Suite à cet article, un lecteur nous envoie ce commentaire:
Les catholiques continuateurs de ceux qui ont essayé d’être et de rester fidèles à ce qui est propice à la préservation de la Foi catholique, et ceux qui sont continuateurs de ceux qui ont réussi à avoir confiance en ce qui est propice à la transformation de l’Eglise catholique, connaissent-ils l’existence du Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique (2005) donné à l’Eglise par Benoît XVI, et sont-ils prêts à adhérer ensemble ou, pour le moins, “les uns et les autres”, à son contenu, notamment pour mettre un terme à bien des pathologies, certaines de ces maladies étant attribuables à des catholiques traditionnels, et d’autres, parmi ces maladies, étant constatables chez des catholiques transformateurs ?
Il serait d’ailleurs peut-être intéressant d’organiser un sondage, qui comporterait quelques questions :
Connaissez-vous ce Compendium ?
Si oui, adhérez-vous à son contenu ?
Si oui, placez-vous l’adhésion à son contenu au-dessus de votre adhésion personnelle à votre position personnelle, en faveur de la Tradition catholique ou, au contraire, en faveur du Renouveau conciliaire ?
Si oui, en quoi le contenu de ce document vous a-t-il déjà fait réfléchir sur ce qu’il y a parfois de plus démesuré, désordonné, disproportionné, imprécis, imprudent ou inapproprié, dans telle manière de promouvoir la consolidation de la Tradition catholique, ou, au contraire, dans telle manière de promouvoir l’actualisation du Renouveau conciliaire ?
En d’autres termes, en quoi donc, pour les uns et les autres, le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique est-il susceptible d’être considéré comme globalement légitime, dans sa fonction de régulation doctrinale de la Foi catholique, que l’on soit plutôt traditionnel dans la Foi ou plutôt transformateur de l’Eglise ?
Nul ne peut exclure que nous en sommes arrivés au point suivant : d’un côté, des catholiques traditionnels, qu’ils soient seulement traditionalistes ou carrément sedevacantistes, qui ne sont pas capables de se mettre d’accord, entre eux, d’une manière constructive, à l’égard du Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, et, de l’autre côté, des catholiques transformateurs, qu’ils soient seulement conciliaires conservateurs ou carrément conciliaires déconstructeurs, qui ne sont pas en mesure de cultiver un terrain d’entente, entre eux, d’une manière positive, vis-à-vis de ce Compendium.
Alors que, même d’un point de vue catholique traditionnel intransigeant “car” orthodoxe, ou orthodoxe “donc” intransigeant, il y a, vraiment, infiniment pire que ce Compendium, notamment, souvent, en provenance de Rome, depuis mars 2013…
Défendre la Tradition n’a pas pour objectif d’avoir une “niche” au sein de l’Eglise catholique mais de participer pleinement à la vie de cette institution, pas seulement sur le plan liturgique.
Défendre la Tradition n’a de sens que si l’on se décide pour de bon à demander – et à contribuer – le rétablissement du principe d’autorité dans l’Eglise autour du pape et des évêques, gardiens du Magistère infaillible ; cette demande n’a de sens que si l’on remet en cause l’ensemble des actes du Concile Vatican II dont l’ambiguïté de certaines affirmations mises en valeur au nom de la “pastorale” a désorienté le gouvernement de l’Eglise catholique et la vie spirituelle des fidèles.
L’herméneutique de la continuité n’est qu’une gageure et d’ailleurs le pape Benoît XVI qui avait certes des qualités intellectuelles mais n’était pas un homme de gouvernement (il faut pourtant l’être lorsque l’on est pape, mais aussi évêque et je sais que ce n’est pas donné à tout le monde, mais que les cardinaux y veillent avec le soutien des fidèles) n’a pas vraiment pris les moyens de mettre en oeuvre ce concept déjà fragile dans sa définition.
Je ne partage pas le commentaire de M. Courivaud. Si “l’herméneutique de la continuité n’est qu’une gageure”, comme il l’écrit, alors, puisqu’il n’y a pas “continuité”, y a-t-il une “rupture” avec le concile Vatican II? C’est la logique… Mais, que l’autorité d’un Concile oecuménique ne soit pas reconnue, là réside la rupture réelle d’avec l’Eglise de Jésus-Christ: cf. tous les Docteurs de l’Eglise et le Magistère commun pérenne, avec le traité de locis theologicis, les lieux théologiques, où trouver la vérité (dont les Conciles oecuméniques approuvés par le Pape).
Je regrette aussi les propos précédents du même auteur quant au Saint-Père vénéré Benoît XVI, propos qui montrent une rare superbe et supériorité orgueilleuse : tous ceux qui ont connu l’inoubliable Pontife et le Cardinal Ratzinger lumineux et profondément humble (lui!) (c’est lui qui m’a fait entrer au séminaire) le reconnaissent comme une intelligence rare et une culture impressionnante: les évêques en restaient “baba” et sans voix. Ecrire “qui avait certes des qualités intellectuelles mais n’était pas un homme de gouvernement” laisse pantois: qu’il ne soit pas un homme de gouvernement, peut-être; mais en quoi, ne pas ou guère gouverner, invalide-t-il ses réflexions intelelctuelles quant à la continuité??? Il y a contradiction, désolé! Les propos de ce Monsieur contribuent à la confusion et à détruire l’Eglise: comme l’écrivait saint Jean, “ils ne sont pas des nôtres”. Qu’il relise un peu saint Pie X, il constatera que saposition est très voisine de celle de modernistes hostiles au Magistère qui n’enseigne pas ce qu’ils pensent, les mêmes arguments, la même fermeture à l’Eglise Une, Sainte Catholique Apostolique et Romaine… Vraiment, ça ne vole pas haut!
Cher Monsieur l’abbé,
Vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’écris, c’est votre droit.
De toute façon, vous êtes au moins d’accord avec moi : Benoît XVI n’était pas un homme de gouvernement et ce n’est un secret pour personne : s’il a renoncé à sa charge, c’est qu’il avait du mal à exercer l’autorité nécessaire au gouvernement de l’Eglise surtout en ces temps troublés ; notez bien que je n’en fais pas le reproche ; je le regrette et et je me demande par ailleurs en quoi, constatant cette difficulté à exercer l’autorité, je ferais preuve d’orgueil, de confusion, de contradiction, et d’esprit de destruction (rien que cela !).
Mais après tout, il est important qu’ un débat de haut niveau ait lieu sur ce manque d’autorité dans l’Eglise. Je suis sûr que vous pensez la même chose et pour moi, c’est l’essentiel. Il serait intéressant de savoir ce que d’autres pensent sur ce point dans ce forum de discussion.
Avec mes sentiments respectueux et dévoués.
signé Courivaud
@ Courivaud: un regard raisonnable
Merci pour cet article intéressant.
Pour l’unité de l’Eglise et notre bien, il est bon de rester à sa place sans céder à l’agitation ni à la peur.
Je suis tout à fait d’accord sur le fait de placer la foi professée par l’Eglise, et son catéchisme-compendium, au-dessus de notre opinion et sentiments personnels, c’est indispensable…
Avant un éventuel manque d’autorité dans l’Eglise, il y a d’abord un immense manque d’instruction et de formation chrétienne au niveau personnel et communautaire (groupe, paroisse, diocèse)… Lié à un grand manquement à la charité fraternelle, à la vie fraternelle de proximité bien incarnée et vécue. Ce qui peut aussi expliquer un gros problème de transmission de la foi et de la vie chrétienne aux jeunes générations dans notre pays.
‘La lecture des deux articles et des trois premiers commentaires laisse perplexe, et il n’est pas certain qu’un tel débat sur la place publique soit pertinent. Précisément du fait de l’Autorité ‘molle’ ou ‘absente’ sur le fonds du problème.
Est-il sage de vouloir faire un tri (ou des tris plus exactement) (1° article) ou de se recentrer (regrouper) sur le Catéchisme de l’Eglise catholique (2° article) ?
La question est plus que jamais la défense de la foi 1 par l’exposé clair de ses fondements (Ecriture Sainte et Tradition) 2 selon l’enseignement du Magistère. Et c’est bien là toute la difficulté de fait qui éparpille le troupeau.
Dire qu’il faut ‘défendre la Tradition’ est aberrant, et les résistants de tous poils le savent bien depuis les années 1960. En effet, depuis Vatican II on voit en effet deux lignes : refuser les nouveautés de Vatican II au nom de la Tradition, c’est Mgr Lefebvre; ou bien essayer de comprendre ou rectifier ou ‘interpréter’ les textes de Vatican II à la lumière de la Tradition, c’est J Ratzinger/Benoît XVI. On voit que le critère, le juge de la foi, c’est la Tradition. Les deux lignes ont le même critère, mais lisent les textes de Vatican II différemment. Comment en sortir ?
Il semble évident que Vatican II a renoncé explicitement à l’enseignement magistériel ? Ce que l’autorité qui a suivi a essayé de rétablir, sous une forme qui n’est peut-être pas non plus magistérielle ? A quand un Magistère dans l’Eglise ?
La dérive permanente de François est éclairante à ce titre: il indiquait récemment qu’il faut s’en tenir au catéchisme, mais en même temps que les théologiens peuvent aller de l’avant ! Jusqu’où ? N’est-ce pas précisément la ligne de Vatican II de faire évoluer sans cesse son enseignement et ses rites ? La créativité ou révolution permanente ?
Mais il est clair que Benoît XVI a fait un énorme travail de recentrer la vie de l’Eglise sur la foi et la vie de foi, et cela contre de nombreuses dérives en interne et attaques en externe. C’est bien le premier acte essentiel du gouvernement qui permet les autres et qui fait de lui un Pasteur. On pourrait regretter une imperfection dans cette charge ? Avec grande prudence et ‘pas plus’ me semble-t-il.
Contra factum non fit argumentum. Contre les faits il n’y a pas d’arguments. On avait promis un printemps, une nouvelle pentecôte avec le concile et nous voici aux pieds de la Croix avec un progressisme toujours plus dur. Ne pas ouvrir les yeux à temps et demander pardon à Dieu de nos errances c’est s’exposer à une mort imminente. Que je sache le concile Vatican II n’est pas dogmatique et n’est qu’un concile “pastoral”. Il a simplement laissé la porte grande ouverte à toutes les erreurs en voulant s’ouvrir au monde et maintenant tous les bastions du catholicisme s’effondrent : Foi en l’unique Jésus-Christ, mariage indissoluble, fécondité des foyers chrétiens, chasteté des prêtres, sacerdoce masculin des prêtres, … PLus de repères, que du social et une fraternité universelle très semblable à la maçonnerie. Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouveras-t-il encore la Foi sur terre ? Seigneur Jésus ayez pitié de votre Eglise et de nous tous.
L’article est un peu abscons parfois. L’auteur affirme que le Compendium ne suffit pas à résorber les divergences Tradis/sédévacantistes d’une part pour ceux qui sont en deça de Vatican II, et les divergences conservateurs/progressistes pour ceux qui acceptent Vatican II.
1) Il n’évoque pas l’hypothèse que les Tradis puissent s’entendre avec les conservateurs autour du Compendium. C’est dommage, et je crois qu’il a probablement raison. Les tradis ont reçu un tel bourrage de crâne que les mots “Vatican II” suscitent un réflexe pavlovien de blocage – et ce n’est pas une exagération ni un mépris, juste un constat, hélas. POurtant, s’ils le lisaient, ils se diraient certainement qu’il y a là un terrain d’entente possible, aussi bien sur la doctrine que sur la liturgie (car pour un conservateur, la liturgie traditionnelle non seulement ne pose pas de problème mais doit être préservée).
2) L’article et les commentaires bloquent désepéreément sur les mots pavlovisés “Vatican II”. Il faudrait rappeler que pour le chrétien lambda, ces mots n’ont aucun sens. SI les coeurs et les esprits étaient droits, la recherche de la vérité s’exprimerait de manière très consensuelle (entre bonnes volontés) et concrète :
– quelle cohérence à persécuter le rite traditionnel alors qu’on valorise la création de rites locaux ?
– quelle cohérence à laisser exercer des évêques menteurs, complices ou coupables en matière de moeurs ?
– quelle cohérence à laisser l’Eglise allemande en roue libre ?
– quelle cohérence à réduire à l’état laïc des prêtres pro-vie et laisser tranquilles des coupables avérés ?
… la liste pourrait être longue…
Dans l’ordre négatif, l’union des bonnes volontés pour obetnir de la cohérence de l’Eglise serait très prometteuse.
Dans l’ordre positif, l’union des bonnes volontés pour propager et approfondir l’amour de Dieu par l’adoration eucharistique, le chapelet, la pratique des mystiques et des docteurs de l’Eglise et des oeuvres de charité, la redécouverte du sens du péché, de l’ascèse et des pénitences (y compris corporelles) serait aussi une piste très prometteuse.
Et la correction de certaines formulations de concile Vatican II sera donnée par surcroit (on ne peut pas lutter contre une pavlovisation ; éventuellement la contourner. J’en veux un peu aux conditionneurs).
pour Arôme
Je m’étonne de la manière dont vous disqualifiez les “traditionnels” en considérant que leur évocation du concile Vatican II s’accompagne d’une réflexe pavlovien, comme si les “traditionnels” étaient des personnes qui ne réfléchissent jamais ou ne subissent que le conditionnement de leur milieu pour affirmer et réfuter tel ou tel fait ou telle ou telle idée.
Si vous pensez cela, vous les caricaturez et les disqualifiez. Où est alors le débat ?
En revanche, pour comprendre pourquoi ils sont en droit de s’interroger sur la portée de Vatican II et sur les conséquences déstabilisantes pour le Magistère que ce concile, déjà dans ses actes officiels a entraînées, vous pourriez lire utilement deux commentaires écrits ou enregistrés par de bons commentateurs de ces actes :
– un commentaire de la constitution “Sacrosanctum concilium, un texte présenté pourtant comme le plus consensuel possible sur la liturgie, écrit par P. Kwasnieswki (texte écrit en juillet 2022 ; j’en ai lu la version italienne)
– un commentaire sur le caractère pastoral du concile Vatican II et sur la manière dont cette “pastoralité”, s’annonce déjà dans les textes du concile comme présentant un caractère doctrinal au point de remettre en cause le Magistère infaillible de l’Eglise catholique ; ce commentaire, lui, se présente sous la forme audiovisuelle (par “youtube”) et il a été formulé par le père Serafino Lanzetta en octobre 2022 à l’occasion des 60 ans de l’ouverture du concile Vatican II. Présenté sous forme de conférence, il est lui aussi donné en italien.
Dommage que ces deux interventions n’aient pas fait l’objet d’une traduction française. Mais qu’attend donc la presse “caholique” française, toutes tendances confondues, pour les publier ?
Quoiqu’il en soit, que l’on approuve ou non la volonté du pape Benoît XVI de défendre une “herméneutique de la continuité” à propos du concile Vatican II, on sait déjà depuis 1987, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (lire “Entretiens sur la foi” parus cette année là), le cardinal Ratzinger avait déjà remarqué les faiblesses, sinon les ambigüités doctrinales des texte du concile Vatican II, notamment “Gaudium et spes” dont il attribuait une partie de la crise post-conciliaire, laquelle, notamment, a rendue visible la mouvance traditionnaliste dans les conditions que l’on connaît à présent.
N’attendons pas encore dix ans pour remettre en cause ce concile Vatican II de façon constructive, c’est-à-dire sans langue de bois, ni disqualification des arguments, avec lucidité…. mais sans tarder !