Dans son éditorial de la dernière lettre A Crucetta (Novembre – Décembre 2022), bulletin des fidèles attachés à la messe traditionnelle de Corse (Ajaccio, Bastia et l’Ile Rousse), l’abbé Hervé Mercury évoque la question de la vérité :
Dans l’évangile de saint Jean, Jésus affirme : « quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité toute entière » (Jean 16, 13). A notre époque de relativisme généralisé, cette sentence étonne. Un certain œcuménisme voudrait nous faire croire que chacun possède seulement une parcelle de vérité. Qui oserait s’attribuer la vérité toute entière ?
Pourtant, Jésus dit que c’est le rôle propre joué par l’Esprit Saint dans la vie des disciples de tous les temps. Ceux-ci constituent l’Eglise du Christ qui se trouve, en tant que société constituée et organisée en ce monde, dans l’Eglise catholique, ainsi que le rappelle Lumen Gentium 8 du Concile Vatican II. Par l’action efficace du Saint-Esprit, le fidèle catholique entre donc en possession de la vérité, et de la vérité toute entière.
Avoir en garde la vérité toute entière est évidemment le motif d’une fierté légitime. Ce n’est pas pour autant le gage d’une infaillibilité au quotidien, mais une grave et lourde responsabilité : celle d’être pour le monde une lumière qui brille devant les hommes par l’éclat de nos bonnes œuvres.
Car Jésus dit aussi : la lumière de la vérité ne doit pas être mise sous le boisseau ; au contraire, elle est placée sur le chandelier pour resplendir aux alentours. Puis pour répondre à la question de savoir par quelle action le monde percevra la vérité, il ajoute : « qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux » (Mat. 5, 16).
La vérité toute entière n’est pas seulement une conception théorique de vie, ni même des enseignements spéculatifs sur Dieu et ce qu’il attend de nous. Tout cela est certes nécessaire et fait l’objet de constantes études et prédications. Mais, ce n’est pas suffisant.
Pour entrer dans la vérité toute entière, il faut encore ajouter l’exigence de rester vrai dans toutes nos actions. Nous ne pouvons pas prêcher le Christ crucifié et le nier dans la pratique. Nous ne pouvons pas défendre le dessein de Dieu sur l’homme sans y inscrire concrètement notre propre vie.
Aujourd’hui, l’Eglise perd de son influence dans le monde par manque de cette cohérence fondamentale qui allie l’adhésion à la foi avec la pratique des bonnes œuvres. Il y a donc urgence à demander cette grâce de réaliser ce lien dans nos vies. Ainsi, le monde sera éclairé par notre lumière qui est aussi celle de JésusChrist.
Abbé Hervé Mercury