La rencontre récente entre le pape François et le patriarche Kirill constitue en premier lieu un événement ecclésial qui s’inscrit résolument dans une perspective d’unité entre catholiques et orthodoxes : « Nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu », affirment-ils dans leur déclaration commune.
Bien sûr, ce n’est pas une mince affaire et cela prendra du temps. Le sillon est cependant tracé et ce n’est pas le dialogue théologique qui est particulièrement mis en avant, mais le témoignage commun de la foi pour répondre « ensemble aux défis du monde contemporain ». Le pape et le patriarche appellent à « un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire ».
Il ne s’agit pas ici seulement d’une praxis pour retrouver la voie de la pleine communion, mais d’une exigence liée au « changement d’époque » que vit notre monde : « Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune ».
C’est ici que l’événement dépasse le cadre ecclésial pour s’inscrire dans la matière de l’histoire de notre humanité. François et Kirill sont conscients que la passion de la disputatio théologique semblerait quelque peu hors sol, alors même qu’existe – ils le soulignent explicitement – un risque de « nouvelle guerre mondiale ».
Les tensions très actuelles entre la Russie et la Turquie, pays membre de l’Otan, en témoignent. Ce risque est d’autant plus vif que ces tensions se situent sur un terrain – le Proche Orient – où les chrétiens tendent à disparaître, alors même qu’ils rendent témoignage à celui qui est le Prince de la paix.
Bien évidemment, la déclaration commune souligne la responsabilité de l’Europe dans la marche du monde. François et Kirill ne parlent pas ici de l’Union européenne, mais de l’Europe comme continent, comme civilisation, comme amitié de peuples nourris par des racines communes : « L’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes », insistent-ils.
Cette Europe-civilisation est aujourd’hui en voie de décivilisation. François et Kirill soulignent notamment les atteintes à la Création, à la vie ou encore à la famille, ainsi que « la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangères à toute référence à Dieu ».
C’est donc un appel vibrant qu’ils lancent « pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne ». Soyons réalistes : si l’âme de l’Europe se meurt, l’Europe-civilisation pourrait mourir avec elle ; et le monde s’ouvrir toujours davantage au chaos.
Voilà probablement pourquoi le pape François et le patriarche Kirill, après avoir exhorté les puissants de ce monde à prendre toutes leurs responsabilités politiques, exhortent les fidèles à prendre toutes leurs responsabilités spirituelles et missionnaires : « Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Évangile », à « collaborer fraternellement en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut ».
Un retour à l’essentiel, en quelque sorte…
Guillaume de Prémare
Chronique Radio Espérance du 19 février 2014
Source ICHTUS
Pas un mot dans cet article de l’abandon à l’église schismatique de Moscou par le pape d’une bonne partie du monde considéré par les Russes “orthodoxes” comme relevant de leur unique juridiction: Russie, Ukraine, Bélaruss ( les deux autres églises “orthodoxes” ukrainiennes indépendantes de Moscou y sont meme incité par le pape à rejoindre le “giron” moscovite; qu’en dit le “patriarche” de Constantinople?…), etc…L’ “uniatisme” ( retour des schismatiques à l’unique unité au sein de l’Eglise catholique ) y est affirmé comme étant périmé; les gréco-catholiques ukrainiens n’ont qu’à “bien se tenir”! Ce qu’apparemment peu on compris c’est que Cyrille est l”ambassadeur” religieux de Poutine;cette rencontre sur l’ile communiste de Cuba avait donc des arrières-pensées politiques pour les “orthodoxes” russes, et coté catholique nous avons un résultat bien pitoyable qui s’apparente à une forme de trahison vis-à-vis des “uniates” considérés comme des antiquités bonnes demain pour un musée archéologique…
Saint Josaphat; priez pour la protection des catholiques ukrainiens, priez pour la conversion des schismatiques et leur retour dans la Sainte Eglise catholique!
J’appelle « chrétien » celui qui dit et croit « Jésus est ressuscite ».
Qu’il soit orthodoxe, catholique, luthérien, calviniste, épiscopalien ou évangéliste, …
Il y a certes des différences importantes au point de vue théologie, sacrements, praxis, … mais au moment où nous assistons à une attaque du christianisme d’une envergure encore jamais vue, à la fois par le relativisme absolutiste et dogmatique, par le matérialisme athée consumériste et par un islam intégriste radicalement anti-chrétien, pouvons nous nous permettre de creuser nos (très) légitimes différences.