Notre confrère Paix Liturgique vient de publier sa lettre 612 du 20 septembre avec un sondage sur la forme extraordinaire au Brésil. Ce pays compte le plus de catholiques au monde : 65% de la population en 2010 (soit 120 millions de personnes) et voit une très forte progression de la forme extraordinaire avec la présence accrue ces dernières années de la Fraternité Saint-Pie X, de l’Union Sacerdotale Saint Jean Marie Vianney de Campos (qui desserrent plusieurs diocèses en dehors de Campos), de l’Institut du Bon Pasteur… et de prêtres diocésains.
Au lendemain du concile Vatican II, un seul évêque résidentiel au monde refusa nettement les livres liturgiques promulgués par Paul VI : Mgr Antonio de Castro Mayer, évêque de Campos, petit diocèse au nord de l’État de Rio de Janeiro. Ce refus, « le lion de Campos » l’opposa non pas pour lui mais pour tout son diocèse. Du coup, jusqu’à sa résignation en 1981, le missel de saint Grégoire-le-Grand, de saint Pie V et de saint Jean XXIII demeura effectivement et légalement en usage pour les prêtres et les fidèles du diocèse. De la résistance de Mgr de Castro Mayer – qui participera ensuite, en 1988 à Écône, avec Mgr Lefebvre, aux sacres de quatre évêques sans mandat pontifical – naîtra l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney, reconnue par Rome en 2001 et dont la juridiction correspond au territoire du diocèse de Campos.
Le Brésil, c’est aussi la terre de Plinio Correia de Oliveira, fondateur du mouvement TFP (Tradition Famille Propriété). D’une opposition à la nouvelle liturgie solidement fondée (*), la TFP a, à la mort de son fondateur, connu plusieurs scissions desquelles sont nées de nouvelles associations qui, à l’image de l’association Montfort, ont souvent conservé la liturgie tridentine et constituent aujourd’hui des foyers, laïcs, œuvrant à sa préservation et à sa transmission.
On trouve aussi au Brésil une fondation de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, le monastère de la Sainte-Croix, à Nova Friburgo : après s’être séparé du Barroux après 1988, son supérieur a ensuite suivi Mgr Williamson qui l’a consacré évêque en 2016.
En fait, à bien des aspects, il y a des analogies entre le Brésil et la France : dans un pays comme dans l’autre, l’amplitude des dérives doctrinales, pastorales et liturgiques a donné lieu à de multiples résistances allant dans le sens de la défense de l’orthodoxie doctrinale et de la tradition liturgique. La proximité des intellectuels brésiliens d’hier, spécialement des intellectuels catholiques, avec la culture française, et inversement – nous pensons à Georges Bernanos cherchant au Brésil le parfum d’une jeune terre chrétienne qu’il ne retrouvait plus dans une France avachie – a en outre pu favoriser des similitudes de parcours. Ainsi, c’est assurément à la personnalité de Gustave Corçao (1896-1978), un des maîtres de l’école catholique conservatrice, contributeur régulier de la revue Itinéraires de Jean Madiran, qu’est due la fondation d’un monastère à Nova Friburgo par Dom Gérard.
Poser au Brésil la question de la forme extraordinaire romain nous semblait un complément naturel de nos enquêtes européennes.I – LES RÉSULTATS
Sondage effectué par Conecta du 2 au 14 juin 2017 selon la technique des Panels en ligne sur un échantillon de 1032 catholiques sur 3259 internautes brésiliens (1)
1 : Assistez-vous à la messe ? (1)
Chaque dimanche et fêtes : 33 %
Tous les mois : 20 %
Aux fêtes solennelles : 9 %
À l’occasion : 38 %
2 : Le Pape Benoît XVI a rappelé il y a 10 ans que la messe pouvait être célébrée à la fois sous sa forme moderne dite « ordinaire » ou « de Paul VI » – en portugais, le prêtre faisant face aux fidèles, la communion reçue debout – et sous sa forme ancienne dite « extraordinaire » ou « de Jean XXIII » – en latin et grégorien, le prêtre tourné face à l’autel, la communion reçue à genoux. Le saviez-vous ?
Oui : 41 %
Non : 59 %
3 : Considéreriez-vous comme normal ou pas normal si les deux formes liturgiques – celle moderne, dite « ordinaire », en portugais, et celle traditionnelle, dite « extraordinaire », en latin et en grégorien devaient être célébrées dans VOTRE paroisse ?
Normal : 49 %
Pas normal : 35 %
Ne se prononcent pas : 16 %
4 : Sans se substituer à la messe en forme ordinaire, si la messe en forme extraordinaire était célébrée dans VOTRE paroisse, y assisteriez-vous ?
Chaque semaine : 27 %
Tous les mois : 22 %
Aux fêtes solennelles : 13 %
À l’occasion (mariages, baptêmes…) : 29 %
Jamais : 9 %
(1) Les personnes sondées appartiennent à la part de la population brésilienne ayant accès à Internet, soit seulement 62 % de la population.
Laissons faire le temps.
Et surtout continuons à défendre la seule vraie Messe catholique romaine qui renouvelle le Sacrifice quotidien de Notre Seigneur jusqu’à la fin des temps pour le salut des âmes.
Le repas protestant imposé par Vatican II finira à la Géhenne.