L’Abbaye Notre-Dame de l’Annonciation a fêté en octobre dernier le 40è anniversaire de sa fondation. Dans le sillage de l’Abbaye Sainte Madeleine du Barroux, Mère Élisabeth de La Londe (+2015) et 4 jeunes filles fondent une nouvelle communauté bénédictine. La communauté est reconnue canoniquement en 1989.
Mère Placide, abbesse de l’Abbaye Notre-Dame de l’Annonciation revient sur cet événement dans son éditorial de la lettre des Moniales ‘La Font de Pertus’ du 26 février 2020 (n°114).
Il y a quarante ans, jour pour jour, votre communauté était dans un petit berceau. Une toute petite communauté nouvellement née : une moniale et quatre postulantes. Une communauté fragile, fragile comme un enfant qui ne saurait vivre sans les soins paternels et maternels. Fragile, certes, mais déjà forte, car la force d’une communauté chrétienne ne vient pas d’abord de ce qu’elle peut faire, mais de ce que le Seigneur fait et de ce qu’Il donne.
Aux côtés de notre fondatrice, Mère Elisabeth, Dieu nous a donné un fondateur, Dom Gérard. “Il est bon de rappeler aujourd’hui les trois piliers que Dom Gérard a voulu nous transmettre dans un contexte ecclésial révolutionnaire. Ces trois piliers sont : une philosophie réaliste, thomiste ; les observances monastiques fidèles à “nos fondateurs”, le Père Muard, Dom Romain Banquet et Mère Marie Cronier ; et la sainte liturgie traditionnelle. Par cet héritage, Dom Gérard chantait la gloire de Dieu, qui se manifeste dans le mystère de la réalité de l’être,dans la sainteté de la vertu, et dans le caractère éminemment sacré du rite antique.
Ces piliers ne sont pas des pièces de musée. Vérité, observances monastiques et sainte liturgie abreuvent nos âmes, comme une source d’eau vive. Y être fidèles n’exclut pas les adaptations, nécessaires pour garder l’esprit de saint Benoît dans un monde qui change. “Mais Dom Gérard usait avec parcimonie de ces adaptations, pour une raison que l’idéologie libertaire a oubliée ou rejette avec orgueil : cette raison est que la nature humaine ne change pas, elle ne changera jamais. On entend très souvent comme un mantra : “Oh, la jeunesse est comme ci, elle est comme ça, et elle ne peut plus obéir comme avant ; il faut s’adapter à la jeunesse”. Il est vrai que si la barbarie a fait et fait encore des ravages dans les âmes; si le péché les blesse, ce n’est pas nouveau. Les psaumes le crient. Mais dans leur nature, les âmes ne changent pas. Et les instruments sacrés pour aller à Dieu, pour suivre le Christ dans la gloire de Dieu, ne changent pas.
Dom Gérard nous a transmis sa forte dévotion envers les anges gardiens. “Et les anges étaient là, continue Dom Louis-Marie. C’est une messe des saints anges gardiens qui fut célébrée il y a quarante ans, exactement la même qu’aujourd’hui. Aujourd’hui peut-être avec un peu plus de déploiement sacré… Les anges étaient là; penchés sur le berceau de votre communauté et, comme à Noël, ils chantaient la gloire de Dieu et le salut des âmes. Les anges ne chantent pas seulement, ils gardent et protègent ! Ils protège, oui. Cette petite communauté avait besoin d’être protégée et, maintenant qu’elle est devenue plus grande – à 40 ans, on peut dire qu’on est grand ! – et bien, cette communauté en a toujours besoin. En 1986, Dom Gérard avait prononcé solennellement un acte de consécration à la Vierge, votre sainte patronne, la suppliant de protéger nos monastères : que l’hérésie et l’esprit de schisme se brisent contre les murs de clôture. C’est une prière toujours actuelle, ô combien actuelle, et nous supplions les anges de nous garder, de nous protéger.