Dans un éditorial en accès libre et non signé, Le Monde ne fait pas seulement des recommandations, mais formule des exigences aux évêques de France, alors qu’ils tiennent leur assemblée plénière cette semaine :
L’Eglise ne peut en rester là : elle doit remédier aussi à l’« excessive sacralisation de la personne du prêtre » dénoncée par le rapport Sauvé, et à la marginalisation des laïcs en général et des femmes en particulier. Certaines des évolutions souhaitables supposent une réforme du droit canon, et donc une volonté du Vatican. Mais l’Eglise de France devrait donner l’exemple en engageant, avec les laïcs, une réflexion sans tabou sur leur implication dans la prise de décisions, sur l’exclusion des femmes du sacerdoce et sur la sexualité.
Le piège se referme. Il faut rappeler que la CIASE s’est formée à la suite de la création d’une commission parlementaire de gauche et d’extrême-gauche qui s’est auto-saisie en 2018, à la suite de la crise au sein de la communauté St Jean. L’épiscopat, sous la pression du procès du cardinal Barbarin, s’est plié à l’exercice en demandant à une commission pseudo-indépendante afin d’éviter une commission parlementaire. Sauf que cette commission comprend un certain nombre de pseudo-experts du gender, de militants LGBT et de personnalités progressistes, à commencer par son président, qui a justifié la mise à mort de Vincent Lambert.
Maintenant que la CIASE a rendu un rapport extrapolant le nombre de victimes et proposant des réformes non pas seulement structurelles mais aussi théologiques, l’épiscopat, qui pensait sortir par le haut de la pression politico-médiatique, se retrouve pris au piège. Déjà, les critiques fusent sur la sélection des personnes venues témoigner à l’Assemblée plénière, sur l’évacuation de certains sujets (secret de la confession, mariage des prêtres et désormais ordination des femmes…).
Les pressions subies par la CEF ont été fortes. Aussi, avec un jour d’avance sur le calendrier d’origine, l’assemblée plénière d’automne des évêques de France a débuté mardi au sanctuaire de Lourdes, afin d’aborder en détail la réception du rapport Sauvé. Mgr Crépy, évêque de Versailles et président de la cellule de lutte contre la pédophilie au sein de l’épiscopat, a déclaré aux journalistes que les évêques vont aborder la question d’une indemnisation des victimes, soulignant qu’il n’y «a aucune question taboue».
Et c’est pourquoi les évêques devraient se soucier d’unir les fidèles chrétiens plutôt que de repartir en guerre liturgique, avec le risque de perdre des forces vives dans cet immense combat eschatologique.