Dans un article paru dans Le monde.fr le 14 mars 2016, le psychiatre catholique Jean-Paul Miallet, donne sa position de praticien confronté aux problèmes liés à la relation que l’Eglise entretient avec le corps.
Pour lui, le problème de la pédophilie, par exemple, mais aussi d’une manière générale de la sexualité, chez les catholiques vient du regard que l’Eglise pose sur le corps.
Tout en reconnaissant que cette vision a profondément changé avec Jean-Paul II, il livre cependant une vision réductrice de son historique. Son analyse, probablement juste en ce qui concerne les conséquences visibles aujourd’hui pour le psychiatre, ne sont pas pour autant la vision traditionnelle et éternelle de l’Eglise. Le tableau, assez noir, qu’il peint correspond bien surtout aux relents jansénistes que le dix-neuvième siècle a charrié jusqu’à nous. Les Pères de l’Eglise ont une conception bien plus intégrée du corps et de l’âme, de la chair et de l’esprit. Les combats d’un saint Antoine ne sont pas ceux livrés contre ce corps en putréfaction qui nous enferme, mais bien contre les tentations et la vie déréglée qu’il faut assumer.
Le combat des anciens, comme des médiévaux, du reste, qu’on relise saint Thomas d’Aquin, ne vise pas le corps comme un ennemi, mais bien plus comme le lieu de la lute des passions.
La diabolisation du corps, réduit au sexe, tient surtout au passage individualiste de la Renaissance et se trouve plus ou moins concomitant de la Réforme, très puritaine. La tradition catholique a toujours (hormis son épisode jansénisant dont nous sortons difficilement) eu un rapport assez libre avec la sexualité (libre et non hédoniste). Il n’est qu’à comparer les vies qui nous sont rapportées dans l’histoire d’un aristocrate catholique avec celle d’un aristocrate protestant pour s’en rendre compte.
L’Eglise a toujours appelé à ordonner la vie sexuelle à une fin plus grande. Mais ordonner ne signifie nullement refouler et inhiber.
Gustave Thibon, dans ce que Dieu a uni, exprime merveilleusement ce combat entre la chair et l’âme. Combat qui peut conduire à la mise en pièce de l’Homme, mais qui se révèlent pourtant être le lieu profond de son unité.
Un ouvrage qui devrait du reste servir à toute bonne préparation au mariage.
il ne faut donc pas confondre inhibition et maîtrise de soi. L’inhibition rabaisse au rang de la bête, tandis que la maîtrise de soi élève l’Homme jusques et y compris dans et par sa sexualité, en ordonnant toute chose à sa fin : l’épanouissement intégral de l’être humain.