Faire le meilleur choix ! Voilà bien ce que tout le monde espère lorsqu’il s’agit de prendre une décision. Qu’il s’agisse de discerner en vue de petites choses anodines et quotidiennes ou des grandes orientations de sa vie, comme d’actes plus graves socialement et politiquement, nous aimerions que nos actes soient les meilleurs possibles. En d’autres termes, nous espérons tendre vers le bien quand nous agissons. Toute la question est de savoir ce que nous définissons comme le bien, c’est-à-dire le but que nous recherchons. Et souvent nous tâtonnons, nous nous égarons, nous prenons des chemins de traverses avant de revenir dans la direction que nous souhaitions initialement.
On ne peut agir en vue du bien que si nous avons une idée du bien que nous voulons, sans quoi nos actions seront aléatoires, au mieux conjoncturelles. Faute de tendre vers le but fixé, qui pour nous est identifié comme un bien, nous risquons fort de tourner en rond et, finalement, de manquer le bien réel, celui qui en effet correspondra à la quête profonde que nous portons. Car il y a une adéquation intime entre la recherche du bien et la quête existentielle de l’Homme. Aussi la première étape, avant de poser un acte, est d’identifier le bien visé. Or ce bien comporte deux aspects qui sont les deux faces d’une même pièce. Le bien universel convient génériquement à toute l’humanité, comme manger, mais il s’incarne dans ce bien particulier qui est propre à chacun, à savoir manger à sa faim. Autrement dit, un bien particulier qui n’est pas aussi un bien universel ne convient à aucun homme.
Souvent, dans l’immédiateté et l’urgence de la vie, nous ne prenons pas le temps de discerner ce lien intrinsèque entre Bien universel et bien particulier, qui n’est autre que l’articulation entre égalité et équité. Les deux s’imbriquent nécessairement pourtant. Pour compliquer le discernement, les structures de péchés, les situations inextricables, nous mettent parfois dans l’incapacité de poser un acte pur de tout mal et nous avons l’impression de nous compromettre, voire de mal faire. Nous nous limitons, bon an mal an, au moindre mal, c’est-à-dire à limiter les dégâts.
Cette vision négative et étriquée renferme l’acte sur lui-même et place l’acteur dans une position de repli défensif. C’est voir l’action posée par les hommes comme une succession isolée d’actes discontinus et clos sur eux-mêmes, alors qu’ils sont une même dynamique en vue d’une fin. Aussi, la version positive du mieux possible rend-elle davantage compte de notre propre responsabilité, de notre liberté de choix et de notre désir de tendre vers le bien.
Le mieux possible est l’acte posé, non comme une fin en soi, mais comme une étape en vue du bien. Le mieux possible envisage l’action comme une dynamique progressive d’actes intermédiaires vers le bien. Compte tenu de l’état actuel d’une situation donnée, il est peut être impossible de rejoindre le bien en une fois. Mais l’acte que je choisis de poser est le meilleur possible pour y arriver. Ainsi le discernement pose notre propre responsabilité dans la construction en vue du bien. C’est une dynamique expansive qui donne un tout autre visage à la notion de compromis par exemple. Il est important, dans le monde politique et social actuel de garder toujours en ligne de mire le bien que nous voulons atteindre pour poser des « compromis » qui ne soient pas compromission, mais des étapes orientées vers le bien.
A cette lumière, chaque chrétien est capable de s’engager le mieux possible en refusant de subir le moindre mal. Ceci revient à transformer la spirale de repli sur soi en une dynamique d’expansion du Royaume. Et ceci nous est possible parce que ayant, par la Révélation, la connaissance du Bien et du mal, nous avons la possibilité d’arrêter la spirale du mal à chaque fois qu’elle se présente à nous.
Ça fait du bien de lire de bons éditoriaux qui recherchent, avant tout, un juste équilibre de notre foi et de nos sociétés, merci !