Le problème actuel porte avant tout sur la relation que l’Eglise entretient avec la notion de péché, vu comme épouvantail, avant d’être reconnu comme rupture avec Dieu. Il faut dire que de nos jours la relation à Dieu est devenue seconde par rapport à l’immédiateté de la vie matérielle et ce même pour de très nombreux pieux chrétiens. Nous avons cessé de vivre entre ciel et terre pour ne vivre que les pieds sur terre. Notre salut, bien souvent, est perçu comme une récompense, voire un marchandage négocié au moindre mal plutôt que l’intimité amoureuse avec Dieu.
Dieu nous apparaît comme un dû. C’est pourquoi il est revendiqué dans la communion eucharistique au mépris de la vérité de notre relation à Dieu. Nous nous comportons avec Dieu, non pas en amoureux, mais en despotes exigeants. Nous sommes adultères, mais voulons quand même jouir des bienfaits du mariage, comme si ceux-ci étaient des bons points, alors qu’ils sont le fruit de l’amour fidèle et réciproque, laissant Dieu libre de ses dons. C’est l’adultère qui empêche le fruit de mûrir. Et forcer la consommation du mariage divin n’y changera rien.
A nier le péché comme rupture dans la relation amoureuse, nous avons banalisé et l’un et l’autre, sans nous rendre compte du camouflet de mépris que cela représente pour Dieu dont nous avons fait notre enclave en exigeant de Lui qu’Il se plie à nos désirs.
Le péché apparaît comme un empêcheur de tourner en rond alors qu’il est d’abord une trahison amoureuse. Dans notre amour déréglé, nous regardons le péché de notre point de vue au lieu de le voir du point de vue de Dieu. Nous retenons du péché l’entrave qu’il semble être à notre jouissance, ce qui nous empêche de voir qu’il affecte d’abord notre relation à Dieu. Nous voulons tellement “déculpabiliser” que nous en venons à nier la réalité de la déchirure que nous occasionnons par ce péché. C’est comme si, trompant son épouse, un époux, pour ne pas avoir cet adultère sur la conscience, décrétait que l’adultère n’existe pas en soi.
Le remord du péché ne doit pas porter sur notre incapacité à ne pas pécher, ce qui nous tourne encore sur nous même, mais sur l’infidélité. Le péché ne doit pas être l’occasion une culpabilité sur soi, mais une douleur d’avoir trompé l’être aimé. Aussi faut-il éclairer le péché à la lumière de notre amour et non de notre privation. Un regret sincère ne porte pas sur notre incapacité à être un super héros, mais sur la blessure d’amour. La contrition n’est pas du misérabilisme, mais les larmes d’un amoureux ayant offensé sa bien aimée.
Cela ne change ni la nature, ni la teneur, ni la gravité du péché, mais le remet dans sa véritable perspective. Le salut n’est pas éviter l’enfer, mais vivre uni dans l’amour à Dieu. Pour cela, encore faut-il l’aimer et non se préférer à Lui, ce qu’est in fine le péché.
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