La bulle d’indiction du jubilé extraordinaire de la miséricorde a été publiée samedi 11 avril 2015. On ne s’étonnera de la voir reprendre des thèmes chers au pape François: la miséricorde, la justice sociale, le refus de la précarité ou même un certain attachement à Vatican II. (En revanche, rien n’est dit sur la protection de environnement et l’écologie, thèmes pourtant d’actualité.)
Un appel à la conversion est même lancé au paragraphe 19; nous en citons quelques extraits:
Mon appel à la conversion s’adresse avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu en raison de leur conduite de vie. Je pense en particulier aux hommes et aux femmes qui font partie d’une organisation criminelle quelle qu’elle soit. Pour votre bien, je vous demande de changer de vie. Je vous le demande au nom du Fils de Dieu qui, combattant le péché, n’a jamais rejeté aucun pécheur. Ne tombez pas dans le terrible piège qui consiste à croire que la vie ne dépend que de l’argent, et qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité. Ce n’est qu’une illusion. Nous n’emportons pas notre argent dans l’au-delà. L’argent ne donne pas le vrai bonheur. La violence pour amasser de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper.
Le même appel s’adresse aux personnes fautives ou complices de corruption. Cette plaie puante de la société est un péché grave qui crie vers le ciel, car il mine jusqu’au fondement de la vie personnelle et sociale (…).
Voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au cœur. Face au mal commis, et même aux crimes graves, voici le moment d’écouter pleurer les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur affection, de leur vie même. Rester sur le chemin du mal n’est que source d’illusion et de tristesse. La vraie vie est bien autre chose. Dieu ne se lasse pas de tendre la main. Il est toujours prêt à écouter, et moi aussi je le suis, comme mes frères évêques et prêtres. Il suffit d’accueillir l’appel à la conversion et de se soumettre à la justice, tandis que l’Eglise offre la miséricorde.
On notera donc que les membres des organisations criminelles et les personnes qui pratiquent la corruption sont visés explicitement. Tant mieux, pourrait-on dire. Mais, curieusement (ou non, les hypothèses demeurent libres sur ce silence), certains péchés ne sont pas visés, notamment ceux qui portent atteinte aux 6ème et 9ème commandements. Il y aurait pourtant beaucoup de choses à dire, car il n’est nul besoin d’être grand clerc (ou plutôt grand confesseur) pour comprendre qu’ils sont répandus et qu’ils détournent de Dieu. Peut-on réduire la gravité du péché à de simples injustices sociales ? Les atteintes à la vie sont également absentes et rien n’est dit sur le fait que la désinformation de masse par les médias pourrait se rattacher à l’interdiction de porter faux témoignage. Que le mal ait une dimension sociale constitue une évidence (des péchés personnels en ont forcément une), mais sa troublante question ne saurait se réduire à de simples lésions dans les rapports pécuniaires ou, plus généralement, dans la justice commutative. Un paradis social, disait le théologien Henri de Lubac, peut être un enfer spirituel, et nos sociétés occidentales sont assez bien placées pour savoir ce que signifie une société qui s’est voulue socialement juste (toutes ces politiques publiques mises en place au sortir de la Deuxième guerre mondiale). Sous prétexte que des fornicateurs agissent de façon consentante, doit-on en déduire que la gravité de la faute disparaît ? Ce serait absurde, mais beaucoup semblent persuadés du contraire… Ne faire de mal à personne – même si les péchés de la chair lèsent quand même autrui – ne suffit pas à diminuer la gravité du péché.
On aurait pu imaginer un extrait reprenant le même style:
Ne tombez pas dans le terrible piège qui consiste à croire que la vie ne dépend que de la chair et du plaisir, et qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité. Ce n’est qu’une illusion. Nous n’emportons pas nos plaisirs dans l’au-delà. Ces plaisirs ne donnent pas le vrai bonheur. La violence pour conquérir ces plaisirs ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper.
Sans critiquer qui que ce soit, un débat peut être légitimement ouvert.
Vraiment ce pape est imprévisible et incompréhensible dans ces actes et ces propos !
D’abord on aimerait comprendre pourquoi ce jubilé ? Cela correspond à quel évènement ?
C’est un peu comme un cheveu sur la soupe ! De même que préciser certains péchés et en omettre d’autres…
Soyions donc plus simples :
Cessons donc de juger et passer au crible tous les propos de notre pape et l’attendre au tournant de ses moindres propos et des phrases qu’il aurait pu dire. Laissons donc l’Esprit Saint nous interpeler sur tel ou tel sujet à sa convenance.
Ce pape est comme les précédents et comme Saint Pierre : non pas un chef d’Entreprise dont on attend des qualites politiques et humaines exceptionnelles mais un homme qui a ses limites humaines et qui se laisse néanmoins conduire par l’Esprit Saint pour conduire le peuple de Dieu de là où il en est vers là où Dieu veut, pour le sortir de l’ornière du péché …
Rappelons nous que parmi les apôtres, il y en avait de plus cultivés et de plus maîtres de leurs émotions et de leurs propos et néanmoins, c’est bien Pierre que Jésus a choisi comme chef des apôtres et de son Eglise … Méditons cela !
Oui ” parmi les apôtres il y en avait de plus cultivés que d’autres”… Mais eux n’ont pas renié leur Seigneur ils sont morts pour défendre la FOI et rester fidèles à Jésus. Quand on voit l’Eglise actuelle mettre la religion catholique au même niveau que les fausses religions il y a urgence à rester vigilant.
En France des évêques trouvent qu’effectivement il n’y a pas assez de mosquées, à Rome le pape ouvre un synode pour revoir la pastorale et donner la communion aux divorcés remariés, il aurait aussi l’intention de remettre en cause le célibat du sacerdoce, tout cela sans que des directives liturgiques soient imposées dans les églises pour rétablir des cérémonies plus catholiques etc… cela commence à faire beaucoup pour ne pas commencer à “passer au crible” les actes et propos du pape actuel non ?
Pardon : …ses actes et ses propos, les siens bien sûr !
Il est vrai qu’il y a beaucoup d’omissions malgré sa bonne volonté ou son inspiration. Il s’attaque déjà à de “gros poissons ou poisons” c’est déjà bien. Espérons que les zones d’ombres seront bientôt en pleine clarté sur ses propos. Prions pour lui, il a besoin de nos prières.
Cessons de toujours critiquer le Magistère et avec et sans raison…
Soyons humbles dans nos opinions sans devenir complice du silence…
Travaillons ensemble à colmater les brèches dans nos églises…
Rien ne nous empêches de favoriser et de promouvoir les DIX COMMANDEMENTS de Dieu… .
Je crois en l’inspiration de l’Esprit Saint et portons nos croix +++
La mission de paître les brebis de Christ, ça n’est pas paître le monde .
Bonjour,
Voici la citation du cardinal Henri de Lubac :
” Un paradis social peut être un enfer spirituel ; – auquel cas, d’ailleurs, il cesserait bien vite d’être même un paradis social. Il peut être aussi tout simplement un désert spirituel, et s’il dure, alors ce ne peut être qu’au bénéfice d’une humanité diminuée, atrophiée.
Aussi tout comme il y aurait hypocrisie à négliger l’oeuvre sociale tant que n’est pas accomplie l’oeuvre, jamais achevée, d’éducation spirituelle, tout de même il serait inhumain de laisser ignorer à l’homme sa plus haute noblesse, de le détourner de lui-même et d’étouffer en lui la nostalgie de sa patrie divine tant que n’est pas achevée l’indispensable oeuvre sociale, – elle-même sans doute à jamais inachevable.
Il faut appliquer ici, tout en la retournant, la consigne marxiste selon laquelle doivent s’épauler réciproquement l’action révolutionnaire et la lutte antireligieuse en vue de la libération totale.
Les deux efforts, social et spirituel, doivent aller de pair. Chacun est garant du sérieux de l’autre et de son authenticité. Sans le souci de ses conséquences sociales et temporelles, la vie spirituelle est faussée ; sans approfondissement spirituel, tout progrès social demeure indigne de l’homme et peut finalement se retourner contre lui. Dieu, pour qui l’homme est fait, ne peut être atteint que par leur convergence. ”
H. de Lubac – Paradoxes – Cerf, 1999
Source :
http://vivrecestlechrist.hautetfort.com/archive/2009/09/19/9d110493a09b5b808e74070c1b3493cd.html
Bonne journée.
A Z
Merci pour cette belle citation, pertinente, actuelle et que beaucoup devraient méditer !
De quoi parle t-il exactement ? J’ai appris que “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…”. Personnellement je ne comprends rien à toutes ces belles phrases, compliquées à souhait, langage alambiqué pour faire comprendre quoi ? Cela ressemble à un langage d’initié !
Ce personnage ne faisait -il pas partie des experts de Vatican II ???