Entretien avec Thierry de la Villejégu, directeur général de la Fondation Jérôme Lejeune
Propos recueillis par Adélaïde Pouchol de L’Homme Nouveau
« One of us », fédération d’associations européennes de défense de la vie, lance son premier forum le 12 mars prochain. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Historiquement, « One of us » est le nom de l’une des premières Initiatives citoyennes européennes, dispositif que l’Union européenne a mis en place pour développer « la démocratie participative en Europe ». En 2015, l’initiative « One of Us » dénonçait le financement de la recherche sur l’embryon humain et des campagnes d’avortement extra-Union, par le budget européen. Et ceci, en contradiction avec les compétences juridiques de l’Union et en compétition avec celles des États membres qui pour certains interdisent ce type de recherche. Plus de deux millions de citoyens européens ont signé la pétition, faisant de « One of us », la première Initiative par le nombre de citoyens mobilisés. Ce très grand succès populaire n’a hélas pas été transformé en succès politique, car malheureusement la Commission de Bruxelles n’a pas joué le jeu. Elle a écarté toute discussion sur ce sujet brûlant, qui aurait pu l’amener à se prononcer sur l’identité humaine de l’enfant à naître.
À la suite de cet échec, les associations qui s’étaient démenées pour relayer l’initiative citoyenne au niveau local ont décidé de s’organiser en fédération pour pérenniser le mouvement et lui donner un cadre politique. La fédération, créée en 2014, rassemble à ce jour une trentaine d’associations à travers l’Europe. Mais pour exister, il faut se faire connaître, c’est pourquoi « One of us » organise son premier forum le 12 mars 2016 à Paris, au cours duquel les associations membres et leurs experts se retrouveront et animeront une journée de réflexion et de mobilisation pour promouvoir une culture de vie en Europe.
Quels sont les objectifs de cette fédération d’associations ?
L’union fait la force. « One of us » veut d’une part rassembler les associations de défense de la vie en aidant les initiatives locales à vocation européenne, et d’autre part agir auprès des institutions européennes, à Strasbourg comme à Bruxelles. L’objectif est de bâtir une Europe respectueuse de l’être humain, sans exception, de sa conception à sa mort naturelle, en participant aux débats, en communiquant sur les enjeux, fournissant analyses et expertises, élaborant des propositions destinées aux politiques.
D’où viennent les différentes associations regroupées par « One of us » ?
Ces associations, issues de près d’une trentaine de pays européens, sont en train d’apprendre à se connaître et à travailler ensemble grâce à l’initiative citoyenne One of us. L’un des grands bénéfices de « One of us », malgré l’échec politique devant la commission de Bruxelles, c’est précisément d’avoir joué un rôle de catalyseur en déclenchant un rapprochement, dans le monde très épars des associations de défense de la vie. Depuis, elles nouent des liens personnels, apprennent à échanger les informations, à conduire des projets communs à échelle européenne. Une révolution ! Elles sont aujourd’hui capables de mettre en commun des ressources humaines, des experts, mais aussi financières avec un budget commun et le financement de certaines actions.
Cette capacité à travailler ensemble a-t-elle déjà fait ses preuves ?
Le nombre impressionnant de signatures rassemblées pour l’initiative citoyenne One of us était déjà une belle preuve de cette capacité à travailler ensemble. Aujourd’hui, la fédération a un plan d’actions. Parmi celles-ci, relevons l’action en justice contre l’Union européenne pour qu’elle reconsidère l’initiative citoyenne, ou la pétition des experts, professionnels de la santé, du droit, ou politiques qui vise à relancer le débat sur l’identité de l’embryon humain.
Après de nombreuses manifestations et pétitions ces dernières années qui ont rarement eu le succès espéré, beaucoup estiment que cette forme d’action est inutile. Qu’en pensez-vous ?
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