Il y a un an, le 11 février 2013, Benoît XVI annonçait renoncer au ministère d’Évêque de Rome. Le cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la Culture, raconte à Radio Vatican :
“Dès les premiers mots, j’ai entendu « ingravescentem aetatem ». J’ai dit « Mon Dieu » et j’ai compris tout de suite. Nous nous sommes alors regardés dans la salle du consistoire, je pouvais lire sur le visage des cardinaux qui me faisaient vis-à-vis mes propres sentiments : étonnement, stupeur, préoccupation et admiration. Le Pape a glissé, tout d’un coup, il était parti avec cette douceur, cette humilité, cette transparence. Et du coup, plus personne ne partait. Nous nous sommes donc retrouvés à deux, à trois, à quatre en disant « Maintenant, qu’allons-nous faire ? ». Et puis, j’ai repris la voiture, nous sommes rentrés plutôt dans le silence. Quand je suis arrivé à l’appartement, les sœurs, qui ne savaient pas, m’ont dit «Qu’est-ce qu’il y a ? Le téléphone ne fait que sonner. Les journalistes vous appellent, etc ». Alors, je leur ai dit et stupeur ! Concernant les journalistes, j’ai été frappé de voir qu’en très peu de temps, eux aussi sont à peu près passés par les mêmes sentiments que nous cardinaux. Avec un peu de retard, j’ai pu aussi constater dans l’ensemble des fidèles, dans l’ensemble des gens, les mêmes choses. Après la stupeur, pour certains un peu de réprobation inquiète, puis sont venues la compréhension et l’admiration.
Comment expliquer ce passage de cet état de très forte préoccupation à ensuite, cette reconnaissance, cet hommage ?
Je crois fondamentalement que nous avons été comme enveloppés dans un manteau de prière. Ces sentiments qui vont des deux extrémités de la gamme, étaient portés tous en même temps par une prière extraordinaire. Il y a eu un choc et ce choc a fait que l’ensemble des personnes, à commencer par les cardinaux, si je puis dire, ont été comme contraints de sortir de l’évènementiel humain qui est en train de se produire à sa dimension et sa profondeur spirituelle. Puis vient la réflexion. On est obligé d’analyser mais les sentiments s’entremêlent. C’est une réflexion en profondeur sur le ministère de Pierre.
Avec ce geste, Benoît XVI a en quelque sorte désacraliser la fonction papale ?
Le geste de renonciation de Benoît XVI a ouvert une nouvelle phase dans l’histoire de l’Église. Nous étions habitués, il y avait comme une identification entre le service, le ministère de Pierre, et la personne jusqu’à sa mort. Là, par son geste, le Pape Benoît XVI nous ramène à ce qui est bien la fonction de Pierre, relisant l’Évangile : « Et toi, confirme tes frères dans la foi ». C’est un ministère. Si je reprends votre terme, il y avait eu une sacralisation abusive d’un Pape qui était sur un piédestal et qui était au-delà du commun des mortels. Benoît XVI, au contraire, dès les premiers mots, s’est décrit comme un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur. C’est avec cette clef de lecture que nous pouvons comprendre sa décision et sa déclaration. Cet humble ouvrier dans la vigne du Seigneur a retenu dans son âme et conscience, qu’il n’était plus apte à remplir sa tâche qui était celle de l’humble ouvrier qui doit confirmer ses frères dans la foi.”
Pouvons nous vraiment dire que Benoit XVI a pris sa décision en son âme et conscience? n’a-t-il pas demandé à Dieu de l’éclairer? il n’a jamais raconté la naissance de sa décision, alors laissons le caractère sacré de la fonction papale
Cela veut dire que les requins qui nagent au Vatican (et François s’en est isolé) sont soit nombreux soit possèdent contre Benoit XVI un levier puissant. Assez puissant pour que personne ne lui vienne en aide.
Car avec François, les problèmes sont exactement les mêmes et les requins aussi et ceux qui peuvent relater l’action du Pape sur la ligne de contact aussi. Mais François n’a pas de point faible à l’armure pour l’instant et de plus il vit à l’écart hors de l’aquarium …
Ceci dit, on attend toujours ce qu’il va faire de profond pour l’Eglise. Pour l’instant c’est très médiatique et même monté en épingle, on est au mieux dans l’affectif. On compte plus de faux pas dogmatiques que d’actions pastorales constructives. S’il plait au siècle, c’est qu’il plait aux hommes, or ce n’est pas ce qu’on lui demande.
Réformer l’IOR c’est bien mais j’ai hâte de voir le résultat de ses actions synodales fin 2015 …