L’abbé Vincent Bétin, FSSPX évoque la Sainte Famille et plus particulièrement Saint Joseph dans l’éditorial de La part des anges (n° 12, janvier 2025), bulletin de l’apostolat de la FSSPX à Romagne.
Ce foyer de Nazareth, temple de la paix et de l’amour réhabilité, nous montre la forme la plus épurée de l’amour.
Cela a commencé par la Lumière de Dieu dans l’âme de ce grand Patriarche : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie ton épouse, car ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils et tu le nommeras Jésus, car il sauvera son peuple de tous ses péchés.
Les lumières de Dieu, qu’elles soient données dans le sommeil extatique ou dans la veille, illuminent l’âme jusqu’au fond, y produisent la certitude. La prophétie d’Isaïe s’éclaire comme un paysage obscur frappé par le soleil.
Sans hésiter Joseph obéit. Il prend chez lui Marie, donnant, par là, aux fiançailles la sanction définitive du mariage. Extérieurement semblable à tous les autres, le mariage se déroule dans les ruelles de Nazareth. Le cortège des jeunes filles vient, à la tombée du jour, avec des lampes allumées et des branches de myrte, pour prendre Marie à la maison de I’Annonciation, et la conduire, cent pas plus loin, à la maison de Joseph.
Semblable à celle de Marie, celle-ci comprend une grotte dans le calcaire, avec une lucarne sur le jardin, ce sera la cellule de Marie, un avant-corps de logis maçonné, servant de cuisine et d’atelier. À côté de l’établi, une natte où Joseph prend son repos.
Par ce mariage, les généalogistes Matthieu et Luc s’en souviendront, Jésus descend de David par Joseph. D’ailleurs, les deux époux viennent de la même souche royale.
Ce mariage, consécration mutuelle de leur virginité, était néanmoins nécessaire, pour sauver, aux yeux des Nazaréens, qui ignorent le mystère de la conception virginale, l’honneur de la mère et de l’enfant, pour donner un courageux protecteur à ces deux faiblesses.
Admirable figure que celle de ce simple ouvrier à l’âme royale, modèle d’abnégation, de courage silencieux. Désormais, rien ne troublera la paix, la mutuelle confiance des deux époux. L’épreuve donna à cette confiance une consécration nouvelle. Leur justice en une heure d’obscurité tragique, leur a dit… ne jugez pas !
Ne jugez pas ! Joseph n’a pas jugé le silence de Marie. Marie n’a pas jugé les anxiétés de Joseph. La portée d’une telle leçon ! Comme nous avons tort de passer distraitement sur ces incidents. Dieu les voulut en cette ligne de partage des mondes, pour leur donner une valeur d’éternité. En ces temps-là, pour un soupçon, Hérode avait fait égorger sa femme Mariamne. C’était la barbarie… c’est notre nouvelle barbarie. La scène que nous venons de méditer a façonné notre civilisation. Nos aïeux la méditèrent, et de cette méditation naquit une civilisation nouvelle… ne jugez pas !
Qui dira ce que les foyers chrétiens de nos pères durent de délicatesses, de patience, de mutuel respect à cette scène que les catéchistes ne manquaient pas de commenter par ces paroles de Jésus… ne jugez pas et vous ne serez pas jugés !
Ne jugez pas témérairement ! Or c’est presque toujours juger témérairement que de se mêler d’apprécier la portée morale des actes d’autrui. Bien sûr, les faits condamnables doivent être condamnés, mais ce ne peut être que le fait d’un juge, qui a la compétence, l’autorité et la connaissance de ce qu’il juge… trouvez moi un homme capable de juger le cœur d’un autre homme… il n’y en a qu’un, Il s’appelle Jésus, et II est la Lumière de cette chaumière de Nazareth. Qui en dehors de celui qui scrute les cœurs et les reins, peut se vanter de porter un jugement équitable sur les consciences ?