L’inénarrable Nicolas Senèze, correspondant de « La Croix » à Rome, dont on connaît le souverain mépris pour les cardinaux qui ont eu le front d’interroger le Pape à propos d’Amoris Laetitia, se préoccupe désormais d’un gigantesque complot « ultra-conservateur » contre le Pape François.
Je trouve admirable ce conspirationnisme des anti-complotistes !
Le plus amusant, c’est que Senèze s’est bien gardé d’exposer cette thèse aventurée dans le quotidien officieux de l’épiscopat – où il s’est « contenté » de relayer toutes sortes de calomnies sur Mgr Vigano, ainsi que plusieurs demi-vérités sur les réactions de l’Eglise américaine et de Rome à propos de la crise des prédateurs sexuels cléricaux, mêlées de vérités certaines sans rapport avec la question. Non, pour l’occasion, il s’est épanché dans pour l’AFP, organisme remarquablement compétent, comme chacun sait, sur les questions religieuses !
La dépêche en question, que l’on trouve sur les sites de tous les médias « mainstream » (voir, par exemple, ici ou là), cite Nicolas Senèze, parmi d’autres vaticanistes dits « progressistes ».
La tonalité est simple : Mgr Vigano est un archevêque conservateur ; le Pape est victime d’une cabale ultra-conservatrice ; cette cabale menace d’aller jusqu’à un schisme aux Etats-Unis ; toutes les personnes de bonne volonté sont donc invitées à ignorer le témoignage de Mgr Vigano. Fermez le ban !
M. Senèze est, comme il se doit pour un rédacteur aussi en vue, l’un des plus « modérés ». Il n’en dénonce pas moins l’« évidente volonté d’attaquer François ».
Cette volonté est tellement « évidente » dans le document de Vigano que les échanges avec le pontife actuel occupent moins de 10% dudit document.
Mais, surtout, M. Senèze ne semble même pas se rendre compte, en disant cette absurdité, que même les cardinaux les plus progressistes commencent à s’indigner du fait que les réformes morales et financières pour lesquelles le Pape François a été élu ne sont pas menées à bien. Que, trop souvent, au contraire, les mesures de bon sens prises par Benoît XVI ont été révoquées. Que le lobby gay, en particulier, semble n’avoir jamais été aussi puissant. Au point qu’une orgie, mêlant débauche homosexuelle et drogue à gogo, a pu avoir lieu dans le palais même du Saint-Office, où elle fut interrompue par la gendarmerie vaticane – et l’on apprend ces jours-ci que c’est pour loger le satrape en question, Mgr Capozzi, que le Pape avait refusé au cardinal Müller d’y loger l’un de ses collaborateurs qui y avait pourtant, semble-t-il, plus de titres et qui, du moins, aurait évité ce genre « d’incidents » qui fait légèrement désordre à quelques mètres de Saint-Pierre !
Ceux qui veulent en savoir davantage sur la réforme purement verbale du Pape François et de la déception générale que cause (« à droite comme à gauche », peut-on dire, si, comme M. Senèze ou comme l’AFP, on tient absolument aux étiquettes politiques), peuvent se reporter au livre passionnant d’Henry Sire, ancien historiographe de l’ordre de Malte à Rome : « Le Pape dictateur ».
Le chroniqueur religieux de « La Croix » ajoute : « On est passé à un stade supérieur : les gens qui pensent que François est dangereux pour l’Eglise n’ont plus de limites. »
J’avoue que cette déclaration m’est incompréhensible. Un stade supérieur à quoi ? Quel était le stade inférieur ? Qui sont ces gens dont il est question ? Que veut dire qu’ils n’aient plus de limites ? Il n’est pas certain, d’ailleurs, que cette phrase soit réellement destinée à signifier quoi que soit de concret. En tout cas, dans le contexte de la dépêche, on comprend que tous les « progressistes » – et, plus généralement, tous ceux qui ne sont pas « ultra-conservateurs », puisque tous les évêques américains sont sommés de défendre en bloc le Saint-Père – doivent d’urgence se porter au secours du Pape François menacé par des « ultra-conservateurs » sans scrupule, dont la haine pourrait les conduire au schisme.
Manque de chance pour M. Senèze et ses éminents confrères, le Pape lui-même nous demande avec insistance de rechercher, en particulier dans ce dossier sordide, la vérité, sans égard pour les fonctions les plus prestigieuses qui pourraient se trouver éclaboussées.
D’ailleurs, je ne comprends pas non plus ce que veut dire « défendre le Saint-Père » dans ce contexte. De deux choses, l’une. Soit le témoignage de Mgr Vigano est faux, au moins sur la partie qui concerne le Pape François, auquel cas celui-ci n’a besoin de personne. Il suffit qu’il produise les éléments qui improuvent le témoignage de l’ancien nonce. Mais si ce dernier est véridique, doit-on en déduire que Sénèze et ses petits camarades nous invitent à mentir ou à occulter la vérité – et en une matière aussi grave ?
On ne demande certes à personne d’apprécier la personne de Mgr Vigano, mais il n’est peut-être pas déraisonnable d’exiger des journalistes qu’ils fassent leur travail et regardent si les éléments donnés dans le témoignage circonstancié de l’ancien nonce à Washington sont vrais.
Il ne sert à rien de se draper dans la dignité d’une vertu outragée, de dénoncer un hypothétique « complot ultra-conservateur », ou de dire, comme le cardinal Cupich, que le réchauffement de la planète est une question plus importante.
La réalité, c’est que cette crise des prédateurs sexuels cléricaux est gravissime. Non seulement en soi, non seulement par ce qu’elle révèle sur les forces des ténèbres (notamment ici le lobby gay) agissant au sein même de l’Eglise, et au plus haut niveau, mais aussi parce qu’elle entache la crédibilité de l’Eglise et rend le message du Ressuscité inaudible. Nous avons, collectivement, le devoir de mettre les prédateurs hors d’état de nuire, de prendre soin des victimes, de leur rendre justice, d’éviter que de tels crimes se reproduisent et, pour cela, d’en finir avec la conspiration du silence. C’est à cela que nous invite Mgr Vigano – et cette invitation est, en particulier, un pressant devoir pour les journalistes.
Il y a longtemps que je ne lis plus ce torchon.
https://www.riposte-catholique.fr/perepiscopus/non-nachetez-pas-la-croix-meme-par-bonte-dame
Chers amis de RC
J’ai pris à cœur de défendre non pas Mgr Carlo Maria Vigano mais ce que je crois être en conscience bon et juste pour notre Eglise catholique et pour les victimes des prédateurs sexuels. Il existe un réseau gay dans notre Eglise catholique qui impose ses caprices et dont l’existence même est en contradiction avec le Magistère (Lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles). C’est grave comme je le soulignerai un peu plus loin dans ce court message. J’ai été excessif dans certains de mes propos. Je tenais à faire amende honorable. Sur le fond de mes propos, je ne retire rien, mais la forme était parfois excessive. J’en ai pris conscience, et c’est aussi mon chemin de conversion, en lisant cet extrait d’un article de La Nef :
L’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas celle qui prévaut dans une armée
Dans La Nef, Christophe Geoffroy évoque l’attitude du fidèle catholique envers le Saint-Père :
“[…] l’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas celle, inconditionnelle, qui prévaut dans une armée. L’Évangile forme des personnes libres qui, si elles ont le devoir de former leur intelligence et leur conscience, n’ont pas à être enrégimentées ni à se tenir au garde à vous. Si un problème sérieux se pose en conscience à l’égard d’un supérieur ou d’un enseignement, il est légitime de le faire connaître (cf. Can. 212 § 3). Mais pas n’importe comment ni à n’importe qui, la principale condition étant de ne jamais remettre en cause l’unité de l’Église ni le principe de l’autorité et le respect qui lui est dû. Face à des problèmes doctrinaux (dogme, morale) engageant le Magistère, comme les objections soulevées sur l’exhortation Amoris laetitia, il est juste et même nécessaire d’expliquer son incompréhension, mais on ne peut alors procéder que par questions en demandant à l’autorité compétente un éclaircissement, et non accuser le pape d’hérésie par voie de presse comme cela s’est malheureusement vu. Quand le pape émet un conseil ou un avis plus qu’un enseignement magistériel sur des sujets contingents (les questions qui n’engagent pas le salut, « politiques » le plus souvent), une réelle liberté d’appréciation est laissée aux fidèles, qui doivent néanmoins le recevoir avec respect et bienveillance. […]”
Enfin, mon combat n’est pas pour Mgr Vigano, mais pour la Vérité, qui n’est pas une idée, qui est un homme, notre Seigneur Jésus Christ. Il m’apparaît important de dire et de répéter à celles et ceux dans notre Eglise qui prennent des initiatives en contradiction avec la Sainte Ecriture, la Tradition et le Magistère vivant, que c’est grave, très grave pour leur salut éternel. C’est aussi remettre en cause ce que nos Pères dans la foi nous ont transmis à la suite du deuxième Concile du Vatican, par exemple ce dixième chapitre de Dei Verbum :
“La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ; en s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cf. Ac 2, 42 grec), si bien que, pour le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, un remarquable accord.
La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.”
Que notre Seigneur Jésus, que sa Très Sainte Mère, la Vierge Marie, que Saint Joseph et Saint Michel Archange, nous aident à vivre notre foi catholique dans l’amour et la vérité…
Le Pape est le Vicaire du Christ, successeur de Saint Pierre. Il n’est pas le successeur du Christ. C’est beaucoup plus qu’une nuance.
Le Pape doit confirmer les fidèles dans la foi, et donc être au service de la Vérité révélée dans les Ecritures et de la doctrine émanant de la Tradition.
Mais il ne peut interpréter la Tradition et les Ecritures contrairement à ses prédécesseurs… Et les fidèles ont la foi et la raison pour voir ce que dit le Pape à la lumière de ce que disent les Ecritures et la Tradition. De sorte que le fidèle doit se demander, s’il y a rupture, et non continuité, entre la doctrine professée universellement, c’est-à-dire partout et toujours au long des siècles, et ce que dit le Pape. Voilà pour la doctrine. Et rappelons que les quatre cardinaux qui ont rédigé les Dubia ont suivi tout le processus juridique et ont fait comme Saint Pierre et Saint Paul ont fait : parler personnellement, écrire personnellement, attendre, communiquer à un cercle restreint, publier enfin. Ne pas voir les choses dans leur simplicité s’apparente à de la mauvaise foi.
Quant à la question de gouvernement, il ne saurait dire et agir contre ce qu’il dit : il demande la transparence face à une secte qui semble être monté très haut dans l’Eglise. Il est le premier à devoir s’appliquer cette transparence. S’il a couvert une trentaine de cardinaux ou évêques hélas tombés très bas, il doit s’appliquer la même sanction qu’à McCarrick.
Il est à noter que son regard et l’expression de son visage invitent à la tendresse et au dialogue