Alors que nous fêtons aujourd’hui saint Cyprien de Carthage, le pape d’Afrique, il me semblait intéressant de proposer comme réflexion spirituelle sa spiritualité du martyre. Une spiritualité qui par les temps qui courent n’est peut être pas si éloignée de notre réalité quotidienne.
Entre théologie et pastorale, Cyprien de Carthage ne fait aucune distinction. Pour lui la charge du pasteur est théologique et se nourrit à la source même de Dieu. Grand pasteur parce que grand théologien, il est hanté par le salut de son peuple pour qui il désire le bien suprême qu’est l’union intime avec Dieu. Parmi tous les moyens à sa disposition pour conduire ses fidèles à la gloire divine, il en est un, cuisant d’actualité pour lui, le martyre. Toutefois, l’évêque ne voit pas dans la mort du témoin du Christ la réalisation du salut, mais dans le combat amoureux qu’il a livré et que vient achever l’instant ultime de la vie. Mais combat de la foi, avant tout, cette couronne rouge du martyre est aussi la couronne blanche du coureur qui lutte quotidiennement dans un monde hostile pour rester fidèle. La seule différence entre ces deux couronnes est que la rouge conduit directement au ciel, tandis que la multitude des couronnes blanches doivent attendre la mort qui scelle éternellement le destin du soldat du Christ. Mais les mérites ne sont pas moindres et le Christ combat tout autant avec les soldats blancs que rouges. Par cette vision le Carthaginois développe une véritable théologie du salut par l’incarnation, une théologie du martyre.