L‘accord de l’Union européenne avec la Turquie sur la question des réfugiés est l’archétype de ces fausses bonnes idées que l’oligarchie socialiste nous « offre » généreusement à intervalles irréguliers… Tout d’abord, il n’est pas certain que ce traité soit légal, c’est-à-dire qu’il respecte nos engagements internationaux. La question du droit d’asile est juridiquement d’une extraordinaire complexité – et ce n’est pas le moindre des problèmes qu’elle pose, puisque cette complexité ouvre la porte à toutes sortes de recours.
En particulier, l’accord repose – si j’ai bien compris… – sur une exception prévue par la convention de Genève : aucun refoulement d’un demandeur d’asile n’est théoriquement possible, sauf si ce demandeur a transité par un pays « sûr ». Or, il semble que la Turquie, notre nouvelle « grande amie », ne soit pas tout à fait assurée d’être sûre ! Plus sérieusement, la Turquie n’a pas signé l’ensemble des conventions internationales sur les réfugiés, ce qui fragilise l’accord. Par ailleurs, parmi les principes relativement clairs du droit d’asile figure l’examen personnel de chaque cas. Or, nous nous apprêtons à installer une fantastique usine à gaz pour gérer un à un tous ces dossiers. L’Union européenne estime qu’elle devra envoyer 4 000 personnes en Grèce pour prêter main-forte aux administrations locales – et pour une durée indéterminée.
En matière d’usine à gaz, ma clause « préférée » reste tout de même la logique d’échange des réfugiés. Si nous renvoyons un Syrien en Turquie, nous nous engageons… à en accueillir un autre ! Évidemment, ça limite un peu l’intérêt du dispositif… En outre, seules 72 000 personnes pourront être renvoyées en Turquie. Or, l’ONU recense dans le monde 4 millions de réfugiés syriens, dont 2 millions en Turquie. Ce plafond semble donc un tantinet irréel ! Je n’ose pas ajouter que cet accord, dont notre capitaine de pédalo favori se gargarise, ne concerne que les Syriens. Rien n’est résolu pour les Érythréens, les Afghans ou les Libyens, qui arrivent, eux aussi, par dizaines ou centaines de milliers. J’ignore dans quel monde vivent ceux qui prétendent nous diriger, mais, manifestement, ce monde est totalement déconnecté de la réalité. Se féliciter d’un accord qui ne résout rien pour les Syriens, qui ne sont qu’une petite partie du gigantesque problème migratoire auquel nous avons à faire face, me semble au mieux farfelu, au pire (et plus vraisemblablement) une forfaiture.
Pour autant, cet accord n’est pas nul. Il est pire que cela : il est gravement nuisible à nos intérêts. Tout d’abord, pour ce sordide jeu de bonneteau pratiqué avec des malheureux, proies des réseaux de passeurs et de trafiquants, la Turquie nous a demandé la coquette somme de 6 milliards d’euros, qui devront être versés avant 2018. La Turquie partage un certain nombre d’objectifs de l’État islamique, à commencer par l’anéantissement des Kurdes et des minorités chrétiennes. Et, non contente de ne rien faire pour améliorer la situation régionale, elle gagne ainsi de l’argent, piqué dans les poches des contribuables européens, avec cette crise – qui, murmure-t-on, enrichit aussi certains dignitaires du régime néo-ottoman par le trafic illégal du pétrole collecté par l’État islamique ! Mais le pire, c’est que nos « représentants » ont accepté l’ouverture d’un nouveau chapitre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. François Hollande a eu l’incroyable culot d’affirmer que cela n’impliquait aucun changement et que ces négociations ne préjugeaient en rien du résultat. Mais de qui se moque-t-il ? Croit-il vraiment que l’on pourra faire lanterner un grand pays comme la Turquie pendant des décennies ?
La réalité, c’est que les dirigeants européens, et les dirigeants français au premier chef, ignorent totalement ce qu’est l’Europe et pourquoi la Turquie ne peut pas y adhérer. C’est même pire que cela : ils n’ignorent pas ce qu’est l’Europe ; ils détestent la civilisation européenne. Et les millions d’immigrés plus ou moins clandestins, comme l’adhésion de la Turquie, sont, pour eux, des moyens de liquider cette civilisation détestée. Mais, s’ils détestent cette civilisation, ils peuvent partir. Ça tombe bien : nous venons de signer un accord selon lequel la Turquie doit accueillir 72 000 personnes. Il est certain que nous partagerons plus avec un chrétien syrien fuyant l’État islamique et amoureux de la langue française qu’avec ces barbares dont le seul fait d’armes est de fêter en grande pompe les accords d’Évian et le massacre de centaines de milliers de Français et d’Algériens qui avaient cru à la parole de la France !
Guillaume de Thieulloy,
Source Les 4Vérités hebdo
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