Dans une tribune publiée dans La Croix, le père Luc de Bellescize, prêtre du diocèse de Paris, explique pourquoi il faut distinguer entre servants d’autel et servantes d’assemblée, miroir de la distinction entre l’homme et la femme et leur « différence complémentaire ».
[…] Dieu s’est fait homme. Il ne s’est pas fait femme, même s’il a assumé par l’incarnation l’humanité entière, mais il est « né d’une femme » (Ga 4, 4). Il s’est fait homme pour donner sa vie à « l’Épouse », qui constitue toute la symbolique de l’Église en son mystère nuptial (Eph 5). L’Église reçoit la vie de sa communion au Corps livré du Christ, par excellence dans le sacrifice eucharistique. « L’eucharistie fait l’Église, et l’Église fait l’eucharistie », écrivait le cardinal de Lubac.
Il faut remonter à cette source pour comprendre pourquoi le sacerdoce catholique est réservé aux hommes, et qu’il ne s’agit pas là d’une affaire d’opinion mouvante et discutable, ni d’une convenance historique déterminée, mais de l’obéissance à la symbolique même de la Révélation. « À Dieu qui se révèle est due l’obéissance de la foi » (Rm 16, 26). Ce sont des hommes que le Seigneur choisit comme prêtres, participants de la succession apostolique – lui qui était si libre face aux convenances de son temps – pour le « représenter » au sens le plus fort de ce terme, quand ils célèbrent le sacrifice eucharistique et pardonnent les péchés en son Nom.
Il faut remonter aussi à cet ordre de la création dont la liturgie porte la mémoire vivante, pour comprendre la distinction entre les « servants d’autel » et les « servantes de l’assemblée », ou « de la liturgie » qui ont heureusement vu le jour dans certaines paroisses. Il ne s’agit évidemment pas d’une différence de « dignité » dans le service liturgique, mais d’une complémentarité créatrice qui honore la distinction et l’unité entre le Christ et l’Église, l’autel et l’assemblée. L’argument le plus fondamental en faveur d’une différenciation des groupes est donc celui d’honorer la logique même de l’Alliance. La liturgie revêt une dimension symbolique essentielle au déploiement du mystère. Le « pôle masculin » est le signe de l’époux, ainsi que l’exprime sœur Céline, vierge consacrée du diocèse de Paris. […]
Un second argument en faveur d’une différenciation des groupes est celui d’éviter une mixité de principe, qui ne rend pas compte des étapes de croissance entre garçons et filles. J’ai connu à Bruxelles des groupes mixtes au service de l’autel qui le devenaient de moins en moins, parce que les garçons finissaient généralement par partir, faute d’intérêt mutuel et par immaturité devant des filles plus précoces. Je suis maintenant vicaire à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, où les deux groupes vivent sereinement la diversité des tâches. Je ne nie pas que des groupes « mixtes » d’enfant de chœur puissent harmonieusement fonctionner, je témoigne simplement de la conviction que la mixité n’est pas toujours heureuse à des âges où la différence de maturité favorise plus difficilement la cohésion d’un groupe.
Un troisième argument, qu’il faut assumer pleinement, est celui de créer les conditions de possibilité de l’émergence de vocations sacerdotales chez les servants d’autel. Il ne s’agit pas là d’un quelconque embrigadement, mais de faire en sorte de favoriser dans leur cœur l’adoration du mystère eucharistique, source et racine de l’Église, et l’esprit de service. Combien de prêtres ont-ils été marqués enfants par leur service de l’autel ? Mais plus largement, ainsi que l’exprime Mgr François Touvet, c’est le lieu d’un « discernement vocationnel pour tous, afin que chacun prenne conscience de sa vocation baptismale, qu’il se nourrisse de l’eucharistie, qu’il désire recevoir le sacrement de la confirmation, qu’il devienne un disciple missionnaire ». […]