C’est une tendance qui monte dans les diocèses : des buvettes associatives aux bistrots de quartier, les bars chrétiens se multiplient. A Toulon, à Grenoble, à Paris, à Lyon, à Lille, ces bars sont des lieux où, bien entendu les jeunes (ou moins jeunes) viennent boire un verre (ou plus) mais où ils peuvent rencontrer des catholiques, des prêtres, avoir des conférences plus ou moins spirituelles mais toujours de très bon goût. Bref, c’est une nouvelle forme d’évangélisation vers la jeunesse qui se développe de façon dynamique.
Lors d’une « start-up week-end » en juin 2017, le diocèse de Nantes a choisi de soutenir un projet, un bar chrétien à l’enseigne conviviale « Amen toi », animé par 3 jeunes dynamiques, de 24 à 30 ans. Etienne a quitté la banque dans laquelle il travaillait car elle n’était pas assez éthique. Benoît, spécialisé en design de transport, s’accorde une année de césure. Marine, téléconseillère, a découvert la joie du bénévolat. Etienne devait être le gérant :
« Il s’appellera Amen toi fonctionnera de 17 h à minuit. Nous y organiserons des groupes de réflexion, des conférences ». « Il existe 5 à 6 bars chrétiens en France, notamment à Lille et à Lyon. C’est un signe concret d’une Église qui cherche à sortir d’elle-même. »
Mais il ne verra pas le jour. Il devait ouvrir à L’Ecclésiole, à côté de l’Eglise Sainte Croix (Nantes centre). Mais l’association diocésaine du passage Sainte-Croix n’a pas souhaité cette présence à côté d’eux. Il faut souligner que cette association a perdu tout caractère catholique. Mais le diocèse de Nantes n’ayant pas d’autre lieu de disponible, et ne souhaitant pas plus s’engager sur le projet… ce dernier est annulé.
“Amen toi”, c’est quand même peu amène !
A la fin il est question d’association, mais c’est difficile de comprendre de laquelle il s’agit !
Y a t il un patron dans le diocèse de NANTES : Il faut donc écrire à Monseigneur JEAN-PAUL JAMES
A première vue, c’est une victoire des derniers débris du modernisme.
A seconde vue, c’est peut-être une grâce.
Qu’ils ouvrent un vrai café si c’est leur vocation. Un café indépendant, rentable, qui génére des salaires et qui ait ses clients. Et alors ils pourront témoigner comme cafetiers chrétiens et faire des animations chrétiennes dans leur vrai café. Le Bon Dieu leur évite peut-être de monter une façade pour faire du militantisme (même si il est peu probable que les grincheux de l’association diocésaine aient eu ce raisonnement en tête).
Explication : il y a en ce moment une tendance que l’on peut questionner à la professionnalisation et à la cléricalisation : l’évangélisation serait forcément une émanation des structures écclesiales.
A ce titre, on peut s’interroger sur le statut “semi-pro” des jeunes qui donnent un an ou deux de leur vie à des écoles d’évangélisation, qui sont transformés en professionnels du témoignage à plein temps… au risque de retarder l’apprentissage de savoirs-faires qui leur permettraient plus tard de fonder un foyer.
Attention, je n’émet qu’une question, pour ouvrir une réflexion dont je n’ai pas le dernier mot. Les écoles d’évangélisation témoignent magnifiquement et proposent aux jeunes une piste d’engagement que les paroisses, trop souvent stériles, et les ordres religieux, trop discrets ou pas assez radicaux, ne proposent plus.
Pour autant, il y a le risque de se réveiller un jour vers la trentaine, après des années éreintantes de semi-bénévolat, de témoignage à plein temps, parfois au détriment de la formation théologique et d’une véritable école d’ascèse… et on obtient des jeunes aux grandes difficultés d’insertion qui disent “l’Eglise m’a volé les plus belles années de ma vie”. Eglise qui par ailleurs en tant que telle n’a que peu de mémoire ou de gratitude pour ce genre de bénévoles (parlez-en à Glorious, ils ont connu cela). Et du coup, parfois, ces jeunes vont quitter l’Eglise pour se tourner vers plus de radicalité, chez les évangéliques ou les non-dénominationaux. Vous reprendrez bien une tranche de témoignage à plein temps ?
Il reste la déception qui peut se changer en amertume. Prions les uns pour les autres, Dieu n’oublie jamais une générosité offerte.