Gabrielle Cluzel démontre que sous prétexte de libération des femmes, le féminisme a nié la féminité, notamment en voulant faire des femmes des hommes comme les autres.
En quelques pages d’un style alerte, Gabrielle Cluzel éconduit les ultimes illusions d’un féminisme à la Beauvoir qui vit ses dernières heures. Sous prétexte de libération des femmes, ce courant de pensée a nié la féminité, notamment en voulant faire des femmes des hommes comme les autres. Sans négliger les contraintes qui pesaient sur les femmes jusque dans les années 1970 (interdiction d’ouvrir un compte bancaire à son nom, droit de vote obtenu en 1944, tutelle du père ou du mari), l’auteur démontre les impasses du courant féministe qui en libérant a surtout précarisé.
L’explosion des divorces et l’accroissement des familles monoparentales mettent bon nombre de femmes en situation de grande insécurité sociale, générant de vastes poches de pauvreté. L’auteur s’intéresse également à la hausse constante des violences faites aux femmes ; des violences qui commencent parfois dès l’âge du collège. Elle cite ainsi plusieurs affaires de viols, voire de meurtres, impliquant des jeunes filles et leurs camarades de classe. Il y a là une véritable interrogation sur le devenir d’une société qui a cru que l’égalité, voire l’égalisation, allait mettre un terme à cela. Or, c’est l’inverse qui s’est produit : les femmes n’ont jamais semblé aussi malmenées que dans cette société qui prétend avoir gagné l’égalité des sexes. Dans le féminisme comme ailleurs, la négation du réel a été une mauvaise chose et percute aujourd’hui les personnes.
De façon plus large, Gabrielle Cluzel s’inscrit dans un mouvement intellectuel où l’on voit de jeunes femmes se lever contre la dictature gauchisante de la pensée féministe des années 1960-1980. Avec l’auteur italien Costanza Miriano, la sexologue Thérèse Hargot, ou la journaliste du Figaro Eugénie Bastié, c’est une nouvelle génération qui cherche à rénover le débat sur la place des femmes dans la société. Non pour en faire d’autres hommes, mais simplement pour rappeler que les femmes sont autres, avec leur génie et leur sensibilité propre. Si les femmes peuvent gagner à cette clarification, il en va de même pour les hommes qui gagneraient à affirmer davantage le véritable sens de la paternité et de la masculinité.
- Gabrielle Cluzel, Adieu Simone ! Les dernières heures du féminisme, Le Centurion, avril 2016.
Par Jean-Baptiste Noé, sur Contrepoint