La théorie du genre, si on en parlait ?
Dimanche 2 octobre, le pape François a accusé les manuels scolaires français de propager un « sournois endoctrinement de la théorie du genre ». Suite à cette déclaration du souverain pontife, Najat Vallaud-Belkacem a déclaré : « Je regrette ces paroles légères et infondées » et « La théorie du genre n’existe même pas dans ces livres ».
Comme tout le monde en parle, mais que personne ne sait vraiment ce qu’il en est, et que ceux qui la propagent s’en donnent à cœur joie de nous dire que la théorie du genre n’existe pas, il faudrait la définir en termes clairs. C’est ce que nous allons faire : la « théorie du genre » peut être résumée ainsi : « Les hommes et les femmes se comportent différemment en fonction d’un conditionnement dû aux interactions qui n’auront pas été les mêmes en fonction de leur sexe. ».
Les corolaires de cette théorie sont :
- La discrimination des femmes est issue d’une différence de rôle et de comportement dans la société, elle-même issue d’une différence de traitement dès le plus jeune âge. Ainsi, en supprimant toute différence d’éducation entre les enfants en fonction de leur sexe, on participe à la lutte contre les inégalités homme-femme ».
- Quel que soit son sexe biologique, un individu pourra être d’un genre opposé, en fonction de la façon dont il interagit avec la société.
Cette théorie est donc à l’origine des politiques soi-disant contre la discrimination, et cette application n’est pas récente en soit. Lorsque moi-même j’étais au collège, notre professeur d’histoire géographie nous vantait les mérites du modèle suédois, où par exemple chaque publicité était faite avec une version masculine et une version féminine. Les pays scandinaves ayant été pionniers de l’application des principes issus de la théorie du genre, un rapide coup d’œil à leur société montre que le personnel infirmier est toujours majoritairement féminin, et que même dans le plus pur égalitarisme, le sexe de l’individu influence son choix de carrière.
Outre donc le fait que l’expérience montre que ces principes ne fonctionnent pas, il faut montrer l’absurde du raisonnement.
Déconstruction de la théorie du genre :
Le principal point à voir est que le cerveau des filles et des garçons est déjà différent à la naissance. La partie la plus facile à observer est l’aire préoptique, parfois appelé nœud sexuel préoptique. Cette aire se différencie entre mâle et femelle entre le 20ème jour de vie embryonnaire et le quatrième jour après la naissance, au-delà la sexualisation du cerveau est définitive.
Le mécanisme de ce phénomène a été élucidé1. Pour résumer, une hormone stéroïde produite par la gonade chez l’individu de sexe masculin réduit l’activité d’une ADN méthyle transférase. Les gènes méthylés ne sont plus transcrits. Le développement des caractères féminins du cerveau est donc activement réprimé chez les individus mâles.
Ensuite, la différence de comportement entre filles et garçons n’est pas propre à l’espèce humaine, des expériences sur le choix de jouets chez les jeunes primates montrent qu’eux aussi font des choix en fonction de leur sexe2. Ces expériences peuvent être vues sous différents points de vue, certains diront que les deux sexes jouent avec les deux jouets, mais avec des temps différents. Ce qui, au passage, montre que le choix des jouets est lié au sexe de l’individu, et comme par hasard, un mâle jouera plus longtemps avec un camion. Il semble qu’il y a un long travail d’évolution derrière ce comportement, et l’on peut difficilement concevoir que Dame Évolution, dans sa grande sagesse, ait naturellement sélectionné la préférence des jouets chez les primates, il doit donc y avoir un caractère de sélection annexe qui l’explique et qui reste à déterminer.
Le comportement et les interactions des jeunes chez les primates sont aussi dépendants du sexe3. Les mâles ayant très tôt plus d’interactions avec des adultes que les femelles, ce comportement est donc ancré profondément dans notre lignée, et ne peut pas résulter d’un conditionnement social.
Conclusion
La théorie du genre, qui associe les différences homme-femme à une façon différente dont la société traiterait hommes et femmes dès le plus jeune âge, en omettant la biologie, qui explique seule la plupart des observations, doit être rejetée.
La vision d’un genre ne dépendant que du rôle social au bon vouloir de l’individu est également dangereuse. En effet, 69% des jeunes se disant d’un genre opposé à leur sexe biologique souffrent d’une pathologie psychiatrique sous-jacente4. Quand à l’inefficacité des mesures d’éducation non-genrée, l’expérience des pays scandinave (ou plutôt fennoscandiens) devrait convaincre de leur inutilité.
Malheureusement, un système de pensée s’est imposé, basé sur un sophisme issu de la sociologie, cette discipline autoréférencée qui est à l’origine de nombreux maux de notre société. Plutôt que de simplement lutter contre la théorie du genre, il serait judicieux de couper l’arbre à la racine et de faire un grand ménage dans les sciences sociales en général.
Benjamin Leduc
Références :
- Nuent, B. M. et al. Brain feminization requires active repression of masculinization via DNA methylation. Nat. Neurosci. (2015).
- Williams, C. L. & Pleil, K. E. Toy story: Why do monkey and human males prefer trucks? Comment on ‘Sex differences in rhesus monkey toy preferences parallel those of children’ by Hassett, Siebert and Wallen. Horm. Behav. 54, 355–358 (2008).
- Lonsdorf, E. V. et al. Boys will be boys: sex differences in wild infant chimpanzee social interactions. Anim. Behav. 88, 79–83 (2014).
- Byne, W. et al. Report of the American Psychiatric Association Task Force on Treatment of Gender Identity Disorder. Arch. Sex. Behav. 41, 759–96 (2012).