Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, est interrogé dans La Croix.
Voici un extrait :
Vous faites partie de la génération Jean-Paul II, mais celle-ci est grevée par les scandales, comment le vivez-vous ?
Pendant mes études, nous étions dans l’élan du pontificat de Jean-Paul II, du cardinal Lustiger et du cardinal Decourtray. C’était une période exaltante. Nous avions l’impression, après les flottements de l’après-Concile, que nous allions enfin pouvoir vivre la vérité de la foi: on allait voir ce qu’on allait voir! Avec la chute du mur de Berlin, le monde s’est transformé d’une manière qui n’est pas celle que nous imaginions. Et, nous avons vu éclater au grand jour cette part d’ombre des abus dans l’Église. Il faut le prendre comme un signe des temps.
Dans ce contexte, comment repenser l’évangélisation ?
Pour une part, elle se fait toute seule : nous voyons arriver des catéchumènes – quelques milliers tout de même. Par ailleurs, il nous faut revoir toute notre organisation pastorale, fondée sur le maillage territorial que nous ne pourrons plus tenir à l’avenir. Nous étions dans une pastorale de l’encadrement, il faut aller vers celle de l’accompagnement. Le secret de l’Évangile, c’est la liberté spirituelle que le Christ donne. C’est cette liberté spirituelle qu’il faut nourrir chez les fidèles, c’est d’ailleurs elle qui est attaquée dans les abus de pouvoir ou sexuels.
C’est la confirmation que la fameuse troisième voie, entre progressisme et traditionalisme est une impasse. Face à la fuite en avant synodale et au grand n’importe quoi ambiant, à quand une vraie discussion sur le Concile ?