Monseigneur André Léonard est l’archevêque de Malines-Bruxelles (Belgique) et le président de la conférence des évêques belges. Il a livré son message de Carême pour 2014 lors du mardi gras. En ce jour de la mi-Carême, le lire nous permet de garder le cap pour la seconde moitié de ce temps de conversion.
Chers frères et sœurs,
Nous sommes aujourd’hui le Mardi gras. Et même si, en Belgique, le carnaval est célébré généralement durant tout le Carême, il n’empêche que c’est, demain, le mercredi des cendres. Nous allons donc, malgré tout, entrer en Carême! Or, dans l’évangile de Matthieu (Mt 6, 1-18), Jésus lui-même nous recommande trois attitudes de vie qui inspirent ces quarante jours de préparation à Pâques: le jeûne, l’aumône et la prière.
Le jeûne
Le jeûne est une excellente pratique de Carême. Bien vécue, elle est joyeuse et libératrice. Elle consiste à se priver de nourriture ou d’autres choses auxquelles nous sommes trop attachés, afin de dire concrètement au Seigneur: « C’est toi que je préfère, c’est toi d’abord qui me fais vivre! » Le jeûne bien compris est un acte d’amour pour Dieu. Est-ce qu’on ne se prive pas volontiers pour les personnes qu’on aime? L’Eglise nous invite tout spécialement à jeûner le mercredi des cendres et le vendredi saint, mais nous pouvons le vivre plus souvent selon nos possibilités. L’exemple de nos frères et sœurs musulmans, dans leur pratique du Ramadan, pourrait utilement nous inspirer plus de générosité en ce domaine !
L’aumône et le partage
Parfois, le jeûne nous aidera à vivre l’aumône ou le partage. C’est une autre dimension importante du Carême. Ce partage doit commencer à la maison. Je veux dire le partage de l’amitié, du respect, de la patience, du service. Pour la solidarité avec les plus pauvres de la planète, nous pouvons participer généreusement à l’action de Carême bien connue d’ »Entraide et Fraternité ».
La prière
Reste la prière. Bien sûr, la prière la plus importante est la prière liturgique, à commencer par la messe, pourvu que nous cherchions à y participer avec foi et avec cœur. Mais Jésus nous recommande aussi la prière tout à fait personnelle, celle que peut-être personne ne verra jamais. Voici comment il en parle: « Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de la maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret, ton Père voit ce que tu fais en secret: il te le revaudra. » (Mt 6, 6) Bien sûr, il ne faut pas tout prendre à la lettre. Jésus veut que nous évitions de prier pour être vus, mais il ne nous interdit pas de prier seul ou avec d’autres dans une église. Et si nous prions à la maison, il n’est pas requis de fermer la porte à clef! On se comprend.
Une piqûre de rappel!
Nous savons, au moins théoriquement, l’importance de la prière. Mais, en la matière, l’expérience nous apprend qu’une piqûre de rappel, de temps à autre, n’est pas superflue! Je vous relance donc la question: « Depuis ces derniers mois, avons-nous consacré un peu de notre temps à la prière personnelle ou en famille? Où en sommes-nous? » Le Carême peut être une excellente occasion de redémarrer ou, peut-être, de prendre enfin le départ. Quelques minutes chaque jour pour le Seigneur, est-ce trop? Il suffit de désirer prier!
En tout cas, dites-vous bien que la prière, même prolongée, est possible pour tous. Elle n’est pas réservée aux prêtres et aux personnes consacrées. Il ne faut pas de diplôme préalable ni d’aptitudes particulières. Il suffit de désirer prier et de dire à Jésus, comme les apôtres: « Seigneur, apprends-nous à prier! » (Lc 11, 1). Ecoutez simplement la voix du Seigneur qui vous invite: « Voici que je me tiens à la porte et je frappe! Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et nous mangerons ensemble, moi près de lui, et lui près de moi. » (Ap 3, 20). Je vous souhaite une belle et joyeuse montée vers Pâques dans le jeûne, le partage et la prière.