De la CIASE et de son rapport qui assène des évidences (les 300 000 victimes), on a entendu certaines critiques, comme celle de l’Académie catholique de France. Le rapport Sauvé n’est donc pas intouchable. C’est justement cette interrogation critique qu’un ouvrage, qui sera publié aux éditions Via Romana au début du mois de mai prochain, remet sur le tapis. En effet, trois témoins réfléchissent à la méthodologie et aux conclusions de ce rapport que certains considèrent comme historique, mais qui est animé par certains présupposés. Doit-on passer ses défauts sous silence ? Trois témoins s’interrogent donc. Le Père Michel Viot est connu des lecteurs de Riposte catholique en raison de son parcours. Il n’est pas dupe du réquisitoire à charge contre la théologie la plus fondamentale. Yohan Picquart, écrivain et professeur de lettres, est l’auteur de nombreux ouvrages religieux et d’entretiens avec certaines personnalités, comme le Père Henri Madelin ou le cardinal Albert Vanhoye. Enfin, le préfacier, Paul Deheuvels, est membre de l’Institut (Académie des sciences) et auteur de nombreuses publications.
Outre la méthodologie retenue, il y a des arrières-fonds idéologiques particulièrement orientés. Comme cette attaque contre le sacerdoce, qui n’est en rien la mise en cause du cléricalisme, mais une pique contre le sacrement de l’ordre et la théologie sacramentelle. Car si la commission fut peut-être indépendante, mais elle n’a nullement été neutre et certainement pas étrangère à des lieux communs partagés par une théologie douteuse qui ne rêve que de “régler ses comptes” avec le sacerdoce. Derrière le masque de l’expertise, une véritable idéologie du soupçon où l’Église ne sort donc pas indemne.
Extrait:
Alors la Commission a beau écrire p. 319 « qu’elle n’entend nullement remettre en cause les fondements du sacrement de l’Ordre, ni la doctrine de l’Eucharistie… », elle prépare sa remise en cause, par des prises de position hors de sa compétence, comme de donner raison à une récente tribune du Père Laurent Stalla-Bourdillon qui donne la préférence à la formule « in personna Christi capitis » pour caractériser le ministère du prêtre, par rapport aux deux autres, et qui sait, à leur détriment (je n’ai pas lu le texte de toute la tribune), « alter Christus », et « ipse Christus ». On peut en tenir au moins deux ensemble, car je ne vois pas d’où il sort « ipse Christus » appliqué au prêtre, expression que je me garderais d’employer. Que certains prêtres se soient servis de l’autorité que confèrent de tels termes est abominable. Mais ce n’est pas là une raison pour en supprimer un, « alter Christus », parce qu’on estime qu’il est le plus dangereux. De plus, un tel principe étant acquis, et au nom de l’égalité baptismale, on finira par supprimer aussi celle qu’on veut garder en ce moment, par charité prévenante pour d’éventuelles futures victimes ! La doctrine catholique du ministère s’écroulera avec des conséquences qu’il n’est pas difficile d’imaginer.
Il y a bien d’autres attaques, même si elles ne sont pas forcément mentionnées dans cet ouvrage (comme la mise en cause par le rapport Sauvé du discours catholique sur la sexualité). Mais les objections qu’il soulève peuvent aider le catholique à s’interroger sur des arguments “massues”. On notera que le Père Viot se garde de toute attaque ad hominem contre Jean-Marc Sauvé, mais qu’il n’en est pas moins lucide sur la véritable machine à charge mise en place par un juriste certes éminent, mais déterminé.
S’il n’est pas question de nier la souffrance des victimes, les scandaleux silences qui ont couvert les abus sexuels, il fallait aussi remettre les pendules à l’heure. Surtout au moment où à Rome, on est réellement dubitatif sur le travail idéologiquement orienté de cette commission.
Père Michel Viot et Yohann Picquart, préface de Paul Deheuvels, Le rapport Sauvé, une manipulation ?, à paraître chez Via Romana le 20 mai 2022
Il faut dire ce que l’on voit. Mais il faut d’abord, et c’est plus difficile, voir ce que l’on voit.
Charles PÉGUY
Formidable machine de guerre contre l’Eglise, une de plus… Formidable complicité des “instances” toujours gourmandes de dialogue avec tout ce qui vise à leur/notre discrédit, voire destruction… Formidable confiance en ces témoignages si lointains et donc invérifiables… In memoriam : la vague de divorces prononcés dans les années 90/2000 au tort de pères supposés incestueux… On aimerait un peu de prudence.
ce rapport n’a qu’une destination raisonnable : la poubelle : ce n’est qu’une arme contre l’Eglise