Il est ressuscité ! Imaginez l’excitation des salles de presse, l’embouteillage dans les aéroports de Rome, si, trois jours après la mort d’un pape, on annonçait : il est ressuscité. Même l’AFP en ferait une dépêche (reprise en boucle avec les fautes d’orthographe) et les rédactions les plus athées et laïcardes enverraient des reporters dans la ville qui d’éternelle deviendrait l’immortelle. Sans doute, l’AFP en moins, une telle effervescence a dû mettre en émoi Jérusalem, la Judée et par ricochet les postes de l’administration romaine, lorsque trois jours après la crucifixion du Nazaréen, la rumeur emplit une ville encore secouée des spasmes des délires d’une foule hystérique et toujours pleine des lamentations abattues des fidèles du Christ, mort, enterré et soigneusement gardé.
Qui peut vraiment mesurer l’ampleur d’un tel évènement ? Deux mille ans ont passé et désormais l’incroyable événement est soit devenu la banale certitude des chrétiens, soit l’impossible fable d’une légende démodée. Et pourtant ! Après l’Incarnation qui fit descendre l’infini dans le temps fini des hommes, la résurrection ouvre l’éternelle béatitude en dressant entre terre et Ciel l’échelle de l’éternité. Peut-être n’en avons-nous plus conscience, mais avec cette Croix plantée entre la terre et le Ciel, le quotidien des hommes est passé de l’horizontal au vertical. Désormais, nous sommes invités à une ascension permanente vers le Ciel, la véritable patrie de tout homme. Pourtant, nous vivons toujours comme si nous étions citoyens de cette vallée de larmes. Avouons-le, ce n’est pas si mal ici-bas ! Pour certains, il est vrai que ce monde est un enfer à quitter au plus vite. Mais pour beaucoup le monde humain est suffisamment bien, oubliant, ou méconnaissant que si c’est vrai sous bien des aspects, le monde de Dieu c’est encore mieux. Il ne s’agit pas de nier ce monde qui est le nôtre, ni de condamner ce qui est bon, ni de le mépriser ou de le minimiser. Mais quelle que soit la bonté de ce monde et de ce que nous pouvons y trouver de beau et de grand, la vie avec Dieu est infiniment au-dessus du meilleur d’ici-bas. Toutefois, cela n’est vrai que pour qui désire Dieu, dans la mesure où la vie éternelle consiste à aimer, voir et connaître Dieu. Le malheur fondamental de l’homme se trouve à ce niveau précis de distorsion entre l’amour de Dieu et le bonheur de l’Homme. Par création, l’homme est fait pour trouver la plénitude de son bonheur en Dieu. Rien ne le rendra jamais pleinement heureux qu’une relation intimement amoureuse avec Dieu. Mais trop souvent, même catholique pratiquant, l’homme oublie cette vérité profonde et sans toujours se détourner de Dieu, ne parvient pas à faire de Lui la joie de son cœur.