La réponse apportée par Mgr de Moulins-Beaufort dans La Nef est un peu légère. Il est regrettable que l’échevêque de Reims et président de la CEF fasse totalement l’impasse sur la quasi-absence de paroisses personnelles en France (alors que la FSSP en a 39 rien qu’aux Etats-Unis et que le pape lui en a octroyé une à Rome). Le problème des fidèles traditionalistes en France c’est qu’ils n’ont pas l’impression d’être accueillis pour ce qu’ils sont dans une paroisse à part entière et qu’ils doivent souvent jongler d’une église à l’autre. A titre d’exemple, le diocèse de Nanterre, qui compte aujourd’hui 3 lieux de messes dominicales selon la forme extraordinaire, ne propose pas de lieu de messe quotidienne (à moins de se rendre chez les Dominicaines du Saint-Esprit) :
Aujourd’hui, en beaucoup de lieux, les prêtres de plusieurs communautés Ecclesia Dei participent volontiers aux rencontres diocésaines et se trouvent alors bien accueillis par les prêtres diocésains. Tout prêtre ayant une mission dans un diocèse appartient à l’unique presbyterium de celui-ci. Réfléchir ensemble aux défis de l’évangélisation, travailler pour de vrai en théologie et en philosophie, accepter des ministères auprès de tous les fidèles et pas seulement des fidèles de la forme extraordinaire, sont des voies prometteuses. Du côté des fidèles, participer aux événements du diocèse (messe chrismale, ordinations, pèlerinages) en acceptant de célébrer la Messe avec la totalité de l’Église, participer aux formations diocésaines, prendre en charge des cours Alpha, servir les pauvres et les malades sans transporter auprès d’eux les différences de sensibilité sont des chemins d’unité. Cela suppose de la part de l’Église diocésaine de soigner la liturgie des célébrations, de veiller au sérieux des formations proposées, d’accepter des initiatives portées par des communautés « traditionnelles ». La Tradition est l’acte même de la vie de l’Église.
Dans le même numéro, l’abbé Paul-Joseph, supérieur du district de France de la FSSP, lui répond (sans doute involontairement) :
Mais les prêtres de nos instituts ne sont pas suffisamment sollicités pour des apostolats plus larges, en dépit de leur disponibilité dont je parle systématiquement aux évêques. Je pense aux hôpitaux, aux établissements scolaires, aux prisons : autant de lieux où les prêtres manquent cruellement, et où la question de la forme liturgique est secondaire. De même, nos instituts pourraient aider pour les funérailles, en célébrant des absoutes et en accompagnant les familles jusqu’au cimetière. Cela serait un soutien important pour les personnes endeuillées et une belle voie d’évangélisation. Mais, dans beaucoup de diocèses des réticences persistent et je trouve cela regrettable : cela prive le clergé diocésain d’une vraie aide, et empêche de nombreux fidèles d’avoir recours à un prêtre.