La septième rencontre Pax Liturgica a commencé ce matin à l’Augustinianum de Rome en présence d’une assistance de plus de 150 personnes. Elle a été introduite par l’abbé Barthe, aumônier du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum (CISP), et le professeur Rubén Peretó Rivas, coordinateur de la rencontre. L’abbé Barthe a souligné que le débat sur le lien entre la liturgie et la foi n’avait jamais été aussi intense aujourd’hui.
Trinidad Dufourq a dressé un état de la liturgie traditionnelle en Argentine: un aspect peu connu. La réforme liturgique ne s’est pas faite dans un climat de rupture avec un épiscopat qui est resté conservateur ; la communion dans la main n’a par ailleurs été introduite qu’en 1996. Seul un évêque avait maintenant l’usage traditionnel dans son diocèse. Elle a décrit ces « filiales » du Pèlerinage de chrétienté qui se sont développées en Argentine et en Espagne. En Argentine, le pèlerinage a commencé il y a 12 ans. Il avait été introduit par un jeune argentin qui avait fait le pèlerinage de Paris à Chartres. Quant au pèlerinage espagnol, il en est à sa deuxième édition et a connu un succès auprès des prêtres. Elle a rappelé l’attrait de la messe traditionnelle auprès d’un public jeune. Le succès récent de la liturgie traditionnelle s’explique aussi en réaction au Pontificat actuel: des catholiques plutôt conservateurs prennent leur distance avec la nouvelle ligne pastorale.
Mgr Nicola Bux, consulteur et théologien romain qui a participé à plusieurs synodes auprès de Jean-Paul II, puis de Benoit XVI en tant qu’auditeur a délivré un message d’espoir notamment axé sur la réforme de la réforme qui lui semble irréversible. Il a placé la question liturgique sous l’angle du rapport à Dieu. La liturgie est d’abord la reconnaissance des droits de Dieu avant même d’être celle des fidèles. Tout en rappelant que l’Église est semper reformanda, il a souligné que la Tradition et l’innovation sont deux éléments qui se complètent. Le consulteur a également fait le lien entre l’encyclique Mediator Dei de Pie XII et la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium de 1963. Il a marqué son désaccord avec les remarques du Pape François qui juge irréversible la réforme liturgique: pour Nicola Bux, la réforme de la réforme se fera. « Le sacré, c’est la force divine qui agit dans le monde. » Enfin, aspect méconnu souligné par Mgr Bux : le Codex Iuris Liturgici qui était envisagé sous Pie X et qui aurait dû être mis en place sous Pie XII. S’il avait été mis en place plus tôt, il est probable que l’on aurait évité les crises postérieures. La liturgie est sacrée à cause de la présence de Dieu. Il faut reconquérir la sacralité du rite, c’est-à-dire la conscience de la présence de Dieu. La partie immuable découle du droit divin. Le culte, c’est la relation soignée entre chacun de nous et Dieu. Pour Don Bux, la liturgie est un événement permanent au sein du peuple de Dieu et non un événement transitoire. C’est de là que doit commencer la réforme de la réforme: par la renaissance du sacré dans les cœurs et du mystère.
Mgr Bux a également marqué son désaccord avec l’actuelle Congrégation pour le Culte divin. Il a rappelé cette intériorité sur laquelle insistait Mgr Klaus Gamber: il faut partir de cela. Il a pointé du doigt le fait que Desiderio Desideravi ne cite pas les textes de Benoit XVI. L’herméneutique de la réforme, de la continuité n’a pas échoué. Elle viendra du haut. « Il faut de la dévotion de la charité », comme le rappelait saint Charles Borromée. Cette herméneutique de la rupture n’est pas celle des saints. Mgr Bux a conclu en mettant en garde contre le risque qu’il y avait à délégitimer le Concile. Ce radicalisme qui oppose deux ecclésiologies ne peut que fragiliser les évêques.
L’abbé Barthe a émis quelques objections en indiquant que les liturgistes de Sacrosanctum Concilum avaient pris soin de ne pas citer Pie XII. Quant à Summorum Pontificum, même s’il reste un texte de transaction, il a l’avantage de faire de la liturgie d’avant le Concile l’expression de la Lex orandi.
À suivre…