La nouvelle se diffuse et commence à être commentée : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) s’est vue reconnaître, en Argentine la personnalité juridique, avec l’aval de l’Église catholique. Cela permet à la FSSPX d’exercer, dans la vie civile, certains actes. Cependant, une telle attribution ne peut se faire que moyennant inscription au Registre des Instituts de Vie consacrée. Cette inscription supposait l’avis de l’autorité ecclésiastique, qui logiquement est exercée par l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Poli. C’est ce qui a été fait par ce dernier, dans une lettre demandant « que la ‘Fraternité des apôtres de Jésus et Marie’ (Fraternité Saint-Pie X) soit considérée, jusqu’à ce qu’un cadre juridique définitif lui soit accordé dans l’Eglise universelle, comme si elle était une association de droit diocésain ». La FSSPX est donc assimilée, en Argentine, par l’Église catholique, à une association de droit diocésain.
Or, cette reconnaissance est bien une nouveauté dans l’Église catholique depuis 40 ans: jusque là, dans le meilleur des cas, on s’était borné à affirmer que la FSSPX était dans une situation de “communion imparfaite”, sans disposer de statut dans l’Église catholique. En effet, la FSSPX a été dissoute en 1975 et aucun diocèse, même bien disposé à son égard, n’est allé jusqu’à prévoir une reconnaissance canonique, y compris a minima.
En ce sens, il y a bien une nouvelle étape dans les rapports pratiques avec la FSSPX. Certes, cette reconnaissance repose surtout des raisons juridiques: faciliter l’activité de la FSSPX en Argentine. Mais en même temps, cela permet de reconnaître que la FSSPX est bien dotée d’un statut dans l’Église, même si cela repose, dans le cas d’espèce, sur des raisons fonctionnelles. Néanmoins, le discours ecclésial officiel change sur la FSSPX: non seulement le schisme n’est pas déclaré par les autorités romaines, mais on évite aussi de dire que la FSSPX n’a pas de statut canonique. Enfin, il est difficile d’imaginer que l’archevêque de Buenos Aires procède indépendamment de Rome: le cardinal Bergoglio, futur pape François, avait déjà aidé la FSSPX dans la vie courante (obtention de visas, etc.). Un ballon d’essai ? Une volonté romaine de trouver une solution définitive par des actes pratiques ?
La dépêche de l’agence DICI:
Le quotidien argentin Clarin, daté du 12 avril 2015, a annoncé la décision du Secrétaire du culte, Guillermo R. Oliveri, parue au Bulletin Officiel de la République Argentine le 9 avril 2015, – décision selon laquelle la Fraternité Saint-Pie X était reconnue en Argentine comme personne juridique et qu’elle était inscrite au Registre des Instituts de Vie consacrée où figurent les ordres et les congrégations religieuses catholiques, présents en Argentine.
Cette décision a été rendue possible, entre autres formalités à remplir, par une lettre de l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Aurelio Poli, adressée au Secrétariat du culte et accompagnant la démarche entreprise par les autorités de la Fraternité auprès de ce Secrétariat, depuis 2011. Cette lettre où l’archevêque de Buenos Aires « demande que la ‘Fraternité des apôtres de Jésus et Marie’ (Fraternité Saint-Pie X) soit considérée, jusqu’à ce qu’un cadre juridique définitif lui soit accordé dans l’Eglise universelle, comme si elle était une association de droit diocésain », est une condition nécessaire à remplir par toutes les congrégations religieuses catholiques en Argentine.
Le document du cardinal Poli n’a pas de portée canonique, car il ne saurait se substituer à l’autorité romaine qui seule peut régler le statut canonique de la Fraternité. Il ne s’agit que d’une démarche permettant une décision administrative de l’Etat argentin, en attendant « qu’un cadre juridique définitif soit accordé (à la Fraternité) dans l’Eglise universelle ».
Il faut savoir qu’en Argentine, l’apostolat des congrégations religieuses catholiques ne peut s’exercer que dans un cadre administratif et juridique conditionné par l’inscription au Registre des Instituts de vie consacrée, après avis de l’autorité ecclésiastique.
Le fait que le cardinal Poli ait succédé au cardinal Bergoglio sur le siège archiépiscopal de Buenos Aires peut faire légitimement penser que cette décision n’a pas été prise sans concertation avec le pape François. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une démarche strictement administrative dans le contexte propre à la République Argentine.
bonne nouvelle !
Hem ! Un geste de miséricorde et de détente ne doit pas être interprété autrement. Du point de vue juridique, à mon sens, il ne s’agit que d’une intervention auprès des autorités civiles. Le but ultime de cette démarche, selon moi, tend à montrer à la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX) que l’Église n’a pas de haine à son égard. Il ne s’agit de rien d’interne à l’Église, mais seulement d’une intercession de l’Église en faveur d’un groupe dissident.
En déduire que la FSSPX fait partie de l’Église, c’est aller vite en besogne et pratiquer un saut logique puisque ce geste ne change rien institutionnellement.
“…en déduire que la FSSPX fait partie de l’Eglise, c’est aller vite en besogne…”
Vous voulez dire que tous les fidèles et membres de cette fraternité ne sont pas dans l’Eglise ?
Mgr Lefebvre n’a pas voulu créer une autre église, il a voulu sauver le sacerdoce et la messe de toujours en s’opposant aux directives de Vat. II (et on en voit les fruits aujourd’hui dans les paroisses).
Il a dû poser pour cela, et bien malgré lui, cet acte de désobéissance en sacrant 4 évêques, ce qui a entrainé un conflit à l’intérieur de l’Eglise.
Mais l’ excommunication des évêques concernés n’a pas mis les séminaristes ordonnés par eux, ni les fidèles HORS de l’Eglise, sinon il faut donner la référence du texte officiel du jugement.
La guerre entre ceux qui veulent garder la foi traditionnelle et ceux qui veulent plus de modernité se réclamant “l’esprit” du concile vatican II est intolérable. Ne sommes nous pas les enfants du même Père ?
Depuis le motu proprio de Benoit XVI, les deux rites sont acceptés, laissons donc les spécialistes régler ces litiges (de théologie ou autres disciplines) et nous simples fidèles, prions afin que l’Eglise retrouve son unité entière (y compris avec les orthodoxes et les protestants).
Je n’ai pas prétendu que la FSSPX était hors de l’Église, je n’ai pas qualité pour le décider, encore moins de décider au sujet des prêtres et des fidèles (voire des évêques). Mais j’ai fait remarquer que déduire de la démarche du cardinal de Buenos-Aires que la FSSPX faisait partie de l’Église était aller vite en besogne qu’il y avait un saut logique car il ne s’agissait que d’une intervention auprès des autorités laïques qui avait, selon moi, pour but de détendre l’atmosphère. Comme mon évêque a prêté une église pour l’enterrement d’un prêtre de la FSSPX.
D’ailleurs finalement l’article ne dit pas autre chose, ni la dépêche de DICI.
Le cardinal Müller semble très précis. Je suis d’accord avec lui:
« ON NE NÉGOCIE PAS LA FOI »
« Le pape désire la réconciliation, mais il appartient à ceux qui sont séparés de l’Église de retrouver la pleine communion avec le successeur de Pierre », confiait récemment à La Croix le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président de la commission Ecclesia Dei. « Nous faisons tout ce qui est possible, ajoutait-il. Mais les conditions pour une pleine communion avec Rome sont les mêmes pour tous les baptisés : la foi, les sacrements, la reconnaissance de l’ du pape. » En clair : le Préambule doctrinal proposé en 2011 à la FSSPX est toujours sur la table, mais n’est pas négociable. « On ne négocie pas la foi », met en garde le cardinal Müller. »
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=776078 (citant un article de Nicola Sénèze dans La Croix).
Reconnaître le pape et reconnaître l’autorité du pape sont deux choses distinctes, du moins pour les chefs de la FSSPX.
AH NON !!!
Qu’on ne nous dise pas “on ne négocie pas la Foi” quand on voit toutes les hérésies et les abominations qui se répandent dans l’Eglise en toute impunité par la voix de hauts dignitaires de l’Eglise. Je pense aux déclarations scandaleuses des cardinaux Kasper et Marx qui vont jusqu’à remettre en cause l’indissolubilité du mariage et vouloir donner la Communion aux divorcés remariés. De tels cardinaux devraient être condamnés publiquement. La situation en France est tout aussi épouvantable avec des évêques qui prêchent de véritables hérésies sans jamais être réprimandés par le cardinal Muller.
Le cardinal Muller semble réserver toute sa sévérité envers la seule Fraternité St Pie X qui garde intégralement le dépôt de la Foi et n’a JAMAIS enseigné la moindre hérésie contrairement à tant d’évêques et de prêtres pourtant soi-disant en “communion” avec Rome.
Parce que si la FSSPX ne FAISAIT PAS partie de l’Eglise, elle auraient été acceptée sans problème dans l’univers de l’église (même locale) d’Argentine ?
Quant à reconnaître le pape et lui obéir tout est à considérer selon la Foi Traditionnelle de l’Eglise suivie par le représentant du Christ. Actuellement, beaucoup de questions se posent et ceux qui veulent être sûrs de ne pas se tromper se sentent plus rassurés en suivant des “bergers” qui les aident à rester catholiques !!!
La Fraternité St Pie X n’a jamais été hors de l’Eglise.Des membres éminents de l’Eglise l’ont reconnu (Cardinaux Castrillon Hoyos, Oddi etc). Les Sacres accomplis par Mgr Lefebvre en 1988 l’ont été en raison de l’état de nécessité : la perte de la Foi généralisée, des actes dramatiques comme Assise où toutes les religions étaient rassemblées pour prier de faux dieux, le risque de disparition de la Messe de toujours. Il ne s’agissait nullement d’un schisme.
On oublie que sans la Fraternité St Pie X et l’action de Mgr Lefebvre, la Messe traditionnelle aurait disparu et que les différentes congrégations attachées à la Tradition reconnues “officiellement” telles la Fraternité St Pierre, l’institut du Christ Roi et d’autres n’existeraient pas.
Sans la Fraternité St Pie X Il n’y aurait pas eu non plus le Motu Proprio “Summorum Pontificum” qui reconnaissait (enfin aprés 38 ans) que la Messe de toujours n’avait jamais été abrogée.
Alors quand on voit tout celà on a envie de dire comme le Cardinal Oddi sur la tombe de Mgr Lefebvre à Econe : MERCI MGR LEFEBVRE.
“Irrévérencieux” ou non, arrêtons d’ergoter !
Tout à fait d’accord avec Thierry Dufit. Sans la FSSPX il n’y aurait pas eu la FSSP, ni non plus le Motu proprio Summorum Pontificum.
Il faut savoir parfois être “légitimement irrévérencieux”, saint Athanase d’Alexandrie au temps d’Arius l’a été, et tant pis pour les esprits chagrins.
Je tiens en haute estime les prêtres de la FSSPXet leurs prieurés.
Si les faits rapportés sont exacts et avérés, il est tout de même très positif que la Fraternité soit reconnue comme une “association de droit diocésain” ; compte tenu que le pape Françis est bien originaire d’Argentine, il paraît totalement improbable qu’il ne s’agiise en l’espèce que d’un “geste de miséricorde” comme l’affirme le commentateur précédent, Denis Merlin. Le pape connaît la conséquence de cet acte.
Faut-il rappeler que la FSSPX reconnaît bien le pape François ? Voici ce qu’on peut lire sur le site de la FSSPX :
“Comme œuvre d’Église, la Fraternité reconnait le Pape François comme Pape de la Sainte Église catholique et promet obéissance au Pontife Romain dans tous ses actes légitimes.”
http://www.fsspx.org/fr/Organisation-0
Croisons les doigts, ou mieux, prions…
Promettre obéissance en précisant que ce ne sera qu’à des actes légitimes me paraît quelque peu irrévérencieux .
Je ne crois pas a une attitude irrévérencieuse, un enfant est bien capable de continuer à aimer et honorer sa mère même s’il est en désaccord avec elle sur certains points. Une maman, autorité supérieure à l’enfant, n’a pas forcément raison. Il en est de même pour le pape, pour l’Eglise c’est différent, elle est Sainte par son Fondateur.
Ce n’est pas la pensée qui me paraissait irrévérencieuse, mais sa formulation. Le fait de promettre obéissance en précisant qu’on ne va pas obéir à des commandements illégitimes. C’est faire savoir à un supérieur que l’on redoute ses abus d’autorité. On peut bien les craindre et il est bon de savoir qu’ils pourraient se produire ; mais il est quand même un peu arrogant de montrer qu’on le croit, lui, capable de pareils excès.