Riposte catholique a parlé de l’affaire Ouellet. Tout en étant prudent sur la question et en tenant compte des démentis catégoriques de l’intéressé sur les faits qui lui sont reprochés, nous communiquons la lettre de la plaignante qui a été publiée le vendredi 19 août dernier. Les allégations qu’elle expose sont à l’origine de la polémique qui court depuis quelques jours. La lettre en question date du 26 janvier 2021 et avait pour destinataire le Pape François. Elle expose les faits reprochés au cardinal Ouellet.
Voici l’intégralité de la lettre:
26 janvier 2021,
À Sa Sainteté, le Pape François,
Je rédige ce témoignage suite à une rencontre, le 25 janvier 2021, avec deux membres du Comité conseil pour les abus sexuels envers mineurs et personnes vulnérables de l’église catholique de Québec, mesdames Saucier et Simoneau.
Voici, Très Saint-Père, avec sincérité et humilité, les faits tels que je les ai vécus.
J’ai débuté en pastorale comme agente de pastorale pour l’église catholique de Québec (stagiaire) en 2008. Ma première grande désillusion face à l’institution ecclésiale n’a pas tardé. J’ai été invité par le Cardinal Marc Ouellet, comme tous les mandatés, à une rencontre de lancement de l’année chez les sœurs de la Charité de Beauport. Je me souviens seulement de deux courts moments de cette journée. Le premier est sur l’heure du dîner. Je mangeais avec des collègues de mon âge. Il faut dire que j’étais à l’époque la plus jeune mandatée du diocèse avec mes 24 ans. Nous étions très peu dans la vingtaine. Le cardinal s’est approché de notre table pour nous saluer. Ma collègue m’a présenté à lui. Il m’a salué et a continué sa visite des tables pour discuter avec le reste de son personnel. Nous avons terminé le repas. J’ai quitté mes collègues et je suis retournée m’asseoir dans la salle de conférence. J’étais assise derrière la salle, près de l’entrée. J’ai senti deux mains se poser sur mes épaules et se mettre à me masser les épaules avec force. J’ai levé les yeux et c’était le Cardinal Ouellet, qui se tenait derrière moi, me massant les épaules. Il m’a regardé, m’a souri et m’a caressé le dos. Il est reparti. Je ne me souviens plus s’il m’a dit quoi que ce soit. J’étais figée devant cette intrusion inusitée dans mon intimité. Je ne savais comment réagir. Je n’ai jamais apprécié les contacts physiques avec les inconnus, encore moins avec un inconnu qui est mon patron. J’étais troublée et ce malaise m’a suivi tout au long de la journée. J’en ai discuté avec des collègues… nous avons fini par virer cela à la blague. Dans les mois qui ont suivi, j’ai été appelé à participer à d’autres événements. Chaque fois que Monseigneur était présent, j’avais le droit à des embrassades avec des caresses du dos. Cette trop grande familiarité m’a mise tellement mal à l’aise que je redoutais ces événements. Je le fuyais, et j’essayais de m’éloigner le plus possible. Je me souviens d’une rencontre à laquelle j’étais arrivée plus tard à cause d’un contretemps. Je me suis faufilée au fond de la salle à l’opposé complètement de l’endroit où Monseigneur était assis. Nous avons eu un moment pour discuter en sous-groupe. Le Cardinal a traversé toute la salle pour venir s’asseoir à côté de moi. J’avais cette impression qu’il me pourchassait. J’essayais de me raisonner, de virer cela en blague, mais en moi persistait un profond malaise. J’avais toujours cette impression qu’il jouait avec les limites de l’éthique. J’entendais beaucoup de femmes dire: « Monseigneur est tellement « chaleureux » ». Je me remettais en question. Est-ce moi qui suis trop sauvage ? Lors de la réception comme agente de pastorale de ma collègue Marie-Pier, j’ai recroisé Mgr Ouellet Iors du cocktail après la célébration. L’abbé Marcel Pellerin était avec moi et a demandé au Cardinal Ouellet « connaissez-vous notre nouvelle stagiaire ? » II a alors affirmé très fort : « Mais oui, mais on se connaît TRÈS bien nous deux. » Il m’a embrassé avec une familiarité déconcertante, car je ne l’avais vu qu’une ou deux fois. Et alors qu’il me tenait et me caressait les mains fermement et longuement, il m’a murmuré à l’oreille : « Rappelez-moi donc votre nom ? » Alors qu’il disait à tous qu’on se connaissait très bien, il ignorait tout de moi, mon nom, mon poste. Pourtant, ses mains tenaient les miennes avec insistance comme si nous étions des amis de très longue date. Une des dernières fois que je me souviens de l’avoir vu, c’était à l’ordination d’un collègue de classe. Sur le perron de l’église de Saint-Thomas-D’Aquin, je suis allée féliciter mon collègue. Monseigneur Ouellet se tenait près de lui et il était occupé à discuter avec des personnes. J’en ai profité alors qu’il était occupé. Mais, je n’ai pu m’échapper avant qu’il ne me voie. C’était la deuxième fois cette semaine-là que je le voyais. Il m’a dit quelque chose comme : « Mais ça fait deux fois qu’on se voit cette semaine ! Mais je peux bien vous embrasser à nouveau. Il n’y a pas de mal à se gâter un peu. » Je me souviens très clairement qu’il ait employé ces mots : se gâter. Les seuls mots qui me sont venus en tête c’était : non je ne suis pas ta gâterie. Cette fois-là, il m’a embrassé avec la main qui a glissé dans mon dos et qui s’est arrêtée juste là où le dos se mélange aux fesses… la zone grise du dos… celle qui est trop près des fesses pour être touchée par un inconnu et encore moins par son patron, mais pas assez bas pour être les fesses et qu’on puisse parler d’attouchement. Borderline… toujours borderline. J’ai compris ce jour-là, plus encore que tous les autres jours, que je devais le fuir le plus possible. J’étais inquiète, j’étais stagiaire. Mon mandat pastoral dépendait de lui et mon avenir professionnel. Heureusement, il a été nommé à Rome et j’ai pu éviter les événements en sa présence. J’ai eu un très grand soulagement quand il est parti.
J’ai compris, quand Mgr Lacroix a été nommé archevêque, que la relation avec Monseigneur Ouellet n’était pas ajustée. Monseigneur Lacroix ne m’a jamais touché au- delà de ce qui est acceptable pour un supérieur. Il connaissait mon nom, mais il n’a jamais fait semblant de me connaître plus que la réalité. S’il m’a embrassé, je n’en ai pas souvenir, car s’il l’a fait, c’était de façon appropriée. Il a toujours été juste dans ses comportements et ses paroles. C’est à ce moment que j’ai compris comment la dynamique avec Monseigneur Ouellet était biaisée. Par la suite, on m’a dit que je n’étais pas la seule à avoir ressenti ce malaise, que d’autres femmes vivaient le même malaise. Ce fut mon premier malaise ecclésial. Bien d’autres ont suivi par la suite et qui ne sont pas l’objet de cette lettre.
Je suis confiante que ce témoignage sera utilisé avec discernement et diligence. Très Saint-Père, je remercie Votre Sainteté de l’intérêt qu’elle portera à ce moment de ma vie qui a malheureusement Iaissé en moi des traces de méfiances et de désillusion face à l’institution ecclésiale.
Que Dieu nous accompagne dans cette recherche de vérité et de guérison,
Très Saint-Père, que votre Sainteté soit assurée de ma prière à son endroit.
Source: TVA Nouvelles
Dieu soit loué! La concupiscence du cardinal ne se projetait pas sur un autre homme. La faute est moins lourde…
“La où le dos se mélange aux fesses”. Ah qu’en termes galants ces choses là sont dites. A la limite de l’agression sexuelle. Quel fin juriste ce Ouellet !