Mgr Hippolyte Simon, archevêque émérite de Clermont, m’a demandé de publier cette tribune. Il m’a auparavant laissé une quantité impressionnante de messages notamment pour m’informer du prochain envoi d’un dossier me concernant à un procureur de la République, à l’association Croyances & Libertés, et à l’hebdomadaire La Vie.
De quoi s’agit-il?
D’une affaire remontant à 3 ans.
le 30 janvier 2014, l’archevêque publia une tribune dans La Croix, quotidien officieux de la Conférence des évêques de France (CEF), dans laquelle, avec un mépris manifeste, il annonçait qu’il n’irait pas manifester avec nous, le 2 février 2014, contre la loi Taubira. Curieusement, cette tribune parlait au moins autant de la question de l’avortement que du sujet de la manifestation elle-même. Mais, surtout, elle entretenait la désormais fameuse – et cependant fausse – dialectique entre les “méchants” qui s’opposent à des lois en manifestant et les “gentils” qui accueillent les personnes. Comme si les militants de la Manif pour tous ou de la Marche pour la vie étaient des monstres sans cœur… Et comme si on ne pouvait pas, à la fois, accueillir les personnes en détresse et lutter contre les lois iniques.
Beaucoup furent scandalisés par cette tribune. D’autant qu’elle était, au moins pour partie, une réponse à une autre tribune du cardinal Philippe Barbarin qui, lui, avait annoncé dans ce même quotidien, dès le 23 janvier, qu’il participerait à la manifestation du 2 février organisée à Lyon en parallèle à celle de Paris.
Mgr Simon m’a assuré qu’il avait écrit sa tribune, « en mission », comme ancien vice-président de la CEF. J’ignore si c’est vrai, mais si ce l’est, je trouve cela tout bonnement terrifiant : alors que ce mouvement de défense de la famille et de l’enfant était très largement catholique, certains évêques nous auraient donc tiré dans le dos…
Toujours est-il qu’à cette tribune de Mgr Simon, Riposte catholique répondit par deux articles. L’un de Maximilien Bernard. L’autre d’un prêtre.
C’est ce dernier article qui me vaut d’être harcelé par l’archevêque.
Chacun peut voir que ce prêtre ne fut pas d’une onctueuse amabilité pour l’archevêque. Seulement, voilà, Mgr Simon est persuadé de savoir de qui il s’agit et veut manifestement casser « ce salaud de prêtre » (les termes sont de lui). Il exige donc de moi, depuis plusieurs jours, son nom et son numéro de portable. Ledit prêtre ayant eu, à maintes reprises, à souffrir de certains évêques français m’a demandé instamment de ne pas donner son nom. J’ai donc répondu que j’assumais personnellement la responsabilité de cet article, comme directeur de la publication. Je ne l’aurais sans doute pas écrit de cette façon, mais il me semble que mon devoir de directeur est de protéger ce prêtre.
Voyant que je ne cédais pas, Mgr Simon a ensuite exigé le portable de Maximilien Bernard, qui n’est pour rien dans la mise en ligne de l’article de ce prêtre – comme un rapide coup d’œil permet de s’en apercevoir.
Pour que les choses soient parfaitement claires, je redis donc publiquement que, bien que je n’ai pris connaissance de cette affaire que tout récemment (peut-être l’ai-je connue à l’époque, mais j’avoue qu’elle m’était totalement sortie de la tête), j’assume seul – selon la législation en vigueur – la responsabilité de cet article et qu’il est hors de question que je “balance” ce prêtre, ni même mon ami et confrère Maximilien Bernard.
Je note, au passage, ce fait curieux. C’est un secret de polichinelle que l’association Croyances & Libertés a été lancée en 1997 par la CEF pour faire pièce à l’AGRIF, fondée elle en 1984, et empêcher que des laïcs catholiques jugés trop peu “convenables” soient seuls à lutter contre les offenses antichrétiennes devant les tribunaux. À ma connaissance, Croyances & Libertés n’a intenté que deux actions en justice – dont l’une, à la suite d’un compromis, n’est pas allée jusqu’au bout –, soit 30 ou 40 fois moins que l’AGRIF dans le même temps ! Je découvre, grâce à Mgr Simon, qu’elle a toujours une activité, mais c’est donc pour s’en prendre à un éditeur catholique et le forcer balancer le nom d’un prêtre catholique. Là encore, j’ignore s’il est vrai que cette association va se prêter à cette palinodie, mais, si ce l’était, ce ne serait assurément pas très glorieux. Si Croyances & Libertés est en manque d’idées pour défendre devant les tribunaux l’honneur et le respect dus aux catholiques sans cesse injuriés dans notre pays, je suis tout disposé à lui en fournir une abondante liste…
Quant à La Vie, si Mgr Simon imagine que la menace de publication d’un dossier sur mon compte est de nature à me terroriser, il ne doit pas lire fréquemment cet hebdomadaire. Tout récemment encore, nous y avons – non pas moi seul, mais bon nombre de “cathos identitaires”, selon la nouvelle lubie et le nouveau jargon à la mode – eu droit à un long dossier sur la menace que nous représenterions pour le christianisme. C’est cocasse : vous pouvez être communiste, islamiste ou Dieu sait quoi encore, rien ne saurait désarmer l’inoxydable capacité “d’accueil et de partage” des “catholiques de dialogue”. En revanche, soyez un catholique pas assez ceci ou trop cela, et on retrouvera aisément pour vous le manuel des excommunications ! J’attends de voir si La Vie osera se prêter à cette manœuvre, mais que Mgr Simon sache bien que dans cette affaire, comme dans tant d’autres, je ne lâcherai rien !
Guillaume de Thieulloy
Directeur de la publication
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