Paix Liturgique publie sa dernière lettre (n°831, 25 octobre) sur Mgr José Rodriguez Carballo, actuel secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et Sociétés de vie apostolique. Cette congrégation reprend la gestion ordinaire des communautés traditionnelles (relevant de la section Ecclesia Dei de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et avant de la Commission Pontificale Ecclesia Dei).
La lettre évoque la personnalité de Mgr Carballo mais aussi les potentielles visites apostoliques des instituts traditionnels (Ex Ecclesia Dei) :
Les communautés traditionnelles dans le collimateur
Tout laisse penser que Rodríguez Carballo s’attaquera d’abord aux deux plus importantes réserves de prêtres traditionnels et spécialement à leurs séminaires, la Fraternité Saint-Pierre (près de 350 prêtres) et l’Institut du Christ-Roi Souverain-Prêtre (près 150 prêtres). Divers « dysfonctionnements » seront cherchés avec zèle, mais on peut déjà imaginer qu’il sera essentiellement relevé par les visiteurs que la messe nouvelle n’a aucune place à l’intérieur de ces instituts et surtout à l’intérieur de leurs séminaires. Des discussions pourront alors avoir lieu, ces instituts arguant à juste titre que leur origine les vouent à la messe traditionnelle, Rome faisant sans doute valoir que la messe de Paul VI est la messe de droit commun dans l’Église et que le privilège concédé de célébrer traditionnellement peut être abrogé en fonction des circonstances nouvelles, et en tout cas ne saurait être exclusif de la célébration commune. In fine, un processus s’inspirant de celui mis en œuvre chez les Franciscains de l’Immaculée pourrait être appliqué : commissarisations des instituts dans le but d’introduire la messe nouvelle dans les séminaires des instituts. Ce qui reviendrait à les couler rapidement en les vidant de ce qui fait leur attrait spécifique pour les jeunes qui aujourd’hui s’y pressent, la liturgie tridentine, et aussi, peut-être, en provoquant des querelles à l’intérieur des instituts à propos des concessions à faire ou ne pas faire. Rome se jouant de la vies sacerdotales et des vocations: lorsqu’elles étaient jugées utiles, on les stimulait, et maintenant, lorsqu’on estime qu’il faut s’en débarrasser, on le fait sans état d’âme, avec un oubli machiavélique d’engagements qui ne relèvent pas d’un passé si lointain.
Mais… Mais le scénario rêvé par Mgr Rodríguez Carballo risque de se heurter à de notables difficultés. Le transfert de compétence des instituts ED de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique implique un transfert du matériau d’information sur ces communautés, qui a pâti du fait que tout le personnel du bureau de la CDF concerné a été licencié. Il faut ensuite le temps, si on veut être sérieux et respectueux des enjeux surnaturels en question, de la nécessaire connaissance de gros et nombreux dossiers concernant un monde qui reste encore, pour les nouveaux chargés de ces affaires, une terra incognita. D’autant qu’aussi acharnés au travail que soient certains hauts prélats de la Curie romaine, ils disposent d’un personnel qui paraîtrait ridicule pour les hauts fonctionnaires de rang équivalent dans les ministères et administrations. En outre, ce n’est pas nécessairement chose facile de trouver un nombre suffisant de visiteurs (évêques, abbés, religieux) pour visiter des maisons répandues sur toute la surface de la terre ayant une connaissance suffisante du milieu à inspecter, et aussi qui acceptent une charge peu gratifiante qui va ressembler à celle de représentants en mission chargés de faire appliquer les dicktats du Comité de Salut public. Enfin, à la différence de la plupart des instituts, sociétés, diocèses, habituellement visités, qui sont traversés par des divisions idéologiques importantes, ceux-ci fonctionnent de façon habituellement pacifique, contrairement à tant d’autres réalités ecclésiastiques, et sont homogènes, au moins en ce qui concerne ce que les caractérise et qu’on veut leur enlever, l’attachement à la liturgie traditionnelle.
Le temps qui va nécessairement s’écouler pour mettre tout cela en œuvre, dans un pontificat qui risque d’en manquer, est du temps gagné pour les victimes désignées. Qui plus est, le projet des démolisseurs – étouffer, une fois de plus, des communautés où il reste encore des vocations sacerdotales et religieuses – est fort mal compris par bien des prélats qui, par ailleurs, n’ont pas d’attachement particulier à la liturgie traditionnelle. Car, si le processus lancé par Traditionis custodes peut faire de sérieux dégâts, il est à contretemps, et va l’apparaître toujours davantage.
Mes chers Amis,
Méfions-nous: on nous a déjà fait le coup: il n’en sortira donc rien! Comme d’habitude!
Très humblement vôtre,
En union de prières avec vous tous,
Le pauvre pécheur que je sais être.