Aline et Alain Weidert, membres de la fameuse “conférence des baptisé-es”, déjà connus pour leur hostilité à toute reconnaissance canonique de la FSSPX, signent une tribune dans La Croix pour expliquer qu’il faut abandonner la forme ancienne de la liturgie, au nom d’une foi qui se veut nouvelle, opposée à la théologie dite négative. Surtout ne plus parler du péché, du sacrifice, de réparation, d’enfer… En clair, nous n’avons pas la même foi et nous ne pouvons pas être en communion avec ces personnes. Mais il n’est pas certain que les fidèles de la messe réformée soient d’accord avec leur raisonnement. Extrait :
[…] Une foi qui découlerait encore de la lex orandi d’hier, qui a fait du catholicisme la religion d’un dieu pervers qui fait mourir son fils pour apaiser son courroux, religion d’un mea culpa et d’une réparation perpétuelle, conduirait à un contre-témoignage de la foi, à une image désastreuse du Christ. Preuve s’il en est : l’activation encore trop fréquente des indulgences, liées entre autres à des messes-sacrifices, rachats pour les péchés.
Nos messes sont malheureusement toujours empreintes d’un fort caractère sacrificiel « expiatoire » à finalité « propitiatoire » dans le but d’annihiler les péchés (20 fois mentionnés), de faire notre salut et de sauver des âmes de la vindicte divine. « Propitiation » que défendent justement bec et ongles les communautés Ecclésia Dei avec leurs prêtres sacrificateurs, formés à dire le Saint Sacrifice de la Messe, immolation véritable.
Le nombre de messes de réparation y frôle chez eux l’obsession, si bien que dix prêtres concélébrant avec leur évêque, ce sont neuf sacrifices en moins pour le salut des âmes ! Le nombre de signes de croix (47) y frôle la magie. « Le sacrement de l’Eucharistie » y est toujours « antidote » aux péchés (Concile de Trente 23e session).
C’est de cette partie immergée de la messe tridentine, dérive historique curieusement passée sous silence (taboue ?) dans les débats actuels, dont il faut continuer de sortir. Depuis Vatican II nous revenons de loin, vers la donne initiale d’une Eucharistie qui positive, d’un « Faites ceci en mémoire de moi ! » où tous sont conviés à être au quotidien Sacrement de l’Alliance : « Comme cette eau se mêle au vin en vue du sacrement de l’Alliance puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ». Sacrement de l’Alliance, notion neuve dans cette prièredepuis Vatican II.
[…] Ce qui serait grave, ce n’est pas qu’il y ait moins de messes par manque de prêtres mais que la vie des baptisés ne soit pas Alliance, vie offerte, parole donnée. La Messe, source, sommet et centre ne veut pas dire répétitif, exclusif. Jésus n’en a célébré qu’une, mais toute son existence a été Eucharistie, Sacrement de l’Alliance. C’est donc la vie des baptisés, comprise comme Sacrement-Alliance-Eucharistie, qui sauvera la forme-Église épuisée, effondrée. L’eau humaine y prend la couleur du divin, le vin y prend le goût de l’eau, leur « unité », leur alliance, est véritable « instrument du salut ». Fin de l’obsession du péché, il n’est que « le revers » du salut (Catéchisme de l’Eglise catholique 389).
Une tribune sortie des années 70. Comme vous pouvez le deviner, les auteurs ne sont plus très jeunes, mais par discrétion, nous tairons leur âge.