Dans la cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France, le 6 septembre, Mgr Macaire, archevêque de Fort-de-France, a reçu le pallium des mains du nonce apostolique, Mgr Girasoli (nonce à Antigua-et-Barbuda, aux Bahamas, à la Dominique, en Jamaïque, à Grenade, à Saint-Kitts-et-Nevis, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, au Suriname, en Guyane et délégué apostolique aux Antilles). Mgr Lafont, évêque de Guyane, et Mgr Riocreux, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe), étaient présents.
Voici l’homélie prononcée par Mgr Girasoli :
“Cher Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France et Saint-Pierre, chers frères évêques, Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre, Pointe-à-Pitre, et Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, chers prêtres, diacres, hommes et femmes appartenant aux Congrégations religieuses, Autorités civiles et militaires (M. le Préfet….), chers frères et sœurs.
Il est toujours une grande joie de venir à la Martinique, la plus belle île de la Région caraïbe : un vrai paradis naturel que le bon Dieu nous a donné. Mais aujourd’hui, je suis parmi vous pour une célébration historique : l’imposition du Pallium à votre jeune et nouveau Archevêque de cette Province ecclésiastique (oui, il est encore tout à fait : jeune et nouveau).
En effet, le pape François a voulu changer une tradition qui, jusqu’à l’année dernière, a vu la célébration de l’imposition du Pallium aux nouveaux Archevêques métropolitains, toujours le 29 juin de chaque année dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce changement, comme l’a bien expliqué le pape François dans la Lettre que lui-même a envoyée à tous les évêques le 12 janvier 2015, a été fait pour donner la possibilité à toute l’Eglise archidiocésaine, et aussi aux diocèses suffragants qui font partie de la même Province, c’est-à-dire les diocèses de Guadeloupe et Guyane, d’être présents et participer à cette célébration vraiment importante pour notre Eglise. En effet, l’imposition du Pallium n’est pas une affaire privée du nouvel Archevêque, et éventuellement de ses amis qui peuvent voyager avec lui à Rome… au contraire, l’imposition du Pallium est un événement de toute l’Eglise de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.
Le pape François aussi désire que l’imposition du Pallium in loco, c’est-à-dire, dans cette merveilleuse cathédrale, peut aider les fidèles à comprendre le chemin de la synodalité, et à renforcer le lien de la communion des Eglises locales avec l’Eglise universelle. C’est pour cela que le Saint-Père a voulu que maintenant ce soit le Nonce ou le Délégué apostolique qui doit imposer le Pallium.
Mais, chers frères et sœurs, qu’est-ce que le Pallium ? C’est un drap, tissé avec de la laine des agneaux bénis en la fête de sainte Agnès, le 21 janvier.
A – Le Pallium nous rappelle Jésus le Christ, le Pasteur, devenu Lui-même agneau, par amour pour nous.
B – Le Pallium nous rappelle le Christ qui a pris l’humanité sur ses épaules pour nous ramener à la maison (la maison de Dieu).
C – Le Pallium rappelle que, nous les évêques, sommes des Pasteurs au service de leurs troupeaux.
Alors, chers frères et sœurs, l’imposition du Pallium n’est pas un geste décoratif, mais aujourd’hui, cher Mgr Macaire, c’est tout le peuple de Dieu de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane, que vous prenez en charge sur vos épaules. Cher Mgr Macaire, aujourd’hui vous prenez sur vos épaules surtout les pauvres, et tous ceux qui sont abandonnés, tous ceux qui souffrent, et que vous devez porter au Christ.
Le pape François dit souvent que nous les évêques, devons toujours être parmi le peuple de Dieu, écouter leurs soucis et partager leurs difficultés. Le Droit canonique nous rappelle que les Provinces ecclésiastiques, les archevêques qu’on appelle Métropolitains, comme vous ici à Fort-de-France, ont été créés pour promouvoir l’action pastorale commune (Can. 431 & 1).
A vous, cher Mgr Macaire, comme Archevêque métropolitain, il vient de vous être confié la tâche de veiller que la foi et la discipline ecclésiastique soient observées, et d’en informer le Pontife romain (Can. 436 & 1).
C’est pour cela que la présence aujourd’hui ici de Mgr Riocreux et de Mgr Lafont est très importante, parce que le Pallium symbolise l’unité et la communion de la Province ecclésiastique, et vous, les trois évêques, devez travailler ensemble pour fortifier la foi et l’unité entre vous et avec Rome.
En effet, nous célébrons aujourd’hui la Messe votive de saint Pierre et saint Paul pour souligner l’unité et l’universalité de notre Eglise : une, sainte, catholique et apostolique (unam, sanctam catholicam et apostolicam…).
Le Pallium réunit en communion tous les fidèles des trois diocèses de Fort-de-France et Saint-Pierre, de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, et de Cayenne. Et c’est pour cela que vous, Mgr Macaire, pouvez porter le Pallium dans toutes les églises des trois diocèses, mais absolument pas hors de la Province que vous présidez.
Vous savez bien que, lorsque vous allez en Métropole ou dans d’autres diocèses hors de votre Province ecclésiastique, vous ne pouvez pas porter le Pallium, parce le Pallium vous identifie avec cette Province, avec le peuple de Dieu de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.
Et si un jour, dans un futur très lointain, vous êtes transféré dans une autre Province ecclésiastique (je ne vous le souhaite pas… parce que je pense qu’il n’y a pas dans le monde un diocèse plus beau que la Martinique), vous aurez besoin d’un nouveau Pallium (cf. Can. 431 & 2).
C’est pour cela que cette célébration signifie, très concrètement, la communion entre les évêques de l’Eglise et le pape François, le successeur de saint Pierre. Elle signifie que nous devons être Pasteurs pour l’unité, et dans l’unité.
Cher Mgr Macaire, il y a déjà presque six mois que vous avez été nommé Archevêque de Fort-de-France et Saint-Pierre. Nous sommes tous témoins de ce que vous avez été très bien accueilli ici ; votre enthousiasme et votre jeunesse vous donnent la vitesse d’arriver au cœur des fidèles pour leur donner la joie de la foi… pour les réveiller ; oui, parce qu’il y a dans notre Eglise catholique beaucoup de catholiques qui dorment. Je les appelle souvent en anglais sleeping catholiques. On a besoin d’une foi vivante. Il faut motiver les fidèles à s’engager dans la vie pastorale de l’Archidiocèse. Aujourd’hui, pour être des chrétiens authentiques, il faut aller à contre-courant. Ils sont nombreux les défis pour notre Profession de foi. Les lois civiles deviennent toujours plus loin de l’enseignement authentique de notre foi et de l’Evangile… Il y a une tentation grave là, de choisir ce qui nous plait, comme dans le menu d’un restaurant. Quand nous allons dans un restaurant, nous prenons (choisissons) ce qui nous plait. Pour être un chrétien authentique, bien réveillé, il faut accepter tout le menu, il faut aller à contre-courant et accepter l’intégralité de la foi.
Sûrement, cher Mgr Macaire, vous avez déjà entendu dans les premiers mois de votre ministère, qu’ici à la Martinique, il y a beaucoup à faire… mais vous pouvez compter sur la collaboration d’un très bon presbyterium… je vous assure que les prêtres de la Martinique sont les plus engagés de toute la Caraïbe, et aussi le laïcat de la Martinique est très joli.
Cher Mgr Macaire, surtout, il faut renforcer le chemin d’unité, et il faut aussi éliminer toutes les divisions. Les divisions, en effet, sont des symptômes de la force du péché, de la présence du mal qui continue à agir dans les membres de l’Eglise. L’unité de l’Eglise est enracinée dans l’union avec le Christ. Le chemin d’unité est aussi un chemin d’humilité, d’écoute, de partage. L’humilité n’est jamais un signe de faiblesse, mais toujours, comme nous enseigne le Bible, l’humilité est un signe de sagesse… être humble signifie être sage et imiter notre Seigneur qui est venu parmi nous pour servir et donner sa vie pour les autres.
Dans le dictionnaire de l’Eglise, il faut effacer le mot « pouvoir », pour le remplacer par le mot « service »… le pouvoir, dans l’Eglise, s’exprime seulement à travers le service. Chers frères et sœurs, dans quelques semaines, on va commencer l’Année jubilaire de la Miséricorde. Le pape François nous demande de devenir miséricordieux comme Dieu, comme Jésus. Cela signifie qu’il faut pardonner toujours… avant de juger, il faut pardonner. Comme Jésus qui a transformé la justice en amour. Il faut que nous tous, soyons messagers de l’amour, de la charité, de la miséricorde.
Le pape François, dans l’homélie du 29 juin que vous avez concélébrée avec lui, vous a dit : « aujourd’hui, avec le Pallium, je voudrais vous confier le rappel à la prière, à la foi et au témoignage. »
Cher Mgr Macaire, soyez toujours parmi votre peuple un homme de prière, qui enseigne aux fidèles à avoir confiance seulement en Dieu.
Cher Mgr Macaire, soyez pour votre peuple un homme de foi, qui enseigne aux fidèles à ne pas avoir peur des persécutions qui affligent l’Eglise ; un homme de foi qui enseigne aux fidèles d’aller à contre-courant.
Cher Mgr Macaire, soyez un homme de témoignage… il n’y a pas de témoignage sans une vie cohérente. Le témoignage le plus efficace et le plus authentique est celui de ne pas contredire, par son comportement et par sa vie, tout ce que l’on prêche aux autres (Homélie du pape François du 29 juin 2015).
Le Pallium est le signe qui représente la brebis que le pasteur porte sur ses épaules, comme le Christ Bon Pasteur… avec le peuple de Dieu sur votre épaule.
Cher Mgr Macaire, « enseignez la prière en priant, annoncez la foi en croyant, portez témoignage en vivant. » (homélie du pape François du 29 juin 2015).
Amen
En métropole et en Aveyron en particulier, nous aurions besoin d’un évêque de la trempe de Mgr Macaire. Il est digne d’un successeur des apôtres.