1. Pourquoi le projet de loi actuel est-il inquiétant ?
Parce que, comme l’ont déclaré unanimement tous les évêques de France, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules « institutionnaliserait d’emblée l’absence de père ». Certes, beaucoup d’enfants grandissent déjà en l’absence de père ou avec un père défaillant mais le drame de la « PMA pour toutes » serait de créer délibérément ce traumatisme et de supprimer a priori toute référence paternelle. D’autres mesures (concernant par exemple la recherche sur l’embryon ou le diagnostic prénatal) sont également gravement contraires au principe de dignité, fondateur pour notre vie en société.
2. L’Eglise est-elle dans son rôle en se mêlant ainsi de politique ?
La mission essentielle de l’Eglise est de vivre et d’annoncer l’Evangile. Mais, dans cette lumière, elle est aussi appelée à témoigner en faveur de la dignité de toute personne humaine et de la véritable fraternité. L’engagement de l’Eglise dans la cité est à la fois éthique et social : alors que la médecine d’urgence et de proximité est en crise, alors que les plus pauvres sont souvent privés de certains soins, donner la priorité financière aux transgressions éthiques est encore plus choquant.
3. L’Eglise catholique est-elle la seule à s’opposer au projet de loi ?
L’ensemble des confessions religieuses a eu l’occasion d’exprimer de profondes réticences. La philosophe du féminisme, Sylviane Agacinski, ou le sociologue de mai 68, Jean-Pierre Le Goff, parmi d’autres intellectuels reconnus, ont manifesté leurs oppositions. L’Académie de Médecine elle-même a émis de fortes réserves. Croyants et non croyants se rencontrent donc pour estimer ce projet gravement défaillant.
4. Comment réagir à ce projet en chrétiens ?
Il faut d’abord que chacun prenne le temps de réfléchir sérieusement (beaucoup de documents sont disponibles sur le site eglise.catholique.fr). Il est ensuite important de se manifester d’une manière ou d’une autre (manifestation publique, lettres aux élus, prise de parole autour de soi…). Il est enfin décisif d’unir, sur ce sujet comme sur tous les autres, détermination courageuse et bienveillance paisible.
5. L’Eglise ne sait-elle que dire « non » au progrès ?
La position de l’Eglise est toujours et fondamentalement un grand « oui » à la vie et parfois, quand il le faut, un « non » à ce qui la défigure. L’Eglise comprend et veut accompagner la souffrance des couples en attente d’enfants. Elle accueillera toujours tous les enfants, quelle que soit la manière dont ils ont été conçus. Mais le progrès n’est pas la fuite en avant sans discernement suffisant dans tout ce que permettent les nouvelles technologies. Le véritable progrès c’est le respect de la dignité de toute personne humaine, c’est l’écologie intégrale : le respect et le développement de la vie si belle et si fragile qui nous est confiée.
Nanterre le 23.09.19
Mgr Matthieu Rougé