. Ces désignations, empruntées au système de numérotation en usage, marquent la série de dizaines ou la décade dans laquelle tombe chacun de ces Dimanches. Si l’on divise les neufs semaines qui précèdent Pâques en séries de 10 jours ou dizaines, on constate, en effet, que le 1er de ces neuf Dimanches tombe dans la 7e dizaine, le 2e Dimanche dans la 6e dizaine, le 3e Dimanche dans la 5e dizaine, de là, leurs noms respectifs de Dimanche in Septuagesima, in Sexagesima et in Quinquagesima.
La fête de Pâques est mobile et peut se célébrer, d’après les années, entre le 22 mars et le 25 avril. Lorsqu’elle est précoce, le Temps de la Septuagésime empiète sur le Temps après l’Epiphanie dont les quelques Dimanches sont alors célébrés après le 23e Dimanche après la Pentecôte, (v. tableau, p. 598).
Cette époque liturgique est un prélude du Temps du Carême et une préparation éloignée à la fête de Pâques. Elle sert de transition à l’âme qui doit passer des joies du Cycle de Noël à l’austère pénitence de la Sainte Quarantaine. Si le jeûne n’est pas encore de rigueur, la couleur des ornements est déjà le violet. Comme pendant l’Avent, le Gloria in excelsis est suspendu parce que c’est le chant qui, après avoir célébré le Christ naissant dans notre chair mortelle doit le célébrer lorsqu’il naîtra dans sa chair Immortelle, c’est-à-dire lorsqu’il sortira du tombeau. « Né d’abord de la Vierge, vous renaissez maintenant au sépulcre » dira alors la Sainte Église [7].
Le martyrologe nous annonce : « Le Dimanche de la Septuagésime où l’on dépose le Cantique du Seigneur qui est l’Alléluia ». « Comment pourrions-nous, disait le peuple d’Israël, chanter le cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? » (Ps. 136). Cette terre étrangère, pour le peuple chrétien, c’est le monde qui est un lieu d’exil, alors que l’Alléluia est le chant que S. Jean entendit au ciel et que la liturgie reprendra au Temps Pascal qui représente la vie future. Aux fêtes de la résurrection, en effet, nous acclamerons le Christ qui terrassera Satan et qui en nous délivrant de la captivité du péché, nous rouvrira la patrie céleste. Le Temps du Carême qui dure quarante jours (Quadragésime) et celui de la Septuagésime qui est désigne par les trois dizaines suivantes (Quinquagésime, Sexagésime, Septuagésime) représentent donc bien les soixante-dix années (le mot Septuagésime rappelle ce chiffre) qu’Israël passa en exil sous la dure captivité des Baby Ioniens. Aussi cesse-t-on le chant de l’Alléluia durant cette époque dont l’esprit et le nom nous rappellent si bien que « nous sommes des exilés, qui pleurent et qui gémissent dans cette vallée de larmes » (Salve Regina).
Le Temps de la Septuagésime se termine pour le Cycle Temporal au Mercredi des Cendres, et pour le Cycle Sanctoral, il a, quand la fête de Pâques tombe le 25 avril, pour limite extrême le 10 mars.