On n’arrête pas le progrès. La société Playmobil, dont le succès ne s’efface pas chez les jeunes consommateurs, s’intéresse à leur salut. Mais attention, pas n’importe comment. Elle vient de lancer, à l’occasion du 500e anniversaire de la publication des thèses de Luther, une figurine à son effigie. Attention encore ! pas de paranoïa. Le monde enchanté des petits personnages en plastique compte quelques figures « catholiques » : bonnes sœurs, moines, crèche et même une papamobile qui enchantera les amateurs de camions de pompiers. Il n’y a donc pas de boycott à envisager du côté de la firme bavaroise, sauf à s’interroger sur l’intérêt de la chose en elle-même.
Y a-t-il encore des petits garçons, entre Wittemberg et Upsala, que la figure de Luther exalte, ou, à défaut, des parents « évangéliques » qui tiennent à peupler l’univers imaginatif de leur progéniture par l’image de l’ex-moine augustin ? Dans le protestantisme vivant, pentecôtiste ou fondamentaliste, à la théologie ou à l’héritage historique un peu courts (pour dire les choses gentiment), comme on sait, les grands ancêtres ne jouissent pas d’une position tellement notable. Trop vieux, trop « traditionnels », sauf à garnir l’arsenal anti-catholique.
Alors, Martin Luther-playmobil, à la poubelle ?
Pour voir un intérêt pédagogique à la chose, il faut aller chercher du côté d’un confrère britannique, aussi facétieux que bon théologien, et radicalement « roman catholic ». C’est ici : http://the-hermeneutic-of-continuity.blogspot.fr/2016/10/a-made-up-luther.html. Voici la méthode qu’il propose pour accompagner le joujou :
« La figurine offre beaucoup d’occasion de s’instruire. Le manteau de Martin incarne le manteau de droiture, comme dans la justification extrinsèque. Il enveloppe extérieurement Martin sans le changer intérieurement. À vous de décider si l’on doit ôter à Martin son chapeau clérical, lorsqu’il décide que le sacerdoce des baptisés n’est pas distinct du sacerdoce ministériel, et, bien entendu, si le chapeau peut être posé sur la tête de n’importe quel autre playmobil qui aurait reçu le baptême. On peut enlever à Martin sa Bible, et poser l’« Écriture seule », à côté. Bref, des heures d’amusement en perspective ! »
Et le confrère de conclure en déposant la figurine au pied de la statue de saint John Fisher, martyr, comme pour l’exorciser.
Inégalable british (catholic) humour !
…. je rebondis : sauf qu’en ce moment le pape François 1er ignore ces saints martyrs que sont John Fischer, Thomas More et ces brillants défenseurs de la foi tels que le cardinal Cajetan.
Cela mériterait de l’écrire, et cela n’a rien de polémique à une époque où un timbre sera émis par le Vatican en l’honneur de Luther, qu’une rue Luther sera inaugurée à Rome et que le pape, tel un cabotin, se laisse photographier dans ses “palais” auprès d’une statue offerte de ce rebelle à la foi catholique.
Cela donne un parfum de scandale, vous conviendrez.
Alors, vous savez, Playmobil, qui est une multinationale sans âme et acquise au LGBT….