L’archevêque de Paris, le cardinal Vingt-Trois, a prononcé une homélie politique, ce soir, à Paris, lors de la messe annuelle des parlementaires et des politiques, en l’église Sainte Clotilde à Paris.
Il s’en est pris à «la tutelle médiatique». Elle stériliserait la qualité du débat politique. Il recommande donc aux politiques d’échapper au «sortilège de la médiatisation artificielle» pour privilégier «l’intelligence et la raison».
«La captation médiatique de la campagne électorale s’accompagne de sa réduction à un “combat des chefs” où les facteurs personnels priment sur la présentation des programmes. Les candidats éventuels sont réduits dans leurs prestations publiques à prendre position sur telles ou telles affirmations des autres candidats, comme si leur seul apport spécifique était de se démarquer des autres.»
Ensuite, les électeurs et «le soupçon qui guette tout le discours politique». Le problème est que la campagne n’est pas un jeu télévisé politique et que les électeurs ne sont pas dupes.
«Ils n’acceptent plus l’écart entre l’apparence et les convictions» et ils nourrissent «une réaction de rejet des discours politiques». «Cette aversion pour les hommes et les femmes qui se donnent au service de la société est injuste et suicidaire pour le gouvernement du pays».
Beaucoup de Français pensent que voter «ne changera rien». Le cardinal demande aux candidats de ne pas promettre
«une assistance plus généreuse à chaque catégorie de Français qu’auront à payer les générations suivantes» mais qu’ils aient «le courage de dire les choses telles qu’elles sont et non pas telles qu’on les rêve».
Le «courage de la vérité» est le seul moyen, pour l’homme d’Église, d’«échapper à la démagogie».
Il a (enfin) critiqué le personnel politique qui prend les électeurs pour des imbéciles:
«Ce serait mépriser la raison des électeurs que croire qu’ils se déterminent principalement sur des critères de publicité médiatique ou en fonction de leurs seuls intérêts particuliers, lance l’archevêque. Ce serait mépriser les électeurs que de les juger inaccessibles aux intérêts généraux du pays et incapables de comprendre et d’accepter les réformes nécessaires.»
Tout ceci en reste à la surface de la politicaillerie, face aux immenses défis de notre monde, avec le tsunami migratoire, qui déstabilise nos sociétés et détruit le bien commun, la prégnance de la culture de mort, la lutte indispensable contre le terrorisme musulman…
«Nous devons prendre en compte des causes internes. Croire que la cause du mal vient toujours d’ailleurs est aussi une façon de reculer devant les questions que nous devons collectivement nous poser sur l’équilibre de notre société. On peut compter sur la solidarité européenne, mais elle ne nous épargnera pas les sacrifices économiques que nous devons consentir. Nous pouvons espérer vaincre militairement Daech, mais cela ne nous évitera pas de nous poser des questions sur la dérive de jeunes qui sont nés chez nous et y ont été éduqués. (…) C’est au prix de cette confrontation à la vérité que nous pouvons retrouver une véritable solidarité qui soit le ciment de notre société.»
Le cardinal Vingt-Trois, candidat en 2017 ?