C’est l’AFP qui le rapporte !
Le pape François débutait samedi une visite de cinq jours au Mexique, deuxième pays le plus catholique au monde victime d’une violence endémique, lors d’un voyage déjà marqué par sa rencontre historique avec le patriarche orthodoxe russe Kirill.
Au lendemain d’un accueil enthousiaste à Mexico par des milliers de fidèles, et un orchestre mariachi, le pape François devait entamer un programme très dense par une réunion au Palais national avec le président Enrique Pena Nieto.
“Qu’il vienne mettre de l’ordre. Le Mexique est l’un des pays les plus catholiques du monde, non? Alors que le pape leur dise aux gouvernants qu’ils trouvent une solution une fois pour toute à la pauvreté, aux problèmes de migration, aux abus de pouvoir”, déclarait vendredi Rogelio Cantu, un avocat de 57 ans sorti dans la rue pour apercevoir le souverain pontife.
Le pape s’était auparavant arrêté à Cuba pour un face-à-face sans précédent avec le patriarche orthodoxe russe, près de mille ans après le schisme entre chrétiens d’Orient et d’Occident.
Samedi, ce sera la première fois qu’un président mexicain recevra dans le palais national le chef de l’église catholique, un geste symbolique dans un pays fervent qui n’a cependant rétabli des relations diplomatiques avec le Vatican qu’en 1992, et possède une longue tradition laïque.
La présence de François dans ce lieu vient refermer un chapitre. “Durant très longtemps, au XIXe siècle et une bonne partie du XXe, les relations avec le Vatican ont été tendues, voire conflictuelles” avec des lois anticléricales promulguées par le gouvernement né de la révolution, a reconnu l’ambassadeur du Mexique au Vatican, Mariano Palacios Alcocer.
De fait, la visite du pape au Mexique a été demandée avec insistance par le gouvernement de Pena Nieto, fortement critiqué ces dernières années pour la situation des droits de l’Homme et la disparition emblématique des 43 étudiants d’Ayotzinapa.
Après la rencontre avec le président, le souverain pontife visitera la cathédrale située sur la place centrale du Zocalo, avant de diriger dans l’après-midi une messe à la Basilique de Guadalupe.
“La rencontre du pape avec la Vierge de Guadalupe sera monumentale. C’est un grand dévot de la vierge et Guadalupe est non seulement une reine au Mexique mais aussi une impératrice en Amérique” estime Andrew Chesnut, professeur d’études religieuses à l’Université de Virginia Commonwealth, aux Etats-Unis.
– Pauvreté, migration et violence –
Encore sous le choc après la mort de 49 détenus lors d’une mutinerie dans la prison de Monterrey, au nord-est du pays, le Mexique condense actuellement des problématiques qui préoccupent le souverain pontife : une société inégale où la moitié de la population est pauvre, un pays livré à la violence du narcotrafic et dans lequel des milliers de migrants vivent un calvaire en tentant de rejoindre clandestinement l’Eldorado américain.
“Le Mexique de la violence, de la corruption, du trafic de drogues, des cartels, ce n’est pas le Mexique que veut notre Mère et, bien sûr, je ne veux rien cacher de cela”, a affirmé le pape quelques jours avant sa visite.
“J’essaierai d’être clair, de parler clairement” a promis le pape François vendredi dans l’avion qui le conduisait au Mexique où beaucoup attendent de lui des paroles réconfortantes face à la situation dramatique que traverse le pays.
Les choix des étapes du pape semblent à ce titre très symboliques.
Dimanche, le souverain argentin visitera Ecatepec, une ville surpeuplée à la périphérie de la capitale où les violences ont augmenté dramatiquement, avec notamment de nombreux féminicides.
Puis François se rendra ensuite au Chiapas (sud), l’Etat le plus pauvre, où vit la plus grand population indigène du pays. Le pape devrait y donner une messe en utilisant trois langues indigènes (tzotzil, tzeltal et chol) et approuver un décret pour l’emploi de ces langues traditionnelles durant les messes.
Le pape a réservé la dernière étape de son voyage à la ville frontalière de Ciudad Juarez, qui durant des années a été considérée comme la plus dangereuse au monde. Il y visitera une prison et terminera son séjour au Mexique par une très symbolique messe à la frontière qui sépare la ville d’El Paso, au Texas, frontière que des milliers de migrants tentent chaque année de franchir clandestinement