«Dans l’union européenne, il y a une ambiance de division. Je pense à la Catalogne, à l’Écosse. Je ne dis pas que ces divisions sont dangereuses mais il faut bien les étudier. Et avant de faire un pas vers une nouvelle division, il faut parler à fond entre nous et trouver des solutions viables. Je n’ai pas étudié les raisons pour lesquelles le Royaume-Uni a pris cette décision. Mais il y a des divisions qui se font en vue d’une indépendance et par émancipation comme en Amérique latine ou en Afrique. L’émancipation est davantage compréhensible car elle est liée à une culture, à un mode de pensée. La sécession, au contraire, d’un pays – et je ne parle pas encore ici du Brexit -, je pense à l’Écosse par exemple, est une chose qui a donné son nom à ce que les politiques appellent la «balkanisation». Dans ce cas, c’est une sécession et non une émancipation. Pour moi, l’unité est toujours supérieure au conflit. La fraternité est meilleure que l’inimitié ou les distances.
«Les ponts sont meilleurs que les murs. Tout ceci doit faire réfléchir. Par ailleurs, je suis dans l’Union européenne mais je veux avoir des choses qui soient miennes, qui appartiennent à ma culture. Le pas que l’Union européenne doit franchir pour retrouver la force qu’elle connut avec ses racines, est un pas de créativité et de «saine désunion» entre guillemets. C’est-à-dire, donner plus d’indépendances, donner plus de libertés aux pays de l’Union européenne, penser une nouvelle forme de l’union. Être créatifs en économie pour des emplois car nous avons une économie liquide. En Italie, par exemple, 40 % des moins de 25 ans n’ont pas de travail! Il y a donc quelque chose qui ne va pas dans une union massive, lourde (massiccia en italien qui signifie, à la fois, massif mais lourd, NDLR). Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Cherchons à recréer, parce qu’il faut toujours recréer. C’est comme une personne humaine qui passe de l’adolescence à l’âge adulte. Cela donne la vie, cela donne la fécondité. Pour moi donc, les deux paroles clés pour l’Union européenne sont fécondité et créativité».
Propos du pape dans l’avion qui le ramenait d’Arménie
Source Le figaro