Le président français François Hollande a rencontré le pape François en audience privée, ce mercredi 17 août. Trois semaines après l’assassinat du père Jacques Hamel par un islamiste, cette visite tend à indiquer que le chef de l’Etat français cherche à se réconcilier avec les catholiques français. C’est ce qu’estiment différents médias et observateurs.
Avant même la rencontre entre le président Hollande et le pape François, la presse française, tant catholique que généraliste, a vu dans cette visite un changement d’attitude du président à l’égard de l’Eglise catholique. Après une période de relations plutôt froides entre Rome et la République française, le climat semble avoir changé. L’assassinat barbare du prêtre Jacques Hamel, au cours de la messe, par un jeune djihadiste le 26 juillet dernier, a choqué bien au-delà des cercles de l’Eglise. Le jour de l’attaque, François Hollande a téléphoné au pape pour lui faire part du « chagrin du peuple français après cet odieux assassinat« , indiquant que, « lorsqu’un prêtre est attaqué, c’est toute la France qui est meurtrie« .
Bernard Lecomte, écrivain et spécialiste du Vatican, a expliqué à l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » que « les objectifs recherchés par les deux hommes sont très différents« , François Hollande se plaçant d’abord dans une logique électoraliste. « Le chef de l’Etat a été sensible, surpris, impressionné même par l’extraordinaire réaction de l’Eglise de France suite aux événements tragiques survenus à Saint-Etienne-du-Rouvray. Comme c’est un politique, il a compris qu’il ne pouvait ignorer ce qu’il pense être le ‘vote catholique’ et a donc demandé au pape une audience« . De son côté, le souverain pontife a accepté car, « traditionnellement, le principe veut que les papes reçoivent tous les dirigeants qui leur en font la demande« .
« François Hollande y va pour les photos, pour montrer que les catholiques peuvent compter sur lui. Il était temps! (…) Car depuis le début du quinquennat, le climat de la laïcité en France tient plutôt à l’ironie et au mépris à l’égard des catholiques de France. Mais ils ne sont pas dupes« , a encore déclaré Bernard Lecomte.
Un geste de reconnaissance
Guillaume Goubert, directeur du journal « La Croix », estime quant à lui que cette visite est « un geste de reconnaissance » du chef de l’Etat français « pour l’attitude des catholiques au moment de l’assassinat du père Hamel« . Selon lui également, François Hollande a été « impressionné » par la « hauteur des réactions des fidèles, des prêtres, du pape » après l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Les catholiques ont montré « une volonté de résister à la haine et à l’esprit de vengeance« . François Hollande aurait ainsi « pris conscience du rôle que peut jouer l’Eglise catholique en tant qu’institution dans ces temps troublés« .
La fin des religions?
Selon ce que confiait François Hollande lui-même à des journalistes de la presse catholique, certains ont pu croire, dans l’histoire de France, que l’émancipation viendrait de la fin des religions, rapporte de son côté Isabelle de Gaumyn, rédactrice en chef adjointe de La Croix. Or, aujourd’hui, on tendrait à voir, au contraire, ce qu’elles peuvent apporter au lien social. « La République laïque ne signifie pas la République païenne« , a admis le président.
« A condition », explique Isabelle de Gaumyn, « qu’on laisse les religions remplir ce rôle. Cette vitalité, justement, ne s’est pas réalisée, si j’ose dire, par l’opération du Saint-Esprit! Mais elle est due à un travail patient, depuis des années, sur le terrain, d’éducation, de transmission, par un réseau de croyants, qui agissent auprès des exclus, des jeunes, des gens en difficulté, et aussi pour le dialogue avec les autres religions, grâce à l’existence d’associations et d’institutions, et d’un travail de réflexion théologique. Une présence dans l’espace public, que les hommes politiques ont si vite tendance à contester aux religions. Une fois passée l’émotion de saint Etienne-du Rouvray, on espère que François Hollande, et avec lui toute la classe politique, retiendra la leçon« .
« On efface tout et on recommence »
On efface tout et on recommence, a pour sa part commenté « Le Point ». La visite privée que rend François Hollande au pape François sera l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre entre la France et le Vatican. Car il n’est un secret pour personne que, lors de leur précédente rencontre, le 24 janvier 2014, le courant n’était pas passé entre les deux François…
François Hollande était arrivé à Rome en plein débat sur le mariage pour tous. Loin d’arrondir les angles, François Hollande avait fait de sa visite un manifeste de la laïcité. Il avait ainsi dérogé aux habitudes protocolaires en refusant de passer par l’église Saint-Louis-des-Français, afin d’y rencontrer la communauté catholique nationale. Ce 17 août, par contre, il a bel et bien effectué une visite à la paroisse française de Rome.
Un frère baptisé
« Si les motivations profondes du président restent inconnues, ce voyage nous donne l’occasion de nous rappeler que pour nous, catholiques, il est un frère baptisé« , relève enfin le père Guillaume Petit sur le site Aleteia . « Le président de la République a été baptisé à Rouen, dans la cathédrale même où ont eu lieu les obsèques du père Jacques. Ayant reçu une éducation catholique, il se dit non-croyant et non-pratiquant et expliquait à « La Vie », en décembre 2011, s’être ‘forgé sa propre philosophie de la vie’. Et si… Et si la grâce divine était en train de se frayer un chemin dans son cœur? » ajoute l’article de ce site.
Source : cath.ch